I - ORIENTATIONS GÉNÉRALES
L'enseignement de la langue régionale dispensé sous la forme bilingue
à parité horaire contribue au développement des capacités intellectuelles,
linguistiques et culturelles. Tout en permettant la transmission
des langues régionales, il conforte l'apprentissage du français
et prépare les élèves à l'apprentissage d'autres langues.
Son objectif premier est de permettre aux élèves, par une pratique
plus intensive de la langue régionale au travers d'un horaire renforcé
et d'un enseignement dans la langue régionale, d'atteindre un niveau
de communication et d'expression orale et écrite plus performant,
et de s'ouvrir aux divers aspects des réalités culturelles véhiculées
par cette langue.
Dans certaines régions, que leur situation géographique place dans
une position particulière, l'enseignement bilingue sera aussi le
vecteur d'une politique d'ouverture vers la langue et la culture
voisines en favorisant plus particulièrement une politique d'échanges
entre établissements scolaires et le renforcement des solidarités
entre les régions européennes.
De même, la parenté linguistique de certaines langues régionales
avec des langues étrangères, comme les communautés linguistiques
transfrontalières, est susceptible d'être exploitée et de donner
lieu à une réflexion sur la langue de nature à faciliter l'apprentissage
ultérieur d'autres langues vivantes.
Préalablement à sa mise en œuvre, l'enseignement bilingue en créole
fera l'objet d'une réflexion pour mieux adapter l'enseignement dispensé
à ses spécificités.
II - ORGANISATION DES ENSEIGNEMENTS
1 - À l'école primaire
a) Implantation des sites
bilingues
La création d'un site bilingue doit être envisagée en harmonie avec
la carte prospective des implantations d'un enseignement de langue
régionale, quelle que soit la modalité, à l'école et au collège,
et dans le cadre d'une programmation pluriannuelle.
La carte départementale et académique des sites bilingues sera progressivement
construite pour assurer de façon cohérente la continuité et le développement
de l'enseignement bilingue.
Avant toute décision de création, il convient de s'assurer de l'existence
d'une demande parentale et de recueillir l'avis de la collectivité
locale. Le projet de création fera l'objet d'une concertation entre
tous les partenaires concernés. Parents, enseignants et municipalité
doivent être bien informés des objectifs de l'enseignement bilingue
et du fonctionnement d'une école à double cursus. Leur adhésion
au projet, que les autorités académiques s'emploieront à rechercher,
est une des conditions de sa réussite. Une information approfondie
sera donc menée par les conseillers pédagogiques ou, à défaut, les
maîtres-formateurs et maîtres-itinérants de la langue régionale,
l'inspecteur de la circonscription et le chargé de mission académique
de langue et culture régionales. Le projet est ensuite présenté
au conseil d'école qui émet un avis.
La demande de création du site bilingue, où figurent la liste des
parents intéressés et l'avis de la commune, est ensuite transmise
par la voie de l'inspecteur chargé de la circonscription à l'inspecteur
d'académie, directeur des services départementaux de l'éducation
nationale qui prend la décision en accord avec le recteur.
Les inspecteurs d'académie, auxquels il revient de s'assurer que
l'ensemble des conditions énoncées ci-dessus se trouvent effectivement
réalisées, veilleront avec la plus grande attention à la cohérence
dans le département de l'ensemble des sites bilingues.
De même que la précocité à l'entrée dans le cursus d'enseignement
bilingue constitue un facteur important de réussite pour permettre
aux élèves de bénéficier des apports intellectuels, éducatifs, linguistiques
et culturels du bilinguisme, la continuité du cursus bilingue au
collège et au lycée doit être organisée dans le cadre de la carte
de l'enseignement bilingue arrêtée par les autorités académiques.
Les règles définies pour ce mode d'enseignement obéissent aux principes
généraux suivants.
b) Principes et modalités
d'organisation
L'enseignement bilingue à parité horaire commence à l'école maternelle,
dès la petite ou moyenne section, et se poursuit à l'école élémentaire.
La langue régionale y est à la fois langue enseignée et langue d'enseignement
dans plusieurs domaines d'activité et d'apprentissage.
