Nature et culture
dans les contes populaires du compère lapin
en Martinique

par Marcel GOLDENBERG

Parallèles, N°1, novembre, Fort-De-France, 1964, pp. 6-7, p. 30.

Lapin
Lapin, mosaïque romain, Basilique d'Aquileia,Italie. Photo F.P.

Les contes du compère Lapin participent de l'héritage des contes populaires français, des fabliaux au Roman de Renard et de l'héritage africain. Le Tigre comme son cousin Ysengrin représente avec l'éléphant et le Thon, gros animaux puissants et dédaigneux, le riche, le propriétaire, le maître, désarçonné par le petit animal intelligent et subtil: le lapin ou encore la bête à feu, la luciole: revanche de l'esclave ou de l'ouvrier agricole sur le commandeur et le possédant, comme Renard exprime la juste revanche du bourgeois et du paysan contre le seigneur dans la France du Moyen Âge.

Mais dans d'autres versions populaires, le compère Tigre représente beaucoup mieux, la Nature Sauvage, force impétueuse, effrayante même, qu'il importe de dominer mais aussi de s'approprier: s'approprier et utiliser la sève et l'énergie naturelle, les transformer par l'Art et la Culture.

Double préoccupation, qui est propre à l'homme Africain, comme le montre Marcel Griaule dans son livre sur l'art de l'Afrique Noire. C'est une Afrique vivante que nous propose le compère Zamba, l'éléphant venu tout droit de la forêt congolaise. Comme les contes du Lapin brésilien les contes martiniquais ont gardé beaucoup de souvenirs des contes bantous du Lapin africain.

Cependant, le sens profond de ces contes n'est pas à chercher en France métropolitaine, ou en Afrique, mais bien dans la terre et le peuple des Antilles. Comme le dit Lafcadio Hearn «ces jolies histoires (d'origine françaises ou africaines) ont été transformées par le Folklore des Antilles, qui les a adaptées à leur environnement et à l'idéalisme local».

Ces contes expriment les luttes des petits, des pauvres, des esclaves; «on a reconnu assez facilement le Noir sous la livrée extraordinairement ironique et méfiante du Lapin» écrit F. Fanon, luttes sur deux fronts: d'un côté la tentation de la Nature Sauvage, de l'autre contre le Travail et les règles forcés, la Loi des puissants de l'esclavage, cadre rigide, étroit, dessèchant, imposé, ensembles d'interdictions, d'obligations, qui ne laissent aucune part à l'initiative, à l'invention, à la Liberté.

LA DOMINATION DE LA NATURE SAUVAGE

Un conte, transcrit par Marie Berté dans son recueil Nouveaux Ombrages, nous apprend que le Tigre habitait autrefois la Martinique. Compère Lapin l'obligea, par ruse, à fuir vers la Guyane; et c'est le Lamentin ami de Lapin qui lui fit traverser la mer: «ce fut dans la forêt de Guyane que Compère Tigre se réfugia, avec Dame Tigresse, petits Tigres et les petites Tigresses y compris les neveux et petits cousins, tous vous dis-je, émigrèrent en Guyane.

«Voici donc la Martinique délivrée de ce rôdeur dangereux, qui hante les grands bois de la Nuit, et les rêves de l'homme; dans cette version Tigre représente sans doute la Nature Sauvage. Tigre réfugié dans la forêt guyanaise, se retrouve dans son élément, la brousse inextricable, où rien n'ordonne le jaillissement de la sève, Nature Sauvage que nulle règle, nulle contrainte ne pourra dompter. C'est par ruse, que Lapin chasse compère Tigre en Guyane: triomphe de l'ingéniosité et de l'intelligence sur la force brutale des instincts aveugles: «Tigre était puissant mais pas malin»; triomphe de la Culture sur la Nature.

Dans cette œuvre, Lapin est aidé par compère Lamentin, très populaire aux Antilles, où beaucoup de communes portent son nom. Mammifère proche de l'humain, Lamentin symbolise sans doute la force des instincts amis, fidèles alliés de l'intelligence de Lapin.

