Introduction
Jai souhaité vous rencontrer aujourdhui pour
vous présenter un ensemble de mesures en faveur de lenseignement
des langues régionales. Dabord, je dois vous rappeler
que javais annoncé, lors de la rentrée scolaire,
ce dossier comme un des chantiers de lannée, il est
donc normal dy revenir.
Depuis, plus de deux siècles, les pouvoirs politiques ont
combattu les langues régionales. Certes, la République
a accompli une uvre considérable : la maîtrise
de la langue française par le peuple, le recul des obscurantismes
et de l'ignorance. Fallait-il pour cela nier les réalités
culturelles et linguistiques de nos régions, au prix de la
disparition de certaines d'entre elles ?
Je suis vous le savez, un militant de toujours des langues et cultures
régionales. Une langue, quel que soit son nombre de locuteurs
est un trésor humain et sa disparition ampute le patrimoine
de l'humanité.
La reconnaissance des langues et cultures régionales est
le fruit dune longue marche. Depuis un peu plus de trente
ans, les appels, les prises de position d'intellectuels, d'artistes
se sont multipliés. Les résistances n'ont pas été
moins nombreuses.
Les prises de position de François Mitterand, dès
les années 70, ont été déterminantes.
Des premières décisions furent prises dès 1982
: les circulaires d'Alain Savary, le rapport Giordan commandé
par le ministère de la Culture.
La mise en place, à mon initiative, en 1985, d'un Conseil
National des Langues et Cultures Régionales qui est devenu
aujourd'hui le Haut Conseil des Langues et Cultures de France.
La loi du 10 juillet 1989 mise en uvre par Lionel Jospin qui
dispose que la formation assurée dans les écoles,
collèges, lycées et les établissements denseignement
supérieur, peut comprendre un enseignement, à
tous les niveaux de langues et cultures régionales ,
sont autant d'avancées .
En mappuyant sur cette loi d'orientation, javais, lors
de mon premier passage dans ce ministère, relancé
cet enseignement.
Ce combat a été mené sur un triple front Éducation,
Culture, Audiovisuel.
Lexemple de la Bretagne est emblématique. La place
du breton dans lÉducation, la Culture et lAudiovisuel
sy est développée parallèlement.
La mise en place, à partir de 1984, dun enseignement
de musique bretonne, qui est aujourdhui présent dans
la majorité des écoles nationales de musique, lémergence
du Festival interceltique vont dans ce sens. Il y a eu, à
la fois la défense dune musique traditionnelle, mais
aussi la création et la diffusion dune musique bretonne
du XXIème siècle. Il sagit bien dune culture
vivante et non pas dun simple folklore.
Sur le plan audiovisuel, on mesure le chemin parcouru de la minute
trente de programme à la fin des année 70, à
TV Breizh, aujourdhui. Là encore, des technologies
nouvelles comme le numérique permettent la diffusion de programmes
bilingues, ce qui était impensable il y a 20 ans.
Dès son arrivée aux responsabilités lors du
sommet du Conseil de lEurope en octobre 1997, Lionel Jospin
a évoqué : plus que jamais, en cette fin du
XXème siècle qui voit se développer la mondialisation
des échanges et la globalisation de léconomie,
lEurope a besoin daffirmer son identité qui est
faite de la diversité de son patrimoine linguistique et culturel.
A cet égard, les langues et cultures régionales méritent,
de notre part, une attention particulière : nous devons les
préserver et les faire vivre.
Aujourd'hui, il s'agit de franchir un nouveau cap et d'affirmer
une ambition plus forte. C'est le sens des nouvelles orientations
que je vous annoncerai, après vous avoir présenté
un état des lieux de l'enseignement des langues régionales.
Viré
monté
Un état des lieux de l'enseignement
des langues et cultures régionales
L'enseignement des langues régionales est déjà
une réalité dans notre système éducatif.
Aujourd'hui, plus de 152 557 élèves des écoles,
collèges et lycées publics et privés sous contrat
reçoivent un enseignement de langues et cultures régionales.
