1. Bouki
Bouki, Lapin et Tortue ont commencé 'ne 'tite recolte ensemb'.
Pendant que les aut'es travaillaient, Lapin était plus smatte. I faisait 'n cri.
Bouki y a d'mandé qui c'est il avait à crier. Lapin a dit c'était que qu'in
(quelqu'un) qu'il l'appelait pour êt'e parrain. Lapin a été, mais c'était pour
boire dans 'n "can" de sirop qu'il avait au bout du rang.
Quand Lapin est r'venu Bouki y a d'mandé si il avait baptisé l'enfant et
comment il l'avait nommé.
I dit i l'avait nommé "Commencer."
Tout à l'heure Lapin a crié encore. Bouki y a d'mandé qui c'est il avait à
crier comme ça. Mais Lapin dit c'est in aut'e baptême. Quand il est revenu
Bouki y a demandé comment il s'nommait, Lapin répond : "moitié." 'N bout
après ça Lapin a crié pour la troisième fois. C'était in aut'e baptême. Quand
il est r'venu Bou
ki y a demandé comment il appelait çula. Lapin dit "Fini."
Lapin avait fini d'boire l'sirop.
2. Lapin
Lapin volait les légumes à Bouki. Ça fait Bouki a mis 'n piège
dans son jardin pour attraper Lapin. Quand Lapin était pris dans l'piège, il a
d'mandé pardon. Bouki a pas voulu pardonner. Il a allumé 'n gros feu pour
brûler Lapin, il a d'mandé à Lapin pour sa punition 'quelle il aimait mieux :
êt'e jeté dans la tale d'éronces ou dans l'feu. Lapin a dit il aimait mieux l'feu
parce que les éronces étaient trop mauvaises, i grafignaient trop. Alors Bouki
l'a envoyé. "Su' dans mon pays." (a dit Lapin).
3. Tortue1
La Tortue venait voler l'eau à Bouki avec sa calbasse tous les
soirs. A (elle) disait "Caba du l'eau !" Quand Bouki s'est aperçu il a mis 'n
nègre de godron au puits.
La Tortue est venue, a dit "Bonjou', nègre." Il a pas répond. A dit "J'va
d'flanquer 'ne tape." La patte a resté collée. A dit "Lâche-mon, j'va t'donner
'ne aut'e tape si tu lâches pas." A y
a donné 'ne aut'e tape et l'aut'e main a
collé. "Lâche-mon, a dit, j'va t'donner 'n coup d'tête." A y a donné 'n coup
d'tête, tout était collé.
Bouki est venu lendemain matin, il a trouvé la tortue. I dit "Ah ! c'est toi
que volait mon eau, à c't heure j'va t'punir'." Il y a donné l'choix dans les
pénitences. 'Ne chaudière d'eau bouillante, ou dans la rivière. Al a dit dans la
chaudière d'eau bouillante parce que ça l'aurait néyée trop vite dans la rivière.
Bouki a dit "Non, dans la rivière." Mais quand al était dans la rivière al a
crié qu'al était dans son pays.
4. L'ours affamé2
'N ours 'ne fois passait à côté d'n bois creux, il a r'gardé
et trouvé 'n nid d'roitelets avec cinq 'tits roitelets dedans. I dit : "Ça vaut pas
la peine."Quand la maman est r'venue les 'tits roitelets y ont dit ça l'ours avait dit.
Al a dit i fallait i r'prend ça. Al a rattrapé l'ours et y a dit qu'i fallait qu'il
r'prend ça qu'il avait dit.
La roitelet a proposé 'ne bataille. Il y
a d'mandé si al était parée. A y a dit
non i fallait al invite les bêtes qui volaient et que lui il avait pour inviter
les bêtes qui marchaient.
Ils ont pris chacun d'leur côté: l'ours, l'lapin, l'renard, cont'e la roitelet, la
guêpe, et les bourdons. L'lapin était d'vant et a d'mandé au renard pour 'n
"flag" i voulait pour aller en guerre. L'renard a répond qu'il aurait pris sa
queue pour 'n flag. La queue en haut voulait dire "bataille," la queue en bas
"arrêtez." Lapin était pas boucoup content d'ça, mais il a accepté quand même.
I sont rendus au champ d'bataille et la guêpe a proposé au renard, premier,
l'renard a dit ses conditions et la bataille a commencé. La troisième fois la
guêpe l'a piqué il a baissé la queue et la bataille était finie.
L'ours a r'pris c'qu'il avait dit et la roitelet a emporté la victoire.
- (1, 2, 3, 4) contés par Emanuel Moras, de Marksville, décédé septembre
1947 à l'âge de 85 ans.
- Variantes: Marius
Barbeau, "La fable de l'ours et du renard," Journal
of American Folklore, XXIX, 113. Elsie Clews Parsons, 173, "Playing God-
father," in A. Trinidad, Folk-lore of the Antilles, French and English (American
Folklore Society), Part II, p. 19.
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