Un autre récit présente le rusé Lapin aux prises avec l'animalité sauvage. Lapin doit ramener au Lion, juge suprême, une griffe de Tigre, une dent de Caïman et un litre de lait de vache marronne. La griffe et la dent, armes répréhensibles du Tigre et du Caïman, sont considérées presque partout en Afrique, comme ayant un grand pouvoir magique; ce sont les talismans les plus répandus. En effet ces dépouilles confèrent à l'homme la puissance de l'animal; ces griffes et ces dents permettent à l'homme d'être aussi leste, aussi redoutable que le Tigre et le Caïman. Lapin ne repousse plus la force sauvage de la Nature au fond de la forêt guyanaise, il se l'approprie. Comme dans les légendes africaines mais aussi les mythes grecs, compère Lapin est le Héros civilisateur qui accomplit ses «Travaux d'Hercule»: domination et transformation de la Nature; la victoire de Lapin sur Tigre et Caïman ne s'accompagne pas d'une rupture entre Nature et Culture.

La sève naturelle viendra irriguer l'œuvre culturelle, la griffe ajoutera à l'intelligence du Lapin, la force du Tigre. Une dernière épreuve attend le rusé compère: se mesurer avec la tentation du Marronnage. Lapin doit recueillir un litre de lait «d'une vache marronne, bête libre, difficile à saisir». Ce n'est plus la confrontation avec la Nature originelle, mais avec la tentation du Retour Sauvage; la vache, animal déjà apprivoisé, abandonne sa prairie et son enclos, et retourne vivre dans la forêt, elle choisit le Marronnage (de l'espagnol cimarron qui signifie bien sauvage). Et là encore Lapin s'enrichit, à ce contact avec la vache rebelle; pas de heurts ni de rupture. Ce litre de lait que ramène le compère c'est l'aspect positif du marronnage, un gage de puissance venant d'un esclavage marron qui a eu l'audace de défier le maître, qui a eu le courage de risquer la torture ou la mort pour respirer l'acre parfum de Liberté.

Lapin est devenu puissant par affrontement même avec plus puissant que lui, Tigre, Caïman et la Vache révoltée. Aussi après avoir dominé la Nature Sauvage par la Ruse, et surmonté le désir de marronnage, le Compère s'opposera à la Loi du Maître.

LA LUTTE CONTRE LA CULTURE RÉGLEMENTÉE ET IMPOSÉE DES MAITRES

Dans ce même conte, Lapin a demandé au Lion de «remplir n'importe quelle tâche, mais de ne pas lui imposer la Loi du Travail»; et c'est justement pour obtenir cette liberté qu'il accomplit les épreuves signalées plus haut. La lutte contre la Nature désordonnée, est donc liée à la lutte contre cette dure loi imposée qui n'est autre que l'esclavage: quand Lapin dominera les risques sauvages de la Liberté, c'est alors seulement, qu'il sera délivré. Alors que Lapin défendait l'ingéniosité mais aussi le calcul contre le Tigre imprévoyant, le Compère défendra maintenant la fantaisie, l'imprévu, contre la triste règle de l'esclavage. Après avoir triomphé du Caïman, de la Vache marronne, trop libres, Lapin va défendre sa liberté contre les interdictions, les principes réguliers, les obligations, les étiquettes, qui sont autant de chaînes pour l'esclave.

Un autre récit, toujours transcrit par Marie Berté raconte comment Lapin vola de l'eau dans la citerne du roi Lion, malgré l'interdiction formelle. Compère Lapin se fit musicien pour tromper la vigilance des moutons qui gardaient l'eau. Pour refuser l'ordre du monde conçu par les maîtres et le Roi, Lapin a recours à l'arme de la fantaisie, de la musique et de la danse. Et, au seul rythme de la valse, au son du violon, voici les moutons qui abandonnent leur garde, et les ordres reçus. Ces moutons représentent certainement les esclaves soumis au maître, mais la musique les délivre eux aussi. Ils ne peuvent résister à ce chant de liberté:

«Le violon joua valse sur valse, les moutons firent tour sur tour, et, quand Lapin se mit à faire vibrer les biguines dans l'air parfumé de la nuit, les danseurs s'en donnèrent à cœur joie.»