L'enseignement bilingue à parité se définit par un enseignement
à parité horaire en langue régionale et en langue française avec
une répartition équilibrée pendant la semaine de classe, soit, selon
que la semaine comprend 24 h ou 26 h :
- 12 ou 13 heures en langue française ;
- 12 ou 13 heures en langue régionale.
Le temps consacré aux langues vivantes étrangères est décompté également
du temps d'enseignement en français et du temps d'enseignement en
langue régionale.
Il appartiendra aux inspecteurs d'académie, directeurs des services
départementaux de l'éducation nationale, de veiller à l'efficacité
de cet enseignement bilingue et à sa cohérence avec les objectifs
et les programmes nationaux.
Lorsque les conditions permettent d'intensifier l'enseignement et
la pratique de la langue régionale dans la vie de la classe et de
l'école, des formes d'enseignement plus intensives pourront être
envisagées, dans le cadre du projet de l'école.
De manière générale, l'enseignement bilingue à parité peut être
organisé selon deux modalités, un enseignant- une langue mais aussi
un enseignant-une classe, deux langues.
Dans le premier cas, deux maîtres se partagent le temps d'enseignement
: l'un prend en charge l'enseignement en français, l'autre l'enseignement
en langue régionale. Il appartient alors au binôme d'enseignants
de définir de manière concertée son intervention pédagogique auprès
des élèves.
Dans le second cas, le même maître assure la totalité des enseignements,
y compris ceux consacrés à la langue régionale.
Le mode d'organisation adopté devra être choisi dans le cadre du
projet d'école présenté à l'inspecteur d'académie, directeur des
services départementaux de l'éducation nationale.
En outre, l'existence dans un même site d'un double cursus (monolingue
et bilingue), doit favoriser la réalisation d'une meilleure articulation
de ces deux voies dans un même projet d'école.
Une organisation en section ou en classe
Dans un site bilingue, l'enseignement est organisé en sections ou
classes, en fonction des effectifs respectifs des deux voies, du
nombre de classes et des choix pédagogiques des équipes concernées.
La décision est prise en conseil des maîtres. La classe bilingue
est constituée d'élèves qui suivent tous l'enseignement bilingue.
La section bilingue regroupe, pour les activités en langue régionale,
des élèves qui suivent l'enseignement bilingue. Ils viennent d'une
ou plusieurs classes composées, pour les activités en français,
d'élèves monolingues et bilingues.
Une classe ou une section bilingue peut regrouper des élèves de
niveaux différents.
L'alternance des enseignements
La période d'alternance minimale des enseignements en français et
en langue régionale est fondée sur la demi-journée.
Le projet d'école devra favoriser l'organisation d'activités communes
associant l'ensemble des élèves de l'école.
c) Objectifs linguistiques
de l'enseignement bilingue
Dans l'enseignement bilingue, la construction des apprentissages
disciplinaires et la maîtrise progressive de la langue seconde sont
indissociables. Les observations issues de la diversité des situations
et des évaluations menées dans les classes ont mis en évidence la
nécessité de définir des repères de compétences en langue régionale
pour chacun des principaux paliers du système éducatif.
Dans l'immédiat, les objectifs généraux suivants peuvent être formulés.
À l'issue de l'école maternelle, il est souhaitable que les enfants
sachent s'exprimer, à l'oral, dans la langue régionale, de façon
compatible avec les intérêts et l'expérience d'enfants de leur âge.
À la fin du CM2, les compétences seront du même ordre, sinon de
la même ampleur, que celles acquises en français. Elles seront mises
en relation avec celles définies pour les cycles à l'école primaire
par les programmes officiels.
Les objectifs linguistiques visent trois domaines de compétences,
le but de chacun des cycles de la scolarité étant de les perfectionner
progressivement :
- les compétences de communication ;
- les compétences linguistiques ou langagières, compétences de production
orale, de lecture et d'élaboration d'écrits ;
- les compétences relatives au fonctionnement de la langue ou compétences
métalinguistiques.
Ces compétences se développent par paliers et de manière concomitante
dans les deux langues.
