6ème festival kreol à Rodrigues

5 - 12 déc. 2004

SAJ : "Lang kreol pe pran plas ki li merite
dan nou sosyete"

 

Festival
Le couple Jugnauth entourant le chef commissaire Serge Clair lors de l'ouverture du 6ème festival kreol de Rodrigues.

Le sixième festival kreol de Rodrigues a officiellement démarré, dimanche après-midi, à Grand-Baie, petit village situé à quelques kilomètres de Port-Mathurin. Selon une tradition désormais établie, c'est le président de la République, sir Anerood Jugnauth, qui a procédé à cette ouverture qui a eu lieu lors d'une cérémonie suivie d'une série de manifestations culturelles, surtout musicales. Le président de la République a soutenu, lors de discours, que Langaz kreol pe pran plas ki li merite dan nou sosyete.

C'est dans le site magnifique du petit village de Grand-Baie, une immense plage bordée de filaos et encadrée de collines, qu'a eu lieu l'ouverture du festival en présence de personnalités locales, d'invités de Maurice et avec une forte participation populaire.

Dans son discours, sir Anerood Jugnauth a dit que Rodrigues ena enn plas spesyal dan mo leker e dan nou repiblik, avant de déclarer que ce festival constitue enn lokazyon pou reafirm nou lapartenans a kiltir kreolofonn et de rendre un hommage au sens de la créativité et de l'innovation des organisateurs. Le président de la République a rappelé les étapes, parfois difficiles, de l'évolution de la langue créole de la période de l'esclavage à nos jours. Il a souligné les efforts des linguistes, des universitaires et des militants de la langue créole grâce à qui lang kreol pe pran plas ki li merite dan nou sosyete, sans toutefois, souligne le président , ki nou negliz bann lezot lang.

Sir Anerood Jugnauth s'est félicité du thème choisi pour le festival 2004: Identité et creativité. Thème qui va permettre de prendre conscience que "la kiltir ek la lang bizin dinamik, bizin evolye san perdi rasinn, san bliye nou pase. Il a mis son auditoire en garde contre la world culture, la standardisation et les courants culturels dominants qui peuvent inflians nou manyer viv e fer nou perdi nou prop identite kiltirel e nasyonal. Avant de conclure, le président de la République a demandé aux organisateurs du festival d'inviter, pour la prochaine édition, les habitants des Chagos. Li inportan ki nou ofer zot enn platform pou ki zot exprim la rises kiltir sagosyenn. Dans le même souffle, SAJ a annoncé son intention de demander au ministre de la Culture de promouvoir la culture chagossienne et de la rendre plus visible.

Festival

Populaire

Avant le président de la République, plusieurs orateurs avaient pris la parole dont le ministre de Rodrigues, Prithviraj Putten; la Commissaire responsable de la Culture, Arlette Perrine Bégué, et le Chef commissaire, Serge Clair. Ces deux derniers orateurs ont rendu un vibrant hommage à sir Anerood Jugnauth pour l'intérêt particulier qu'il porte, depuis des années, au développement de Rodrigues, et ont situé l'importance du festival dans la vie des Rodriguais.

Organisé depuis six ans autour de la célébration de la Journée internationale de la langue créole, le festival de Rodrigues est rapidement devenu une très importante manifestation populaire avec une forte dimension culturelle. S'il a diminué en durée cette année - une semaine, au lieu de quinze jours - le festival est toujours aussi riche en termes de programmation. Au total, 250 artistes, une cinquantaine d'artisans, 30 villages et des centaines de volontaires participent à cette édition du festival. Pendant une semaine, ils s'exprimeront à travers la musique, la chanson, la danse, la gastronomie, la peinture, le théâtre, la mode et les contes.

Le festival 2004 sera également marqué par une série de conférences-débats sur l'harmonisation de la graphie créole, l'architecture tropicale et la jeunesse des îles face à la mondialisation. Le festival se terminera en apothéose, comme chaque année, avec le méga concert océan Indien qui aura lieu à Malabar, dimanche prochain. L'ensemble des artistes ayant participé au festival se produira sur scène en compagnie de quelques grosses pointures de la chanson des îles, dont l'incontournable Patrick Victor, le parrain du festival. Les années précédentes, le concert de clôture, qui est en fait une immense fête populaire, avait attiré plus de 18'000 spectateurs: en l'occurrence la moitié de la population rodriguaise. Ce qui donne une idée de l'importance de cette manifestation dans la vie rodriguaise.