L'occitan langue d'oc avec plus de 71 912 élèves continue
de demeurer la langue la plus répandue dans les trois niveaux
d'enseignement, suivi par le corse avec 27 857 élèves,
le breton
Cet enseignement est en progression continue. Ceci est vrai
pour l'ensemble des langues et pour chaque niveau d'enseignement.
En deux ans, depuis l'année scolaire 1998-1999, nous avons
2 191 élèves de plus pour le basque, 3 116 pour le
breton, 6 243 pour le corse et 393 pour le catalan.
C'est dans le premier degré que cette progression est
la plus significative: plus 1896 élèves pour le
basque, plus 1742 pour le breton, plus 4473 pour le corse, plus
1308 pour les langues régionales d'alsace, plus 1821 élèves
pour celles des pays mosellans.
La progression en second degré marque la volonté
forte de l'éducation nationale d'assurer une poursuite de
scolarité cohérente pour ceux qui ont suivi un enseignement
de langue et culture régionales dans le premier degré.
On peut citer à titre d'exemple, l'effort pour l'enseignement
du breton au collège avec plus 1005 élèves,
ou encore l'occitan avec plus 3097 élèves et le corse
avec 1167 élèves.
Enfin, et c'est nouveau, cet enseignement se développe dans
les lycées, même si nous n'en sommes qu'aux prémices.
On compte 369 élèves pour le breton, 245 pour le basque,
103 pour le corse.
Je souhaite attirer l'attention dans ce bilan sur des langues régionales
peu enseignées, mais pour lesquelles, une demande des familles
existent. Je pense au francique en Moselle, au franco-provençal
en Savoie et flamand néerlandais dans le Nord. Ces langues
méritent elles aussi notre attention.
L'enseignement bilingue occupe une grande place dans cette progression.
En effet, le nombre d'élèves qui suit cet enseignement
a progressé de près de 25 % dans le premier degré
et il a été multiplié par deux dans le second
degré, ces deux dernières années.
Ainsi, 25 200 élèves suivent cet enseignement dans
le premier degré et 3 337 dans le second degré.
Ce développement très important des effectifs bilingues
du premier degré traduit, à ce niveau, à la
fois une forte aspiration des familles pour ce type d'enseignement,
en même temps qu'une réponse attentive des autorités
académiques à cette demande. Ce développement
confirme la volonté ministérielle de faire de ce mode
d'enseignement le vecteur privilégié de l'apprentissage
des langues et cultures régionales. Les dispositions
qui seront prises pour améliorer la formation des professeurs
des écoles affectés dans les écoles dispensant
un enseignement bilingue, et ainsi mieux accompagner le développement
des sites bilingues, s'inscrivent dans cette perspective.
Par langue concernée pour ce mode d'enseignement, la situation
s'établit ainsi :
- Le basque, le breton et les langues régionales d'Alsace
et des pays mosellans représentent les effectifs les
plus importants, et pour le breton et le basque (la situation
spécifique des langues d'Alsace et des pays mosellans les
mettant un peu à part), les progressions les plus fortes,
même si une tendance à un développement des
enseignements bilingues dans le premier degré se fait jour
pour l'occitan, langue d'oc.
- Pour le basque et le breton, l'enseignement bilingue est
proposé dans l'ensemble de ses modalités d'apprentissage,
soit dans l'enseignement public et confessionnel privé sous
contrat selon la parité horaire avec le français,
soit dans le réseau des écoles associatives, elles
aussi sous contrat avec l'État, selon la méthode pédagogique
dite de l'immersion.
Au-delà de ce bilan, il faut maintenant franchir une
nouvelle étape pour cet enseignement et c'est le sens des
mesures que je souhaite prendre.
Viré
monté
Une nouvelle étape dans l'enseignement
des langues régionales
A) Un cadre réglementaire entièrement
nouveau
Il se traduira par la présentation le 3 mai devant le Conseil
supérieur de l'éducation de deux types de textes :
- L'un définissant le cadre général de
cet enseignement,
- Les autres reconnaissant plus particulièrement l'enseignement
bilingue.