Les compétences de communication
Le but de l'enseignement bilingue est d'amener progressivement les
élèves à utiliser la langue régionale ou le français avec leurs
pairs du même âge, mais aussi avec les adultes, dans l'école et
dans le milieu familial et social. L'interaction verbale entre l'enfant
et autrui (maître, interlocuteurs enfants et adultes) dans la vie
de l'école et les activités de la classe, dans le milieu familial
et social, est à la fois l'objectif et le moteur de cet apprentissage.
Le maître doit permettre à l'enfant de comprendre que les moyens
de réaliser concrètement la communication varient selon les situations
et les contextes : ils ne sont pas les mêmes dans la classe ou sur
le terrain de jeux. Le maître lui apporte en situation le matériau
linguistique approprié. Actif dans la vie scolaire, l'enfant y assume
des responsabilités, explique ses actions, apprend à écouter le
point de vue de l'autre.
À l'issue de l'école maternelle, les enfants devront être capables
de tenir le rôle d'interlocuteur dans différents types de conversation
en langue régionale, de maintenir le contact avec leur partenaire,
de le comprendre, de se faire comprendre de lui, de coopérer et
de collaborer avec lui pour produire du sens.
Le passage d'une langue à l'autre, loin de constituer une erreur
qu'il faudrait sanctionner, sera accepté comme l'indice d'une bilingualité
en construction, marquée par la coexistence, dans la pratique linguistique
du même individu, de formes différentes issues de codes différents.
Chaque fois qu'il le jugera opportun, le maître aidera l'enfant
en reformulant correctement son message et en lui demandant de le
reprendre. Il valorisera l'entraide mutuelle, les efforts et les
réussites.
Au cours du cycle 2 et en tout cas au cours du cycle 3, l'enseignant
sera attentif à compléter la démarche d'imprégnation par une démarche
structurée et contrastée d'apprentissage de la langue prenant appui
sur l'inventaire des difficultés. Il utilisera les progressions
linguistiques, outils pédagogiques et manuels de langue mis à sa
disposition par le dispositif pédagogique d'aide décrit dans le
chapitre IV.
Les compétences linguistiques et langagières
Dès le plus jeune âge, l'enfant découvre, par la pratique orale,
des textes variés : comptines et chansons, contes et récits, recettes,
albums de fiction ou documentaires... C'est sur cette connaissance
qu'il construira l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.
Au cours des trois cycles, les élèves s'approprient et utilisent
les matériaux linguistiques qui traduisent au mieux ce qu'ils veulent
exprimer, dans les différentes fonctions du langage (par exemple
: décrire des situations, raconter des événements, exposer un point
de vue ou un raisonnement, faire un compte rendu, questionner, ...).
La découverte de l'écrit fait partie des objectifs de l'école maternelle.
Il est donc essentiel que, dès la maternelle, l'enfant soit mis
en présence d'écrits significatifs et fonctionnels dans les deux
langues. L'expérience prouve que, dans l'enseignement bilingue,
le savoir-lire se développe de manière parallèle dans les deux langues.
Les élèves seront incités à transposer leurs activités de lecture
d'une langue à l'autre. En même temps qu'ils apprennent à lire en
français, ou selon un décalage temporel avec l'apprentissage du
français écrit, les enfants seront incités à transférer leurs acquis
à la lecture de textes en langue régionale de difficultés graduées.
A travers des exercices réguliers, le savoir-lire en langue régionale
sera étendu à toute la typologie des textes pratiqués en français.
La BCD de l'école et les coins de lecture ou d'écoute des classes
offriront une diversité de ressources en langue régionale : albums,
livres et revues destinés aux enfants, mais également cassettes,
vidéos, CD ou cédéroms...
La maîtrise de l'écrit, sous la forme de production de textes, s'effectuera
progressivement, selon les mêmes types d'activités que celles qui
sont conduites en français. À l'école maternelle et au début du
cycle II, par la dictée à l'adulte, chaque enfant sera en situation
de garder des traces écrites de son désir de communiquer. Ensuite,
les élèves seront invités à produire une variété de textes en fonction
des domaines d'apprentissage : comptes rendus d'activités ou d'expériences,
résumés, récits, justification de ses réponses en mathématiques
ou solution à un problème, etc. La maîtrise de l'orthographe se
fera selon une progression identique à celle qui prévaut en français
et selon des approches méthodologiques semblables.