Ce conte montre bien que la musique aux Antilles est une sorte de revanche de l'esclavage, puis de l'ouvrier agricole, contre la loi du maître, l'improvisation contre le cadre rigide des obligations, horaires, travaux réglés. Lorsque Dieu distribua les richesses aux hommes, dit un conte très connu en Martinique, le Blanc arriva le premier, sans traîner, sans musarder autour du chemin, et il reçut toutes les terres. Le mulâtre arriva avec un léger retard et ne reçut qu'une part de l'administration des domaines. Quant au Noir, il avait bien pris le temps de flâner, de chanter, de rêver, et lorsqu'il se présenta devant le tribunal céleste, les richesses étaient épuisées. On lui remit cependant un sac de toile rêche, qui contenait une houe, la condamnation aux travaux les plus rudes, mais aussi un tambour: instrument de liberté.

C'est aussi par le jeu, le fameux serbi de dé que Lapin triomphe des Puissants. Le Compère fait toujours onze, et gagne à tous les coups. Lapin est le Maître du Jeu; il commande le hasard que les Maîtres de la loi régulière et les commandeurs d'esclaves, n'avaient pas prévu dans leurs prescriptions, et qu'ils ne peuvent pas commander. Lapin fait alliance avec la fantaisie, l'imprévu, le hasard, que jamais aucun homme, fût-il riche et propriétaire, ne pourra enchaîner.

Lapin a joué face au Tigre le rôle du Héros civilisateur, il accepte: «N'importe quelle tâche plutôt que la Loi du Travail». Encore faut-il que cette tâche ne soit pas trop régulière, trop surveillée:

«Compère Lapin était malin, mais pas très travailleur (pas astreint au travail sans doute) et aimait à faire bonne chair sans se donner beaucoup de mal. Souvent la nuit, il allait ravager le jardin d'un riche propriétaire, et, bien entendu il déjouait toutes les surveillances». La lutte contre la Culture surveillée, prend aussi la forme de l'affrontement avec la personne du Maître. Nombreux sont les récits qui racontent les tours joués par Lapin à de gros animaux vaniteux, éléphant, baleine, thon. Leur Culture de la Vanité est une fausse Culture qui empêche de vivre vraiment. Le compère prendra donc facilement les Puissants à ce piège de la Vanité, comme dans le conte de la Baleine et de l'Eléphant (le Thon et l'Eléphant dans la version de Marie Berté). Le récit commence par une opposition entre la Culture libre du Lapin et la Culture réglementée de Compère Eléphant, à propos du problème démographique:

«A quelques temps de là, Compère Lapin, cherchant dans les bois de quoi donner à manger à ses petits lapinets, rencontra Compère Eléphant qui lui aussi se mit à se moquer de la progéniture (nombreuse) du héros de notre folklore.

— Mais mon cher, vous n'arriverez jamais à nourrir tout ce monde! Un si petit bonhomme!… Voyez! Moi qui suis un plus puissant personnage que vous, je n'ai qu'un héritier!

— Mes lapinets se contentent de ce que je peux leur donner, tandis que votre unique héritier aura probablement de jour en jour, de nouvelles exigences que vous ne pourrez pas satisfaire!

Contre la politique démographique Malthusienne des Maîtres, Lapin adopte la liberté de la conception. Ce texte est à mettre en relation avec la forte natalité des Antilles d'aujourd'hui, qui aurait ainsi pour origine une protestation contre les surveillances rigoureuses et les plans familiaux des possédants, alors que la Natalité sans frein est encore une affirmation de la Liberté de Lapin.

Humilié par les railleries du Ton et de l'Eléphant Lapin va les confondre et les ridiculiser dans leur vanité et leur avidité. Lapin triomphe par sa Culture libre.