Je souhaite insister sur les points essentiels de ces textes.
a) Le cadre général
Des objectifs clairs :
- Préserver et transmettre un élément de la
richesse du patrimoine national ;
- Contribuer à la reconnaissance de la diversité des
identités culturelles ;
- Contribuer au programme de développement des langues vivantes
dès l'école primaire ;
- Garantir, pour l'enseignement des langues régionales commencée
à l'école, la continuité sur l'ensemble des
cycles de la scolarité.
Une volonté de développement :
Un plan pluriannuel de développement fera l'objet
d'une publication officielle à l'echelle de l'académie.
Ce plan s'appliquera à définir les mesures nécessaires
au développement de l'ensemble des formes d'enseignement
à l'école maternelle et élémentaire,
puis au collège et au lycée. Il évaluera les
moyens à mettre en uvre, tant sur le plan des emplois,
que des ressources dans le domaine de la formation initiale et continue.
Ce plan fera l'objet d'une évaluation à mi-parcours.
Une cohérence avec l'enseignement des langues vivantes étrangères
:
L'enseignement des langues régionales à l'école
élémentaire peut, soit être proposé au
titre de la langue vivante dont l'étude est obligatoire à
l'école, soit être associé, dans le cadre
de parcours particuliers, à l'étude d'une langue vivante
étrangère linguistiquement proche. On peut citer
l'exemple des parcours roman et latin dans l'académie de
Toulouse, ou encore les section méditérranéennes
en Corse. Ces parcours associent l'apprentissage d'une langue régionale
à celui d'une langue romane, puis en classe de cinquième
d'une langue ancienne, ainsi que l'étude des civilisations.
Ces parcours permettent aux élèves de découvrir
les convergences linguistiques et les différences entre ces
langues, de connaître l'histoire de leurs civilisations.
Je veux insister sur la complémentarité entre ces
apprentissages. Le développement du corse renforcera celui
de l'italien ; l'enseignement de l'alsacien celui de l'allemand.
b) L'enseignement bilingue
L'enseignement bilingue sera reconnu pour la première
fois par deux circulaires qui en fixeront le cadre. Cette reconnaissance
spécifique est sans précédent. Lenseignement
de la langue régionale dispensé sous la forme bilingue
se traduit par l'apprentissage d'une langue régionale, mais
surtout par l'utilisation de la langue régionale comme langue
d'enseignement. Il doit être intégré à
lensemble de la réflexion portant sur les évolutions
que sera susceptible de connaître, au cours des prochaines
années, lenseignement des langues vivantes.
Son objectif premier est de permettre aux élèves datteindre
un niveau de communication et dexpression orale et écrite
plus performant et de s'ouvrir aux divers aspects des réalités
culturelles véhiculées par cette langue.
L'enseignement bilingue sera organisé lorsque la demande
des parents aura été exprimée et reconnue.
Une carte départementale et académique des sites bilingues
sera progressivement construite pour assurer de façon cohérente
la continuité et le développement de l'enseignement
bilingue. Il appartiendra à l'éducation nationale
d'informer les familles de l'existence d'une offre d'enseignement
bilingue.
Lenseignement bilingue commence à lécole
maternelle, dès la petite ou moyenne section, et se poursuit
à lécole élémentaire. La langue
régionale y est à la fois langue enseignée
et langue denseignement dans plusieurs domaines dactivité
et dapprentissage.
Il peut être organisé selon différents principes
:
a) d'une part dans les écoles publiques, à partir
des sites bilingues à parité existants (le bilinguisme
à parité se définit par un enseignement à
parité horaire en langue régionale et en langue française
avec une répartition équilibrée pendant la
semaine de classe),
b) d'autre part selon la méthode pédagogique de l'immersion
dans les "établissements langues régionales",
issus du mouvement associatif ou continuant d'en relever.