Jean-Claude Antoine (De Rodrigues)

Clôture en apothéose à Malabar aujourd'hui

Festival kreol

 

La sixième édition du Festival Créole de Rodrigues s'achève ce dimanche, à Malabar, par le traditionnel concert de clôture qui va permettre aux artistes de Rodrigues de se mélanger à quelques grosses pointures de la chanson des îles. La fête musicale sera, promettent les organisateurs, grandiose et devrait attirer des milliers de spectateurs venant des quatre coins de l'île.

Inauguré dimanche dernier par un grand spectacle populaire à Grand Baie, le sixième festival créole s'est poursuivi pendant la semaine, à travers multiples activités culturelles dans tous les coins et recoins de Rodrigues. Eu égard au relief accidenté de Rodrigues, il ne s'agit pas, mais alors pas du tout, d'un simple jeu de mots. Ce festival, créé à l'origine pour célébrer la journée internationale du créole, est devenu au fil de ses éditions la plus grosse fête populaire rodriguaise de l'année et une activité qui prend de plus en plus une dimension touristique.

Pendant une semaine, il donne l'occasion aux Rodriguais de faire la démonstration d'une qualité que les Mauriciens ont perdue depuis longtemps: le sens de la fête et de la célébration populaire, tout en découvrant tout ce qui se fait de mieux au niveau culturel dans leur île et celles de leurs voisins.

Cette année, plus de 30 villages et des centaines de vrais volontaires - vrais dans le sens où ils ne touchent pas un seul sou des organisateurs, même pas une allocation de transport pour leurs déplacements - ont participé à son organisation et à la réalisation de sa programmation. 250 artistes et une cinquantaine d'artisans ont eu l'occasion de s'exprimer à travers la musique, la chanson, la danse, la peinture, le théâtre, la mode, la gastronomie et les "romances" et contes traditionnels.

Festival

Au niveau de la réflexion, une série de débats étaient également au programme sur les thèmes suivants: "la graphie de l'harmonie du créole"; "la création d'un musée de Rodrigues"; "l'architecture tropicale" et "les jeunes des îles face à la mondialisation". Les débats étaient passionnants pour la plupart et l'un deux a été marqué par un walk-out mérité: celui de l'ex-ministre Benoît Jolicœur, qui, au moment où l'on réfléchissait sur l'architecture créole, a quitté la salle où le débat avait lieu… en français !

Le programme du festival s'est déroulé à la rodriguaise, c'est-à-dire parfois avec un peu de retard sur les horaires officiels, mais toujours avec une spontanéité et une bonne humeur qui ont fait rapidement oublier ces entorses au protocole. C'est ainsi que lundi soir, le président de la République et lady Jugnauth, respectueux de l'horaire comme des monarchistes, ont été priés par les organisateurs de la soirée contes à Grande Montagne d'aller admirer la plage de Graviers, située quelques kilomètres plus loin, le temps que les conteurs et le public prennent place.

Par ailleurs, le lendemain, à La Ferme, au cours de Diaz dans Villaz, sir Anerood, qui ne devait pas prendre la parole selon le programme, s'est adressé à l'assistance tandis que le Chef Commissaire Serge Clair s'est même lancé dans une romance… seychelloise !

En ville, c'est-à-dire dans le centre de Port-Mathurin, les danses traditionnelles ont succédé aux artisans exposant leurs produits de vannerie et de broderie, ainsi que leurs mélanges parfois surprenants de piments avec les fruits et légumes confits de Rodrigues. Des artisans qui, eux mêmes, ont fait de la place aux peintres, tandis que les restaurants proposaient des menus typiquement rodriguais comme le carri de porc à la payaye, le bouillon de poisson blanc ou encore le carri poule la cour, servi sur du maïs concassé recouvert de haricots rouges, avec ce qu'il faut de piments écrasés et des petits limons.