Les compétences métalinguistiques
L'accès aux premières "compétences métalinguistiques"
commence lorsque les élèves, guidés par le maître ou spontanément,
font leurs premières observations sur les productions orales. Elles
renforceront, à la manière d'une grammaire implicite, la prise de
conscience et la maîtrise progressive du code oral puis écrit. Au
cycle III, ces compétences se construisent en parallèle en français
et dans la langue régionale. Les relations entre langues sont utilisées
pour structurer et renforcer les acquisitions.
d) Recommandations pédagogiques
Une pédagogie active
Pour atteindre les objectifs de langue orale qui ont été énoncés,
les enseignants devront mettre en œuvre une pédagogie active telle
que la formulent les programmes officiels de l'école primaire. C'est
d'autant plus important qu'il s'agit de développer les compétences
orales dans deux langues dont les niveaux de départ sont bien différents,
le français étant généralement langue maternelle et la langue régionale
une seconde langue peu ou pas connue des élèves.
En maternelle, il conviendra de diversifier les stratégies permettant
de développer la compréhension et l'expression : le jeu, le mime,
la mise en situation, le dessin, l'illustration. L'acquisition de
la langue dépend étroitement de la richesse des expériences faites
et de multiplication des occasions de les relater par le langage,
mais aussi de toutes les occasions d'exprimer des points de vue,
d'interroger, de participer à l'élaboration de projets, d'apprendre
des comptines ou des chansons, d'écouter des textes lus par le maître,
etc. Les enseignants privilégieront les activités motivantes dans
lesquelles le contexte facilite la compréhension des consignes.
L'observation montre en effet que l'enfant de 3 ans a besoin en
général d'un long temps d'imprégnation, estimé à 12, voire à 18
mois, avant de réutiliser, même de manière approximative, les énoncés
entendus. L'enseignant accompagne l"étrangeté linguistique"
du début en portant beaucoup d'attention aux élèves : il crée la
confiance par une proximité et des stratégies appropriées à l'enseignement
en langue seconde.
À l'école élémentaire, on cherchera à multiplier les situations
de communication. Les enseignants veilleront à créer dans la classe
des échanges interactifs entre élèves, lors de la résolution d'une
situation-problème, d'un exposé de démarche, pour la mise en œuvre
d'un projet, au cours de jeux de rôles, et par des situations où
s'exerce la pratique orale : récit, conte, exposé, présentation
de livre...
D'une façon générale, l'enseignant s'assure en permanence que les
élèves comprennent les consignes et les tâches demandées, ainsi
que les interventions et les exposés de leurs pairs. Il aide les
élèves à s'exprimer en langue régionale dans les diverses situations
de communication de la classe en leur apportant, au moyen de reformulations
discrètes, les instruments linguistiques dont ils ont besoin (mots,
constructions...). Il leur demande de reprendre si la communication
n'en est pas interrompue. Il diffère à un moment ultérieur, pour
un travail spécifique de langue, la consolidation d'une structure,
d'une conjugaison. Par les aides qu'ils sollicitent ou s'apportent
mutuellement dans l'expression au cours des activités de la classe,
par les progrès qu'ils sont amenés à réaliser, les élèves prennent
conscience qu'ils sont acteurs aussi bien de l'acquisition de la
langue que de l'acquisition des savoirs. Des rencontres avec des
locuteurs de la langue régionale seront organisées.
De même, les activités de production d'écrits s'inscrivent dans
des stratégies de communication authentiques qui motivent le désir
d'être compris et justifient les efforts demandés par le maître
pour améliorer les réalisations ; les correspondances entre écoles
qui pratiquent une même langue, sous forme traditionnelle ou sous
forme électronique, sont à favoriser autant que possible.
Une démarche d'apprentissage progressif
Il est évident que cet apprentissage progressif est marqué par la
présence d'une "interlangue" dans laquelle l'enfant produit
des énoncés inachevés, inaccomplis, encore relativement distants
de la langue-cible, où s'entremêlent les deux codes linguistiques.