Pour ces derniers, les modalités pédagogiques font
l'objet d'une circulaire spécifique en vue notamment d'une
éventuelle intégration au service public des "écoles
Diwan". Les écoles et établissements qui seront
intégrées n'auront pas de statut dérogatoire
et fonctionneront selon les modalités administratives habituelles.
J'en profite pour vous indiquer que cette association tiendra son
assemblée générale le 29 avril pour se prononcer
sur le projet de protocole d'intégration proposé par
l'éducation nationale. Ces propositions constituent une reconnaissance
de la modalité pédagogique de l'immersion, tout en
restant conformes à la réglementation nationale.
Ces trois circulaires seront complétées par un projet
d'arrêté relatif à la mise en place d'un enseignement
bilingue en langue régionale dans les établissements
de premier et second degré ou dans les sections "langues
régionales" des écoles, des collèges et
des lycées. Il consacrera la priorité accordée
au développement de l'enseignement bilingue comme mode privilégié
d'apprentissage de la langue régionale. Ces sections bilingues
porteront le nom de sections "langues régionales",
à l'instar de ce qui existe pour les sections européennes.
Viré
monté
B) Un recrutement des enseignants enfin adapté
à l'enseignement des langues régionales
La qualité de lenseignement des langues régionales
passe nécessairement, et en premier lieu, par lamélioration
du recrutement des maîtres du premier degré dans ce
domaine. Actuellement, lenseignement des langues régionales
à lécole primaire est réalisé
par des enseignants volontaires qui ont reçu une habilitation
académique. Toutefois, les niveaux de connaissance testés
sont assez variables. Il convient de sassurer, par un recrutement
adapté, dun haut niveau de connaissance.
1 - Un concours spécial de recrutement des professeurs
des écoles chargés d'un enseignement de et en langue
régionale
J'ai décidé, au terme de discussions approfondies
conduites par le ministère avec les autorités académiques
et les spécialistes, de mettre en place des concours spéciaux
de recrutement de professeurs des écoles chargés d'un
enseignement de et en langue régionales.
Ces nouveaux concours permettra ainsi de recruter des professeurs
des écoles, non seulement capables denseigner une langue
régionale, mais également une autre discipline en
langue régionale, notamment dans le cadre de lenseignement
bilingue.
Les langues concernées sont les suivantes : basque, corse,
breton, catalan, créole, occitan-langue doc et langues
régionales dAlsace et des pays mosellans. Dix-sept
académies sont concernées : Rennes, Nantes, Bordeaux,
Toulouse, Montpellier, Aix Marseille, Nice, Corse, Clermont-Ferrand,
Limoges, Grenoble, Strasbourg, Nancy-Metz, Martinique, Guadeloupe,
Guyane et Réunion.
Il convient de préciser que les lauréats de ces concours
seront des professeurs des écoles, au même titre que
les lauréats des concours habituels de recrutement de professeurs
des écoles. Les épreuves des concours spéciaux
comprendront, outre lensemble des épreuves des concours
actuels, deux épreuves de langue régionale, lune
écrite comptant pour ladmissibilité, lautre
orale comptant pour ladmission.
Le projet de décret instituant les concours spéciaux
sera examiné par le prochain comité technique paritaire
ministériel . J'ai demandé aux directeurs dIUFM
des académies concernées de mettre en place les préparations
correspondantes dès la rentrée 2001. Il faudra développer
une formation adéquate pour ces enseignants après
le concours, en particulier pour le bilinguisme. En effet, enseigner
la langue régionale et enseigner dans une langue régionale
ne requiert pas la même formation. Les IUFM auront la responsabilité
de mettre en uvre des dispositifs spécifiques de formation
des enseignants bilingues.
2 - Un CAPES de créole
Par ailleurs et afin que les départements et territoires
d'outre-mer ne soient pas les oubliés de ce nouvel élan
pour les langues régionales, j'ai décidé la
création d'un CAPES de créole à l'instar de
ce qui existe pour les autres langues régionales.
