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Kébek

Le Québec vit à l'heure de l'amour synthétique
De mauvaise qualité

Marie Flore DOMOND
 

Victimes

Ministère de la justice

Le verbe «AIMER» se conjugue de plus en plus à «l'imparfait» au Québec. Vous l'aurez deviné, on fait référence au mode et au temps des rapports incestueux et de la pédophilie. Les étrangers venant des pays constamment en tourmente politique et autres calamités s'entendent pour dire que la société québécoise produit des êtres généreux, attachant, fragiles, fondamentalement pacifiques sans oublier leur outrancière ambivalence. C'est dans ce contexte qu'un des vigiles du monde littéraire avait émis cette opinion au cours d'un débat « (…) Cela prend de la passion pour animer toute chose.

Cependant, au Québec, tout le monde aime tout le monde. C'est une société en dormance. En Haïti, par exemple, même si la conjoncture des événements n'est guère favorable, au moins les gens savent foutre le bordel, la polémique existe.» Voilà les propos exacts de monsieur Constantin Stoiciu de la maison d'Éditions Humanitas.

Et Les affaires Cloutier et Hilton nous dévoilent une autre facette de ce discours. Il s'agit des vices cachés de l'esprit presque inavouables. La révélation de deux crimes à caractère sexuel et de trois victimes qui traduisent leur bourreau respectif en justice. En rompant le silence, elles tentent de dompter le mal qui leur ronge l'existence.

La mutation des mots en maux

On associe beaucoup de thèmes péjoratifs à l'amour. Pour ne citer que quelques uns: «Tomber en amour, la folie d'amour, la maladie d'amour et peine d'amour». Certes, aimer à la folie est un degré de sentiment très convoité. Mais le modèle devient aussitôt malsain lorsque la dimension atteint la phase d'aimer dénaturément jusqu'au bout du sacrilège.

Les événements marquants des deux dernières décennies

J'ai observé bien des remous au sein de la société d'accueil. Que de conflits issus des grandes institutions concernant les infirmières, les policiers. La fébrilité des menaces de grève des professeurs, des étudiants, des juges et avocats. La fameuse crise d'Oka, le scandale du gaspillage des fonds publics d'Hydro Québec. Les revendications des techniciens de la Place des Arts suivies de ceux de l'entreprise Vidéotron. L'application du pouvoir coercitif des instances gouvernementales fédérales, provinciales et municipales. Les injonctions d'une part et la désobéissance civile de l'autre. L'esclandre du sang contaminé de la société de La Croix-rouge, la psychose et scabreux effet discriminatoire de l'épidémie du sida. Les affrontements de nature raciale entre les policiers et les différents citoyens d'origine ethnique. La chaude lutte de clans et le terrorisme local, régional et même à l'échelle nationale des groupes de motards criminalisés. Les célèbres référendums en vue de statuer sur la volonté des québécois de se séparer du reste du Canada. Le début fracassant du phénomène des groupes de gangs de rue si ébranlant et si inquiétant!

Les actes dénaturés

Or, de nos jours, les autorités en ont plein les bras des crimes contre la personne. Le proxénitisme, le viol, la prostitution juvénile sont le lot des actualités au quotidien. La personnalité à qui on octoit le crédit du «bon père de famille» est parfois un prédateur de l'enfance, un vorace consommateur d'innocence. Aucun secteur n'est à l'abri des abus perpétrés sur les jeunes enfants. Une série d'actes de pédophilie est répertoriée dans les institutions. Et les principaux complices sont des gardiens, des professeurs, des instituteurs, des moniteurs, des hommes influents du domaine des droits, de la politique, des représentants de l'Église. Sans vouloir être alarmante, la perturbation s'aggrave vers la pédophilie familiale, voire parentale qui met en vedette papa, maman et grands-parents. Et tenter d'établir la preuve en faveur des victimes dans ce genre de scandale n'est pas une mince affaire. Le témoignage de Nathalie Simard en fait foi.

Jeu de séduction ou jeu décadent

S'attaquer à des êtres sans défense pour satisfaire ses désirs. Quel ignoble plaisir de séduction! Je parle de ces amours qui font tâches, de ces péchés honteux qui défèrent quotidiennement les manchettes de tous les médias. Si, en creusant l'obscénité tissée à travers la société actuelle, les pratiques incestueuses ont fait surface, il reste à trouver le moyen d'exorciser cette hideuse accoutumance. La psychologue, Jocelyne Robert pour sa part nous propose LE SEXE EN MAL D'AMOUR et NE TE LAISSE PAS FAIRE. Deux ouvrages qui dressent le portrait de la société actuelle et qui font appel à la vigilance des uns et des autres.

Marie Flore DOMOND