L'interférence est une étape normale dans le processus d'apprentissage
: le maître valorise la compréhension et propose une reformulation
afin d'assurer la communication.
Une grande sérénité par rapport aux erreurs, des reformulations
précises et opportunes pour rétablir le modèle de langue, une valorisation
de l'autocorrection mettront l'élève en confiance et lui donneront
les moyens de mieux s'exprimer. L'objectif final est de lui permettre
d'accéder à la maîtrise parallèle des deux codes avec un minimum
d'interférences entre eux.
L'enfant apprend la langue en la pratiquant. Il a besoin de produire
des énoncés en mobilisant ses acquis. Mais l'acquisition de la seconde
langue suppose aussi des phases de structuration et d'exercices
plus systématiques qui permettent de fixer des acquisitions.
Le maître se référera aux compétences dans le domaine de langue
définies pour le cycle des apprentissages fondamentaux et le cycle
des approfondissements, en procédant aux adaptations que nécessite
le contexte de langue seconde.
Une démarche coordonnée et comparative
La concertation entre l'enseignant de français et l'enseignant de
langue régionale quand ils sont distincts est indispensable pour
harmoniser l'étude de notions ou de faits de langue communs. En
effet, malgré la différence de niveau de pratique des deux langues,
les modalités d'apprentissage et de structuration du français et
de la langue régionale se ressemblent par moments, s'interpénètrent
et peuvent se compléter. Les acquis, notamment au niveau métalinguistique,
sont transférables d'une langue à l'autre.
Les maîtres de l'enseignement bilingue intégreront aussi à leur
stratégie pédagogique l'apprentissage de la langue étrangère en
cycle 3. L'apprentissage continu de la langue cible fait l'objet
d'évaluations régulières pour éviter que ne perdurent des formes
imparfaites de langue.
e) Évaluation
Les maîtres procéderont à des évaluations régulières du français
et des contenus disciplinaires ; ils pourront s'inspirer des outils
actuellement diffusés par la direction de la programmation et du
développement qui seront complétés ultérieurement par des outils
spécifiques. Les évaluations des acquis dans les disciplines enseignées
en langue régionale seront dissociées de l'évaluation des compétences
linguistiques et pourront être faites dans l'une ou l'autre langue,
ou en alternance, à partir du cycle 3. Outre les évaluations existantes,
les maîtres procéderont aux évaluations des langues régionales en
s'appuyant sur les outils diffusés.
2 - Au collège
L'ensemble des formes d'enseignement bilingue qu'un arrêté inscrira
dans un cadre réglementaire, se poursuit dans le second degré de
la manière suivante.
Dans le prolongement de l'enseignement à parité dispensé dans les
écoles et de manière à en assurer la continuité nécessaire, des
sections "langues régionales" sont mises en place au collège.
Leur implantation doit s'effectuer dans le cadre d'un bassin de
formation en étroite articulation avec le réseau d'écoles assurant
ce type d'enseignement.
Ces sections permettent une intensification de la pratique de la
langue régionale déjà acquise à l'école et l'approfondissement de
la culture propre à la région de diffusion de la langue dans ses
diverses composantes littéraires, historiques, géographiques et
artistiques.
Leur fonctionnement s'inscrit dans le cadre du projet d'établissement.
Elles s'adressent en priorité aux élèves ayant déjà suivi un cursus
bilingue mais peuvent être ouvertes sous certaines conditions à
d'autres élèves, qui auront au préalable fait la preuve des compétences
linguistiques nécessaires à leur admission dans ces sections.
Ces sections offrent un enseignement de langue et culture régionales
de trois heures hebdomadaires minimum et un enseignement d'une ou
de plusieurs disciplines dans la langue régionale permettant d'atteindre
progressivement un enseignement à parité en français et en langue
régionale.
En fonction des évolutions qui interviendront dans les enseignements
de langue régionale à l'école, ou plus généralement dans l'organisation
du collège, la structure des enseignements dispensés dans ces sections
sera susceptible de faire l'objet de compléments ultérieurs.
Les enseignements dispensés dans ces sections feront l'objet d'une
validation au diplôme national du brevet, dans le cadre d'un dispositif
réglementaire à élaborer en référence à la réforme du brevet prévue
dans le cadre de la rénovation du collège.
