Proclamation.

Pour noirs esclaves dans Maurice

(Traduction en langue créole)

Premier texte officiel en créole mauricien, signé par le gouverneur Nicolay
et destiné à signifier aux esclaves l'abolition officielle sur tout le territoire.

 

Dépuis nous lé-Roi été nommé moi pour Gouvernère dans pays-ci, moi té content manière qui zautre, presque tous, été travaille, été vivre!

Moi té content, sirtout, quand moi té voir qui vous été amisé tranquiles zour bonne-année qui fini passé: sans tapaze, sans la guerre, sans trop boire; parcequé moi pour qui toujours ça va allé comme ça, et qui vous va mérité dibien qui lé Roi voulé faire avec zautres.

La mésire vous va gagné l’espris, qui vous va connais la Loi, vous va connais, aussi, qui tout di monde doit travaille, doit faire son l’ouvraze, doit sive l’ordre son chef: tout dimonde, quand même pitits, quand même grands, quand même riçes, quand même pauvre, doit travaille son métier ; parcequé bon Dié même été marqué nous pour ça ; parcequé Bon-Dié même été voulé qui tout di monde gagné, avec son l’ouvrage, ça que li y en a besoin ; et vous le-Roi, li même, la zournée travaille dans son l’esprit pour maziné ça qui capable faire vous di bien, ça qui capable rende vous content! Si nous n’a pas travaille, comment nous va gagné manzé? Comment nous va gagné la caze; comment nous va payé çiruzien quand nous malades; comment nous va nourri nous femmes, nous pitits, nous famille? Comment nous va gagné médecines pour nous pauvres enfants quand zautres y en a besoin? Dans tous pays ène noir bon sizet qui bien travaille la zournée pour son maître, sans voler, sans souler, sans la guerre, sans couri maron é qui, à soir tourné dans son la caze pour trouvé, tranquille, son femme, son zenfant, son camarades, celle-là li mérité pour lé-Roi guetté li comment dire son pitits… Celle-là li mérité pour appelé lé Roi son papa!

Tous noirs qui appellés domestiques, va vini libres tout à fait dans quatre bonne années, mais pendant ça tems là, zautres va doit servi bien zautres maîtres et faire tout l’ouvraze qui domestiques faire toujours.

Pour zautres n’a pas perdi l’arzent qui zautres capables gagné quand zautres travaille comment bon noir, nous va faire lève ène bireau ou, quand zautres voulé, vous va capables metté ça l’arzent là, pour zautres prend li quand va besoin.

Va y en a Zizes dans tous quartiers pour tendé vous maîtres quand son zapprentis va faire li tort ; et pour tendé zautres aussi, quand vous maîtres va faire vous tort. Ça Zizes-là Protectèrs pour zautres maîtres et Protectèrs pour zautres aussi et li va faire pini ça qui va mérité.- Ainsi, vous bien connais, moi fini bien parlé vous, qui faut qui zautres travaille bien comment bons noirs, sive bien l’ordre zautres maîtres, faire bien zautres l’ouvrage, pour vous maîtres n’a pas porté plainte avec zizes et faire vous pini- Quand la loi va sorti, vous va connais manière qui va pini vous, et vous va voir qui quand tous zautres camarades, qui été bons-sizets, va libres, tous ça qui été soulé, contents la guerre, tous ça qui été paresse, fronté, zouèrs lé va obligé travaille encore pour son maître.

Ainsi, moi engaze vous bien écouté mon paroles; travaillé bon cœur; vin pé mié qui l’autrefois; n’a pas écouté mauvais la bouçe qui va voulé dérange vous dans vous l’ouvraze, apprendre la religion pour vous vini Chrétiens, et faire vous maîtres contents, pour moi aussi content et pour qui moi faire tout ça qui moi capable pour voir zautres dans zautres bonher.

Port-Louis, Ile Maurice, 17 janvier 1835.

W. Nicolay