Mois de l'histoire des noirs

Une barre d'outil traditionnel…
Favorise-t-il les faits culturels mieux
que les fleurons batisseurs ?

Marie Flore DOMOND

Affiche du Mois de l’Histoire des Noirs
Édition 2005
Œuvre artistique du peintre d’origine haïtienne
Benoît Anthony

Manifeste pathologie sensorielle, cette année encore je souffre du syndrome aigu de la confusion. Compressée sous la tension de moult réflexions relatives au Mois de l'Histoire des Noirs. Je me demande pourquoi ce fameux mois de février qui est dédié à notre race se positionne t-il au cœur de l'hiver, et se trouve être de la plus courte durée que les autres? Pourquoi le démarchage de la programmation est si restreint? Pourquoi cette impression persistante d'une approche trop superficielle? Pourquoi cet événement laisse pratiquement les grands médias de glace? Et quelle est la véritable marge de pouvoir de la Table ronde? La stagnation des activités qui tournent en grande majorité autour des artistes peintres et quelques autres artisans ne fait qu'affaiblir le tonus de l'événement. Intégrer une bourse substantielle, prestigieuse visant à soutenir et encourager les personnalités chevronnées autant que les jeunes talents de toutes les sphères serait plus équitable à mon avis.

Inventeurs et héros noirs Inventeurs et héros noirs

Œuvre de deux chercheurs historiens Paul Fehmiu Brown et Oumar Dioume.

boule

Présentation de la poésie haïtienne sur du rythme brésilien dans le cadre de l'événement

«Elle était née sur la grand-route
Dans les bras du soleil
Elle était née sur la grand-route
Bercée par le soleil.
Mais elle avait grandi autour de la chaumière
de la chaumière perchée sur la colline
elle avait grandi
autour des lopins plantés de pois congo
de pois congo que becquetaient les petits oiseaux
Quand elle eut seize ans
Quand elle cueillit seize étoiles…

Parce que la culture ne va pas sans concession
une concession de sa chair et de son sang
une concession de soi-même et des autres…

FACE À NUIT, Étincelles, 1945, (René Depestre).

L’écho creux de l'audiance de la communauté noire

Éric Komi Selom
Éric Komi Selom

Pour avoir été conviée au Centre AFRIKA par un des membres du groupe Échange Jeunesse, Éric Komi Selom, ce qui me paraissait anormal et dommage, c’est qu’à l’échelle de l’assemblée, la communauté noire demeurait encore en forte concentration en dépit que le coordonnateur de l’organisme soit un québécois «pure laine». A mon avis, une si belle activité ne devrait pas être seulement inscrite dans le champ d’action ethnique durant l’événement du mois de l’histoire des noirs quand on tient compte du thème « Une histoire de valeurs communes et de renouveau»

Une activité mensuelle renforcée par la diversité culturelle

Le 5 février 2005, une pléiade de citoyens de souche africaine et autres s’étaient réuni au CENTRE AFRIKA pour échanger des notions de culture mettant en relief les traits particuliers de leur origine. Ce dernier, que je considère comme étant le plus modéré du groupe a bien voulu témoigner des champs d’actions du ralliement des jeunes affilés à ce Centre culturel.

Q. Monsieur Selom, quels sont les objectifs du groupe Échange Jeunesse dans un contexte multiculturaliste?

R. En fait c’est un groupe qui existe depuis plusieurs années, le début a été une rencontre entre amis et avec le temps un esprit de friendship (amitié), de solidarité et d’acceptation de l’autre s’est développé. Car c’est un groupe qui est ouvert a tout le monde; on compte les africains, québécois et colombiens etc. Nous avons des rencontres ou des activités sur une base mensuelle au cours desquelles on discute de tous (social, culturel, politique, économie et surtout de l’actualité) les problèmes qui minent notre société, de ce fait un esprit d’engagement se développe chez les membres ou les invités qui participent a nos activités.

Q. Entant que membre du groupe Échange Jeunesse affilié au Centre Afrika combien d’activités prévoyez-vous dans le cadre du Mois de l’histoire des noirs ?