Mais la vraie fête du festival, "la faya" comme on le dit volontiers à Rodrigues, celle que tous les Rodriguais attendent depuis un an, a lieu aujourd'hui, dimanche, avec le concert océan Indien, qui aura lieu de 14 à 21 heures à Malabar et qui devrait, comme les années précédentes, attirer plus de la moitié des habitants de l'île et les touristes ravis par l'ampleur de la fête. 250 artistes rodriguais - des accordéonistes aux danseurs de kotish et autres polka piqués en passant par les chanteurs de rap, de séga tambour et de séga moderne, de chansons d'amour et de raga made in Rodrigues - se produiront sur scène.

Évolueront à leurs côtés des chanteurs et des groupes reconnus dans l'océan Indien: Patrick Victor et Jenny Letourdie des Seychelles; le groupe Zeclair de La Réunion; Alain Ramanisum et ses musiciens de Maurice; une troupe folklorique malgache composée de huit musiciens, chanteurs et danseurs et quelques chanteurs rodriguais qui font carrière à Maurice, comme Rico Clair. Pendant huit heures ce dimanche, le cœur musical de l'océan Indien va battre une fois de plus à Rodrigues, dans un mélange harmonieux d'instruments, de rythmes et de voix des enfants des îles heureux de faire la fête ensemble.

Jean-Claude Antoine (De Rodrigues)

Festival kreol

Ce qu'ils ont dit:

A Rodrigues

Dans son discours, sir Anerood Jugnauth a dit que Rodrigues ena enn plas spesyal dan mo leker e dan nou repiblik, avant de déclarer que ce festival constitue enn lokazyon pou reafirm nou lapartenans a kiltir kreolofonn et de rendre un hommage au sens de la créativité et de l'innovation des organisateurs. Le président de la République a rappelé les étapes, parfois difficiles, de l'évolution de la langue créole de la période de l'esclavage à nos jours. Il a souligné les efforts des linguistes, des universitaires et des militants de la langue créole grâce à qui lang kreol pe pran plas ki li merite dan nou sosyete, sans toutefois, souligne le président, ki nou negliz bann lezot lang.

Sir Anerood Jugnauth s'est félicité du thème choisi pour le festival 2004: Identité et creativité. Thème qui va permettre de prendre conscience que "la kiltir ek la lang bizin dinamik, bizin evolye san perdi rasinn, san bliye nou pase. Il a mis son auditoire en garde contre la world culture, la standardisation et les courants culturels dominants qui peuvent inflians nou manyer viv e fer nou perdi nou prop identite kiltirel e nasyonal. Avant de conclure, le président de la République a demandé aux organisateurs du festival d'inviter, pour la prochaine édition, les habitants des Chagos. Li inportan ki nou ofer zot enn platform pou ki zot exprim la rises kiltir sagosyenn. Dans le même souffle, SAJ a annoncé son intention de demander au ministre de la Culture de promouvoir la culture chagossienne et de la rendre plus visible.

http://www.ipreunion.com/medias/a/chagos/chagos0001a.jpg
La chanteuse chagossienne Charlesia Alexis a été
à l'avant-plan du combat mené par le peuple chagossien
depuis son exil forcé à Maurice en 1967. Photo IMAZ PRESS

 Le drame des populations déportées des îles Diego Garcia, Peros Banhos et Salomon :
Un combat interminable contre les maîtres du monde.

 

Aux Seychelles:

Lors de son discours à l'Assemblée nationale des Seychelles dans la journée du 7.12.04, M. Bérenger, Premier ministre de Maurice, qui s'est exprimé en anglais et en créole, s'est appesanti sur le concept de la démocratie et le respect des institutions...

Au tout début de son intervention, le Premier ministre n'a pas caché son émotion en constatant la place de la langue créole aux Seychelles. "The Creole language in Mauritius will soon enjoy the same important status as in Seychelles ", a-t-il déclaré, en ajoutant que "Seychelles and Mauritius share a common history, common language and a deep bond of friendship that will reach new heights".