3 - Au lycée et au lycée professionnel
Dans le prolongement des sections au collège et selon des dispositions
identiques, leur ouverture en lycée pourra être envisagée dans le
cadre des projets d'établissement. Elles pourront connaître des
évolutions identiques à celles susceptibles d'affecter les sections
fonctionnant au collège. Dans certains cas la poursuite de la scolarité
pourra avantageusement être organisée dans des sections européennes
à objectifs spécifiques.
Les enseignements dispensés dans ces sections feront l'objet d'une
validation au diplôme du baccalauréat général, du baccalauréat technologique
et du baccalauréat professionnel, dans le cadre d'un dispositif
réglementaire à élaborer selon des modalités inspirées par celles
prévues pour l'indication "section européenne" sur ces
diplômes.
III - RECRUTEMENT ET FORMATION DES MAÎTRES
Dans une structure bilingue, l'enseignement de la langue régionale
et en langue régionale doit être confié à des enseignants qualifiés
:
- soit des instituteurs ou professeurs des écoles dont les compétences
linguistiques et pédagogiques auront été attestées à l'issue de
la formation initiale ou dans le cadre de la formation continue,
par une commission ad hoc réunie au plan départemental ou académique
;
- soit des professeurs des écoles, recrutés à l'issue du concours
spécial de professeurs des écoles et dont la formation aura été
validée.
L'affectation des enseignants est prononcée par l'inspecteur d'académie,
directeur des services départementaux de l'éducation nationale,
après consultation des instances paritaires.
Auprès de chaque inspecteur d'académie, directeur des services départementaux
de l'éducation nationale, un inspecteur chargé de circonscription
assure la coordination et le suivi de l'enseignement de langue régionale,
en liaison avec l'inspecteur d'académie, inspecteur pédagogique
régional ou le chargé d'inspection pédagogique régionale.
1 - Formation initiale
Dès la rentrée 2001 et sans préjudice des dispositions à venir
dans le cadre de la réforme de la formation initiale, l'IUFM organisera,
en deuxième année, pour les professeurs stagiaires volontaires ayant
une bonne connaissance de la langue, un module spécifique, constitutif
d'une dominante pour l'enseignement de la langue régionale et en
langue régionale. Cette formation comprendra :
- un renforcement linguistique ;
- un séminaire sur le bilinguisme en milieu scolaire et sur les
autres formes de bilinguisme et leurs évaluations ;
- une formation didactique dans les disciplines enseignées en langue
régionale axée sur les relations entre langue et discipline ;
- la préparation d'un mémoire professionnel sur l'enseignement de
la langue régionale ou sur l'enseignement bilingue dont la présentation
et la discussion devront être faites en langue régionale ;
- un stage de pratique accompagnée dans une classe utilisant la
langue régionale comme langue d'enseignement ;
- une formation à l'utilisation des ressources documentaires multimédias,
et à la production d'outils.
À partir de 2002, des professeurs des écoles appelés à enseigner
dans des classes bilingues seront recrutés à l'issue d'un concours
spécial dont les épreuves favoriseront la prise en compte des compétences
acquises dans la langue au cours de leur scolarité. Les professeurs
des écoles stagiaires devront bénéficier, en deuxième année d'IUFM,
d'une formation professionnelle adaptée à l'exercice en classe bilingue.
Les textes définissant les modalités de ce concours spécial seront
publiés dans le courant de l'année 2001.
2 - Formation continue
En liaison avec les inspecteurs d'académie, directeurs des services
départementaux de l'éducation nationale, et la mission d'inspection
pédagogique régionale en langue régionale, il sera proposé chaque
année dans le cadre du plan académique de formation :
- au moins un stage interdépartemental pour les enseignants de langue
régionale des sites bilingues et, selon le thème, pour leurs collègues
de français, ainsi qu'un stage pour les formateurs et maîtres itinérants
dans une perspective d'échange et d'harmonisation académiques ;
- des recherches-formations sur des thèmes relatifs à l'enseignement
bilingue tels que les moyens de développer les interactions langagières,
les démarches de structuration des deux langues, la diversification
des stratégies de compréhension et les interactions entre l'apprentissage
du français et celui de la langue régionale.