R. L’activité interculturelle du samedi le 5 février dernier est la seule activité du Groupe Jeunesse Échange dans le cadre des événements du mois de l’histoire des noirs étant donné que nous en organisons une chaque mois. Mais d’autres groupes qui fréquentent le Centre Afrika en organiseront de leur coté aussi. Même les deux personnalités noires (Madame Yolande James, 1ère députée noire à siéger à L’Assemblée nationale du Québec) et Monsieur Maka Koto, 1er député africain à siéger à Chambre des Communes à Ottawa) rencontreront la communauté noire dans le dit Centre de concert avec le RÉCOPAC (Réseau de Communication pour la Prévention des Actes Criminels).

Q. Que représente pour vous le Mois de l’histoire des noirs ?

R. Comme vous étiez présente lors de la soirée, vous avez pu constater que nous avons présenté pas moins de sept pays dont l’Algérie, le Burkina Faso, le Congo RDC, les Îles Comores, le Québec, le Sénégal, le Togo et notamment Haïti en poésie, le Brésil en musique. Ces pays ont été présentés dans leur aspect historique et culturel avec toute la richesse que cela comporte. C’est important que l’histoire et la culture de chaque peuple soient transmises afin de faire échec aux clichés persistants à l’égard des communautés visibles. La méconnaissance des uns et des autres crée sans doute des tensions au sien de la société. Ce genre de rencontre organisé régulièrement pourrait faciliter la cohabitation Multiethnique.

Si on passe en revue les grandes lignes de ces différents pays, on sait désormais que les Algériens ne sont pas des Arabes. Sous influence, ils ont étés contraint à des assimilations féroces. Ce qui engendre présentement une crise identitaire. Exposé par Sofiane Gana.

Le Congo est un pays déchiré par la guerre, mais qui a su conserver une influence musicale à toute épreuve. Présentation Frank Kayembe et Talent Hangi Bin.

Le Bukina Faso entent contrer et prévenir des conflits ethniques par le par le biais de l’humour. Ainsi, il est courant de voir des gens de régions différentes se moquer des uns et des autres Mutuellement. Déclaration de Lionel Kaoré, Irène Tapsoba, Rasmata Barry.

Îles Comores, est une société particulièrement matriachale. Lors d’une union conjugale, l’homme vient habité chez la femme. Communication de Saandya Allaou et amie.

Le Québec, quant à lui, a connu des périodes de colonisation néfaste à son évolution. Malgré tout, il a hérité des régions touristiques paradisiaques particulièrement le Saguenay Lac St Jean, Abitibi-Témiscaminque et la Gaspésie. Animation de Jean François Bégin, coordonnateur du Centre, Chantal Bernatchez et de Marc Boutin.

Le Sénégal vit une crise sociale qui force les femmes elles-mêmes à encourager la polygamie. Car le statut matrimonial pèse dans la balance de la réussite personnelle des individus. Présentation d’Abou Wane.

Le Togo, l’histoire culturelle ce pays repose sur une littérature orale entretenue par les griots. Ces derniers sont considérés comme la mémoire de leur village, un historien oral dont le rôle est de transmettre la culture en puisant dans les traditions ancestrales. De plus, on attribut un nom aux enfants selon leur journée de naissance. Toutes les filles nées un lundi se nomment Ajjo et tous les Garçons du même jour portent le nom de Kodjo. Exposé d’Éric Selom Agboka et Thomas Lero.

Q. Pour clore notre entretien Monsieur Selom, que pensez-vous du poème de l’écrivain Haïtien René Depestre sur l’oppression ?

R. Le poème très engagé et original. J'ai beaucoup lu des textes et écouté des pièces de théâtre sur la traite négrière et la colonisation. La plus part de temps, j’ai toujours eu la chair de poule et c’est la même réaction qui m’est arrivé la dernière fois. Le texte de l’auteur René Depestre est très original et surtout très fort en émotion.

En cet ordre du jour, il y avait un jeune artiste motivateur, originaire de La Côte d’Ivoire du nom de Fabrice Koffy et plusieurs diseuses de poésie telles Suzon Faustin, Saandiya Allaoui, Marie-Hélène Luly et Marie Yolande Dezane qui ont égayé et agrémenté la soirée.

Marie-Josèphe-Angélique
Marie-Josèphe Angélique par Paul Fehmiu Brown.