Maurice Bricault, Contes créoles illustrés,
textes bilingues créoles-français, Paris, Agence de Coopération
Culturelle et Technique, 1976, 75 p.

Conte de Grenade

Hache
Photo F.P.

Boug la é moulin a

Yan boug i ay nan bwa an chaché. Mintnan i kay lachas nan bwa. Inbin, i vini pèdi an mitan bwa. I ba sav soti déhò. Inbin, i ka domi lasou yan pyébwa, yan kòlché. É yan jou oswè i couché, i kay fé an wev. Yo di-i i kay soti, mé lè i ka soti pwémyé sa i kay jwinn sé yan hach.

— Pwan hach la alé épi i.

Lè i wivé pli lwin, i kay jwinn épi yan gwo wòs.

— Pwan hach la, casé wòs la.

Lè i casé wòs la, i kay twouvé yan moulin, é moulin sa a tout sa i mandé moulin, i kay twouvé i. Épi i alé épi moulin a. I vini moulin a i chanté ba i. Sé chanté a i ka chanté a:

«Moulin, mwin ka mandé, moulin, mwin ka mandé».

Con sa i tòni lò. Tou sa i vlé i ka twouvé i. I tòni lò é i vini wich.

Inbin, i ni sèvant la ka vòlé. Yon sé sèvant li vòlé moulin a. I batché abò stima ka alé Afwikin. Lè i ka alé, yo vini yo matché sel. Sel yo fini nan stima. La ni sel ancò pyes. Sel fini.

I catchilé tou sa i mandé moulin a, moulin a ka fé i. I mandé moulin a pou tòni sel ba i. Moulin a coumansé tòni sel. Tout lacal, tout touloùn na stima plin. I tòni sel jisan stima a coulé.

Sé sa ka fé glo nan lamè salé jis jodi.


boule

Le chasseur et son moulin

C'est l'histoire d'un homme qui est allé dans un bois. Il se prend dans le bois pour chasser. Arrivé au milieu du bois, il perd son chemin.

Il ne sait plus comment s'en sortir. Alors il décide de dormir au pied d'un arbre. Ce soir-là, il fait un rêve.

Dans son rêve, on lui dit qu'il sortira du bois et que la première chose qu'il rencontrera sera une hache. Il doit la prendre et poursuivre son chemin. Plus loin sur sa route, il se trouve devant une grosse roche qu'il lui faut casser avec sa hache. En cassant ses désirs. Il part donc avec son moulin, en lui fredonnant une chanson.

Il chante:

«Moulin, je te demande ceci; moulin, je te demande cela.»

Il obtient ainsi de l'or du moulin. En vérité, il obtient tout ce qu'il demande. Avec son or, il est devenu un homme riche.

Il engage des domestiques à son service. Mais ceux-ci cherchent à le voler. L'un d'eux réussit à voler le précieux moulin et s'embarque sur un «steamer»  (bateau) à destination de l'Afrique.

Durant le trajet, le sel vient à manquer à bord du bateau. Plus un seul grain de sel pour l'équipage. Le domestique pense alors au moulin qui a le pouvoir de tout lui trouver. Il lui demande donc de faire du sel.

Et le moulin commence à faire du sel. Il en fait tellement que toute la cale, toutes les cabines du bateau en sont remplies. Tellement que le bateau même coule au fond de l'eau.

Voilà pourquoi, encore aujourd'hui, l'eau de mer est salée.