Culture de l'Etre en mouvement, toujours renouvelée Par ses inventions, sa Culture Vivante, Lapin triomphera de la Culture de l'Avoir dédaigneux, Culture figée, protégée, enchaînée, Culture de l'oppression et de la Satisfaction des Commandeurs d'esclaves et des riches propriétaires. C'est ainsi que les contes montrent souvent Lapin attachant, liant, enchaînant, les gros animaux orgueilleux:

Les esclavagistes sont pris à leur propre piège de l'esclavage. Le maître voulait enchaîner l'esclave et c'est lui qui est enchaîné, pris dans le carcan de ses règlements, de ses principes, de ses interdictions.

«Compère Thon et Compère Eléphant, sont attachés l'un à l'autre, par une corde mahot (tressée par Lapin lui-même) encore plus solide que celle qui avait servi à ficeler Compère Tigre... La corde, déjà prête, attacha vite les deux puissants compères, s'ignorant l'un l'autre, chacun à un bout opposé.»

Quelle est maintenant l'attitude de Lapin envers le Roi Lion, qui représente certainement l'autorité suprême: le Gouvernement métropolitain. Le Compère ne suit pas toujours les ordres de Lion, comme dans le conte du Lapin Musicien, volant l'eau de l'étang royal. Mais Lion n'est jamais ridiculisé ouvertement, jamais ficelé ou enchaîné. Parfois même il est considéré comme un allié dans la lutte contre la règle des Maîtres: c'est Lion qui dispense Lapin de «La Loi du Travail».

Ce conte est sans doute, la version populaire de l'Abolition de l'esclavage par le Gouvernement de la Seconde République. Mais dans presque tous les récits, ce Lion, ce Gouvernement au-dessus des querelles entre Compères, est toujours lointain. Lapin ne connaît Lion que de réputation, ou encore par des intermédiaires. Aussi malgré le respect dont Lion est toujours entouré Lapin ne suivra pas ses Lois en général et s'opposera à ses délégués et ses gardes, comme le Cheval ou à ses sujets trop disciplinés comme les moutons.

LA CULTURE POPULAIRE DU COMPÈRE LAPIN :

Les contes, comme les danses et les quimbois dans l'ensemble de la Culture populaire martiniquaise, sont nés au temps de l'esclavage, et expriment donc la réaction des, esclaves, leur défense contre les maîtres, une réponse au «défi» de l'esclavage. Lapin a cristallisé les désirs de libération des esclaves et leur refus de l'univers des commandeurs et des grandes plantations du travail forcé. Lapin a joué le rôle pour la Martinique d'une sorte de TOUSSAINT LOUVERTURE au petit pied. Mais malgré ce climat de lutte et d'opposition, Lapin propose un équilibre précieux entre la Nature trop sauvage et le marronnage, d'une part, et la Culture trop réglementée, de l'autre, extrêmes dont sait bien se garder l'espiègle Compère.

Le temps de l'esclavage est révolu; que devient aujourd'hui, plus d'un siècle après l'abolition, la Culture du Compère Lapin? Il est difficile de dater exactement les contes, mais il est fort possible que des contes anciens aient été repris, réadaptés et soient plus l'écho de problèmes et de préoccupations actuelles, que d'attitudes du passé. De toutes façons, certains contes anciens ou modernes insistent sur le danger de trop grande indépendance ou paresse du Lapin: la révolte contre la Loi du Maître aboutit dans certaines versions, à la révolte contre toute Loi:

«Mais allez parler d'économie à Compère Lapin! Peine perdue! Il se moquait pas mal de cette vertu triste, et son humeur indépendante lui inspirait au contraire mille tentations de gaspillage.»