Un groupe dexperts représentant les 4 académies
des DOM-TOM sest réuni le 3 avril 2001 sous légide
de la DPE. Les 4 recteurs de ces académies ont été
associés à ce travail (ainsi que linspection
générale de léducation nationale).
Ce groupe a élaboré de façon unanime des propositions
pratiques pour le contenu des épreuves, la composition du
jury et le lieu des épreuves orales.
Viré
monté
C) Un conseil académique des langues
régionales.
Ce conseil académique des langues régionales sera
créé par décret.
Rôle du conseil
Il participe à la réflexion sur la définition
des orientations de la politique académique des langues régionales.
À ce titre, il est consulté sur les conditions de
son développement et sur l'élaboration d'un plan
pluriannuel de développement de l'enseignement de ces langues
et cultures.
- Il veille au développement et à la cohérence
des enseignements bilingues mis en place, dont l'enseignement bilingue
dispensé par la méthode dite de l'immersion et à
leur continuité pédagogique.
Il est également consulté sur toute proposition dimplantation
des enseignements en langue régionale, notamment sur les
projets de création d'établissements ou de sections
d'enseignement bilingue ainsi que sur les demandes d'intégration
dans l'enseignement public des établissements dispensant
un tel enseignement.
Le conseil donne son avis sur l'attribution de la qualité
d'établissement d'enseignement par immersion qui est prononcée,
sans conditions de durée, par arrêté du recteur
d'Académie concerné.
Composition du conseil
Le conseil consultatif académique des langues régionales
associera en son sein l'ensemble des acteurs concerné par
l'enseignement des langues régionales. Il est composé
pour un tiers des représentants de ladministration,
pour un tiers des représentants des établissements
scolaires et des représentants des mouvements associatifs
et éducatifs ayant pour objet la promotion de la langue et
de la culture régionale, pour un tiers des représentants
des collectivités de rattachement.
Viré
monté
D) Un partenariat renforçé avec
les collectivités territoriales
Je souhaite développer avec les collectivités territoriales
des partenariats en faveur des langues et cultures régionales.
Des actions importantes ont été engagées dans
quatre régions. Je veux saluer devant vous le volontarisme
des collectivités avec lesquelles nous avons travailler.
Je vais vous en parler à l'instant. J'espère que d'autres
vont suivre, je pense notamment à la zone d'influence de
l'occitan. L'éducation nationale est prête à
s'engager dans cette voie.
1) Une convention portant sur la politique régionale
des langues vivantes dans le système éducatif en Alsace
pour la période 2000-2006
La convention entre l'État, la région, les deux départements
du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, avec les services de l'éducation
nationale et les partenaires intéressés, vise la généralisation
de l'offre de l'enseignement précoce et de la langue régionale
et sa poursuite dans le second degré. Elle prévoit
à cet effet :
- De constituer un vivier suffisant d'élèves suivant
l'enseignement bilingue de manière à former une filière
bilingue dans chaque collège ; l'enseignement de la langue
s'effectuant à parité avec le français avec
une prise en compte et une valorisation du dialecte s'il y a lieu
;
- De faciliter les voies d'accès aux sections trilingues
;
- De favoriser les échanges linguistiques et renforcer l'enseignement
de l'allemand en filière professionnelle ;
- D'encourager la mise en place d'une option facultative "langue
et culture régionales" au lycée et au collège
avec validation au brevet et au baccalauréat ;
- De spécialiser en moyenne 50 maîtres par an sur la
durée de la convention pour l'enseignement bilingue.
Elle s'accompagne d'un engagement très fort des collectivités
territoriales d'Alsace pour :
- Prendre en charge les coûts de l'enseignement de la langue
régionale dans les cycles 1 et 2 lorsqu'il ne peut être
assuré par les maîtres de l'école dans les conditions
habituelles ;
- Financer des modules de préformation linguistique d'allemand
en amont du concours de recrutement ;
- Mettre en place des allocations d'études pour les futurs
enseignants bilingues dans l'académie ;
- Assurer une indemnité complémentaire pour les maîtres
locuteurs natifs issus de l'union européenne s'ils s'avèrent
indispensables ;
- Aménager le centre de formation aux enseignements bilingues
de Guebwiller en liaison avec le projet de reconstruction de l'IUFM
retenu au contrat de plan.