Des postes de maîtres formateurs en classe bilingue seront progressivement
créés pour contribuer à la formation initiale et continue. De même
les enseignants débutants des classes bilingues bénéficieront des
dispositions spécifiques prévues pour l'accompagnement des premières
années de métier.
3 - Aide pédagogique à l'école primaire
Les écoles des sites bilingues et leurs enseignants bénéficient
du soutien des inspecteurs de circonscription, de leurs équipes
et, plus particulièrement pour la langue régionale, de l'aide des
conseillers pédagogiques et des maîtres-formateurs du département.
L'emploi d'assistantes maternelles (ATSEM) bilingues pourra être
conseillé aux municipalités.
IV - DISPOSITIF D'ACCOMPAGNEMENT
1 - Matériel pédagogique
La production et la diffusion de matériel pédagogique adapté aux
sections bilingues sont coordonnées par la mission d'inspection
pédagogique régionale en langue régionale en liaison avec le conseil
académique des langues et cultures régionales, le centre régional
de documentation pédagogique, les collectivités territoriales intéressées.
2 - Liaison avec un environnement adapté
La présence de la langue régionale dans la vie de la classe, de
l'école ou de l'établissement et de leur environnement est une condition
du succès d'un site bilingue. Elle peut être assurée dans l'école
par l'affichage, l'utilisation des médias, l'enrichissement de la
documentation (BCD, coins de lecture et d'écoute) par des ouvrages,
revues enfantines et albums en langue régionale.
L'intervention de locuteurs en langue régionale, la correspondance,
les sorties, les manifestations culturelles, les "classes de
découverte" seront autant d'occasions d'imprégnation linguistique,
d'ouverture et d'échanges motivants.
Dans les régions où la langue régionale bénéficie d'une extension
transfrontalière, seront encouragés les échanges et les séjours
d'immersion, individuels et collectifs, voire selon l'âge des élèves,
les stages en entreprises.
L'école encouragera la pratique familiale de la langue régionale
afin de soutenir le projet bilingue.
Pour faciliter la mise en œuvre de l'enseignement bilingue, les
collectivités locales pourront contribuer à l'équipement des écoles
et des établissements en matériel (livres, matériel audiovisuel...),
ainsi qu'en salles spécialisées et soutenir les échanges scolaires.
Enfin il est important d'insister sur certaines initiatives qu'il
convient de prendre pour créer les conditions les plus favorables
au développement de l'enseignement bilingue :
- tout d'abord informer les familles, les enseignants et les collectivités
locales sur la légitimité, l'intérêt et les modalités de l'enseignement
bilingue : un document sera proposé et diffusé à cet effet dans
chaque académie ;
- valoriser le travail des enseignants ;
- rechercher de nouveaux sites : dans les secteurs des collèges
où existe déjà un enseignement bilingue, on proposera l'ouverture
de nouvelles sections pour consolider l'ensemble du cursus, assurer
la continuité dans de bonnes conditions ainsi que la cohérence de
la carte de l'enseignement bilingue ; cette démarche devrait permettre
de résorber les discontinuités dans la carte académique des sites
;
- d'une manière générale, le soutien des collectivités territoriales
susceptibles d'être intéressées par la promotion de la langue et
de la culture régionales sera recherché.
Le développement ainsi souhaité de l'enseignement bilingue contribuera
au renouvellement et à une meilleure attractivité de l'enseignement
des langues régionales. Il est aussi un moyen de mieux inscrire
la pratique de ces langues dans la vie quotidienne des élèves.
Il constitue également une modalité privilégiée pour installer et
consolider durablement l'enseignement des langues régionales. C'est
pourquoi je vous invite, avec les personnels concernés, à apporter
à la mise en œuvre de ce volet du programme de développement de
l'enseignement des langues et cultures régionales toute la volonté
nécessaire. Je vous en remercie par avance.
Pour le ministre de l'éducation nationale
et par délégation,
Le directeur de l'enseignement scolaire
Jean-Paul de GAUDEMAR
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