Dans d'autres récits encore, Lapin refuse systématiquement tout travail. Par exemple, il n'acceptera de travailler qu'une seule journée: gagner un peu d'argent pour pouvoir acheter un fusil qui lui permettra de Tuer le Travail. Faut-il conclure à la Paresse antillaise, à ce parfum d'anarchie dénoncé par la plupart des entrepreneurs, des contremaîtres, des administrateurs? Sans doute et les Cômpères Lapin sont aujourd'hui nombreux dans nos écoles et nos lycées. Mais croyons aussi, la sagesse populaire: si Lapin refuse de travailler, n'est-ce point parce qu'il a compris que le dur travail qui lui est imparti, ne lui profitera pas vraiment; et soyons sûrs que Lapin reconnaîtra ses torts quand on lui offrira un emploi régulier et suffisamment bien rémunéré. Et nos Compères Lapins, qui ricanent au fond des classes de nos écoles qui refusent l'ordre scolaire ont-ils donc tout à fait tort? Ce que nous leur apprenons n'est-il pas souvent coupé de la vie, atteint par la poussière livresque? N'en doutons pas: c'est un Compère Lapin qui a écrit le célèbre poème: «Non je ne veux pas aller à l'école des Blancs». C'est la tâche des administrateurs et des professeurs de donner tort au compère Lapin de lui apprendre à accepter et à s'exprimer par le travail, en lui fournissant justement un travail digne de son génie de sa poésie de son rythme et de sa fantaisie. Et lorsqu'un professeur au lieu de toujours parler de Neige, de printemps, de guerres de successions d'Espagne ou d'autres Kamchatkas, accepte d'enseigner l'agriculture de la Martinique, les flamboyants, Joseph Zobel, l'odeur de canne, alors soyons sûrs que les compères Lapins qui dessinaient leurs rêves sur d'innommables brouillons, travailleront eux aussi.

Et cette méfiance du rusé Compère envers toute culture trop réglée, consignée, surveillée, ne s'adresse-t-elle pas justement à notre Culture Universitaire trop souvent enfermée dans ses principes, ses livres et ses jugements?

Ecoutons le message du Majolé qui raconte les ruses du Compère Lapin dans les veillées funèbres, ce message qui ressemble étrangement au Montaigne de nos études. Voici venir le Majolé, il a mis des lunettes sans verres; il tient un gros livre à l'envers; il a pris un air docte et savant; il nous renvoie le ridicule de notre intellectualisme, de nos livres morts; il nous retourne l'image grimaçante de notre culture littéraire métropolitaine. A nous enseignants qui croyions avoir beaucoup à lui apprendre, c'est le Majolé, c'est le Compère Lapin, c'est le peuple des paysans et des pêcheurs martiniquais qui nous donne une leçon de fantaisie et de Vie.

BIBLIOGRAPHIE

  • Marie BERTÉ. — Nouveaux Ombrages - Sous les filaos.
     
  • T. GEORGEL. — Contes et légendes des Antilles.
     
  • THOMAREL. — Contes -et paysages de la Martinique.
     
  • C. LÉVI-STRAUSS. — Nature et Culture dans l'œuvre de C. LÉVI-STRAUSS.

L'étude de Marcel Goldemberg a été publiée par le Cahier du Centre d'Etudes Régionales et comporte de notre part deux remarques:

  1. Il semble selon Marcel Goldemberg que Lapin adopte la Liberté de la conception contre la politique démographique des maîtres.
     
    Or, il nous apparaît que pendant la période esclavagiste le contraire se serait passé dans toutes les îles de la Caraïbe. Celles-ci ont possédé leurs fermes ou des femmes et hommes de couleur étaient réunis dans le seul but de faire le plus d'enfants possible afin d'augmenter le nombre de la population esclave.
     
    Par ailleurs on connaît plus d'un fait démontrant la volonté des esclaves de ne pas avoir d'enfants et, le père Du Tertre raconte l'histoire de cette Vierge des îles qui habitait la Guadeloupe et qui ne voulut jamais se marier pour ne pas engendrer des enfants qui auraient été des esclaves.
     
  2. L'allusion faite par Marcel Goldemberg à la paresse antillaise mérite un plus grand développement car il serait plus logique de relier ce défaut au système de nourriture et au métabolisme basal des Tropiques que Josue de Castro a brillamment exposé dans sa «Géographie de la faim».