Ayiti

Education facteur No 1. du développement

Jean Erich René
 

Ecole haïtienne
Ecole en Haïti.© P. Giraud

Nous applaudissons vivement les démarches des responsables de l'Education Nationale auprès des Partis politiques afin d'intégrer l'éducation dans leurs programmes de Gouvernement. En effet notre retard est dû en grande partie à la faiblesse de notre technologie.

La performance de l'homme au travail dépend de ses qualifications. Sans des ouvriers compétents on ne peut pas augmenter la production. De toute urgence il faut réformer l'enseignement en Haïti afin de produire un nouveau type d'haïtien qui correspond mieux au profil du monde moderne. Face aux nouvelles exigences du marché international voué aux libres échanges, il n'y a pas de place pour l'amateurisme. Il nous faut un personnel vraiment compétent pour faire fasse à la rigueur de la concurrence internationale.

L'alphabétisation ne peut plus être considérée comme un slogan politique. Sans la scolarisation complète des enfants de 0 à 14 ans, l'alphabétisation est un faux fuyant et un cercle vicieux. Nous devons poursuivre avec les Projets d'Education No1 et No2 entamés il y a 30 ans sous l'égide de l'IPN/GREAL en collaboration avec l'UNESCO et la Fondation Care. Outre les nombreuses écoles primaires implantées dans nos sections rurales, les CINEC ont grandement contribué à initier nos jeunes paysans au monde du savoir.

Une masse analphabète n'est pas nécessairement un réservoir d'ouvriers. Elle constituerait une force pour l'avancement social et le progrès économique d'Haïti si et seulement si elle est initiée au monde du savoir et de la technologie.

Selon Harrod l'éducation est le facteur No1 du développement économique. Des études faites sur l'économie des quatre dragons de l'Asie ont prouvé l'importance de la connaissance que Harrod symbolise dans sa fonction de croissance par A initiale de l'expression anglaise Appropried Sciences ou sciences appliquées c'est à dire la technologie.

Voici l'équation qui définit clairement la croissance économique d'un pays compte tenu de son investissement dans l'augmentation de son capital et des dépenses consenties dans le secteur de l'Education:

    Y = Kαa(AL)1-αa
  • Y: représente la production nationale.
  • K: c'est le capital national c'est à dire nos biens, nos matériels, nos infrastructures.
  • a: représente la quantité d'argent investie par les dirigeants pour équiper la nation en vue de la production.
  • A: représente le niveau technique du pays ou encore la technologie disponible pour produire.
  • L: est l'initiale du mot anglais labor qui signifie travail.

En combinant A et L, l'expression (AL) traduit le rendement de chaque travailleur en fonction de la technologie en cours dans le pays. Il est clair que le rendement au travail d'un homme avec un tracteur est nettement supérieur à celui d'un ouvrier armé d'une pioche ou d'une machette.

Selon Harrod la production est une fonction pure et simple de la somme investie pour équiper la nation en matériels de production Kαa et du pourcentage du budget national consacré à l'éducation et à la recherche scientifique (AL)1-αa, afin de doter le pays d'une meilleure technologie.

Le différentiel de la fonction d'Harrod qui est une fonction exponentielle du type Cobb Douglass et de degré 1 c'est à dire une fonction de production homogène dont le rendement est croissant à l'échelle nous oblige à prendre son logarithme afin de la linéariser.

Y = Kαa(AL)1-αa

a devient :

log Y = log Kαa + log(AL)1-αa

ou encore

log Y = αa.log K + (1-αa) log AL

La dérivée de cette fonction est:

Y'/Y = αa.K'/K + (1-αa) A'/A

c'est la somme investie pour augmenter le capital national haïtien 1-αa représente le pourcentage du budget de la République d'Haïti affecté à l'Education Nationale. La dérivée de la fonction de croissance de Harrod nous permet de conclure que toute variation ou augmentation de la production nationale Y'/Y dépend de la quantité d'argent dépensée pour augmenter le Capital national αaK'/K et de la portion du budget qui est réservée à l'éducation pour élever le niveau technique de la population haïtienne (1-αa) A'/A.

Cette fonction d'Harrod et sa dérivée décrivent clairement la situation lamentable de l'économie haïtienne et notre sous développement chronique. Par leur obscurantisme mystificateur et réducteur, la plupart de nos chefs d'Etat plus intéressés aux luttes politiques, négligent d'augmenter le Capital National, le nombre d'écoles et la performance du programme scolaire.

Il devient impérieux pour les leaders politiques Haïtiens de faire de l'Education la priorité des priorités de leur programme de Gouvernement. Le hic c'est que certains d'entre eux n'ont même leur papier de baccalauréat première partie et ont opté pour l'Université du béton.

Messieurs les dirigeants de l'Education Nationale: "On ne peut jamais arriver à convaincre celui qui refuse d'entendre" nous dit Platon.

Selon le rapport mondial 2001 du PNUD sur le développement humain de Boeck University, Haïti accuse un indice technologique de 0,093 tandis que la Jamaïque a un indice technologique de 0,261 et la République Dominicaine un indice technologique de 0,244.

Seul un investissement massif dans le domaine de l'Education nous permettra d'arriver au développement économique d'Haïti par une augmentation de notre indice technologique. Mais il nous faut un délai de 25 ans.

Jean Erich René
mai 2005