L'apport des collectivités territoriales au fonds de concours
créé à cet effet pourra atteindre, jusqu'en
2006 inclus, un montant de 42 MF par collectivité signataire.
L'effort spécifique de l'État, pour la période
considérée, sera du même montant.
2) La charte-convention spécifique du pays basque
Élaborée pour une durée de 7 ans, cette convention,
en ce qui concerne l'éducation nationale, stipule un renforcement
des actions en faveur d'une plus grande diffusion de la langue basque
et des instruments pédagogiques destinés à
l'asseoir.
Ces actions s'organisent autour :
- D'une sensibilisation à l'apprentissage de la langue basque
à l'école au moyen d'une campagne de communication
en direction des familles et des élèves ;
- De la production de matériel pédagogique en langue
basque réalisée par le CRDP par le développement
du secteur de l'édition, à partir d'un programme conçu
par le recteur et cet organisme.
La participation du ministère, hors contrat plan État-région
à la convention s'élève à 4,5 MF dont
:
- 1 MF pour la sensibilisation à l'apprentissage de la langue
basque ;
- 3,5 MF pour la production de matériel pédagogique
correspondant.
3) La poursuite d'une collaboration privilégiée
avec les représentant de l'exécutif corse
La rentrée scolaire 2000 a marqué la poursuite de
l'effort en faveur de la langue et culture corses, qu'a concrétisé
le contrat de plan État-région signé par l'État
le 19 mars 2000. Celui-ci a prévu 25 MF financés à
égalité par l'Etat et la région destinés
à promouvoir l'offre de l'enseignement du corse dans l'ensemble
des niveaux de la scolarité, à raison de 3 heures
d'enseignement hebdomadaires de la maternelle à l'université,
et à développer l'enseignement bilingue dans les établissements
scolaires.
Dans cette perspective, et dans la continuité de leur classe
de sixième, l'ensemble des élèves de cinquième
a, pour cette année scolaire 2000-2001, accès à
un enseignement de trois heures hebdomadaires.
4) Un avenant au contrat de plan État-région en
Bretagne concernant le bilinguisme
Le préfet de région a réuni avec le président
de la région Bretagne et le recteur de l'académie
de Rennes, les principaux acteurs de l'enseignement du breton pour
travailler à la rédaction de cet avenant. Nous devrions
être en mesure de signer cet avenant avant la fin de l'année
scolaire.
Vous le voyez, nous aurons ainsi :
- un cadre réglementaire renforcé et renouvelé,
mieux adapté aux évolutions de l'enseignement des
langues régionales et notamment prenant en compte le bilinguisme
;
- une amélioration du recrutement des enseignants chargés
d'un enseignement de et en langue régionale ;
- un cadre partenarial renforcé par la mise en place du conseil
académique des langues régionales et l'action conjointe
avec les collectivités territoriales.
Ce plan pour les langues régionales est complémentaire
du plan pour les langues vivantes étrangères. Des
parcours pédagogiques associent les deux, je vous en ai parlé
tout à l'heure, les programmes seront construits de façon
cohérente.
Je souhaite donner un nouvel élan pour les langues régionales.
Il ne s'agit pas simplement de répondre aux revendications
d'associations locales, revendications très légitimes
au demeurant, mais bien d'un changement de perspective, de rythme
et de vision. J'ai la ferme volonté que dès la rentrée,
les recteurs d'académie puissent, en s'appuyant sur ces nouveaux
textes, préparer des plans de développement en faveur
des langues et cultures régionales.
Ces mesures constituent une mise en uvre de fait des engagements
de la charte européenne sur les langues minoritaires que
la France n'a pas pu ratifier, malgré la volonté gouvernementale.
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