AYITI

EPMANDOK : un organisme humanitaire à but non lucratif
enregistre 10 ans de millage

La présidente fondatrice Marie Claudette Ciriaque
et tous ses collaborateurs sont loin d’être à bout de souffle

Par Marie Flore Domond

Claudette Ciriaque
Marie Claudette Ciriaque
Présidente fondatrice
De l’Association
EPMANDOK

Dix ans de lutte contre la pauvreté et l’analphabétisation, ce geste requiert du courage et du cœur au ventre. Certains cherchent constamment des lauriers pour orner leur tête. Tandis que d’autres tentent d’enlever les épines enfoncées aux pieds de leurs semblables. Solliciter des dons pour assurer le pain quotidien des femmes et enfants démunis dans un coin défavorisé de son Pays natal est tout à leur son honneur. Mme Ciriaque  n’est pas seule dans cette bataille où jour après jour, elle et ses collaborateurs s’efforcent d’apaiser la condition de vie humaine. C’est comme une perle tombée dans un gallon de peinture. Sa vue est sans nul doute obstruée, il reste que la pierre précieuse est quelque part au font du contenant. Il suffit de prendre les moyens adéquats pour la retrouver et lui rendre la condition de sa valeur première. Madame Ciriaque nous parle de sa quête de beauté  et de bonté de la vie. Écoutons ce qu’elle a à partager avec nous.

1995 : date de fondation à la sueur des fronts des paysans de Docajou
Construction des bâtisses et inauguration

Pellicule de la vie courante : secteur éducation
La raison d’être de l’association

Madame Ciriaque, vous êtes présidente fondatrice de l’Association EPMANDOK ( d’aide aux femmes et enfants analphabètes et démunis de DOCAJOU) (Ed Pou Pòv Malerèz Lan DOKAJOU), un organisme de bienfaisance implanté dans petite localité dans la Commune de Belladère, Département du Centre d’Haïti. Êtes-vous originaire de cette région ? Si non, d’où vous est venue l’idée de fonder cette association?

Je suis née et j’ai grandi dans la commune de Belladère. Par la suite, j’ai voyagé au Canada. Ce n’est qu’à mon retour au décès de mon père que j’ai pris conscience de la situation de mes amis et connaissances que j’ai côtoyé pendant plusieurs années. J’ai réalisé qu’ils vivaient dans la misère noire ne sachant ni lire ni écrire qu’ils n’avaient aucun moyen de s’en sortir. Nous en avons discuté et nous avons pris la décision de fonder l’association.

L’association est active depuis avril 1995. Trois ans plus tard, une catastrophe naturelle, le cyclone Georges survenu en septembre a tout dévasté sur son passage. Vous a-t-il été possible d’évaluer les pertes matérielles encourues suite à ce malheureux événement?

Après cette terrible épreuve, tout était à recommencer. Il fallait pratiquement repartir à zéro. La seule chose qui demeurait intacte c’est le désir et l’enthousiasme des habitants qui sentaient la nécessité de poursuivre leur objectif qui devenait désormais, un défi. Et si je tiens compte de la perte de ma mère qui était un membre essentiel de l’organisme, le bilant est lourd.

Votre association a des préoccupations multidimensionnelles dont le centre d’alphabétisation, le centre de santé et l’action économique communautaire. Pouvez-vous nous brosser la situation respective de ces trois secteurs?

Mon souci premier était l’alphabétisation dans cette petite localité qui était vierge. Grâce à une formation de base, plusieurs femmes ont pu assumer le rôle d’enseignante en prodiguant leurs savoirs aux bénéficiaires du programme au point d’assurer la relève. Du point de vue de la santé, il y a beaucoup d’amélioration à apporter. Un médecin visite les habitants à tous quinze jours afin de leur fournir les soins nécessaires. Et sur le plan économique, les femmes entre elles s’adonnent à la fabrication des objets artisanaux de toutes sortes. Des nappes en broderie, des accessoires comme des sacs à mains, des sandales, des chapeaux en paille, des petites figurines en argile pour la décoration etc. Il y a aussi les denrées : le tabac, le coton, le petit mille. Mais il leur manque une infrastructure.

L’organisme est légalement reconnu au Canada, en Haïti et aux États-unis. Le siège social est donc au Canada. Haïti et les États-unis seraient des points de liaison n’est-ce pas?

Pour le moment, la liaison se fait entre Montréal et Haïti. Pour ce qui est du conseil d’administration, je suis la présidente fondatrice, monsieur Jean Robert Bellarmin est le secrétaire et monsieur Pierre Paul Dorjeune assure la tâche de trésorier. Je tiens à vous le répéter la caisse est pratiquement vide en dépit des efforts soutenus pour amasser des dons. Du côté d’Haïti, le responsable est monsieur Nerdy Pierre, la trésorière se nomme Mme Nerly Avridor et la coordonnatrice est madame Veuve Wilermise Cyriaque

La cause est supportée par deux partenaires qui sont: Le Ministère des Relations Internationales du Gouvernement Québec d’une part, et Collaboration Santé Internationale du Québec (CSI ) qui offre des médicaments aux bénéficiaires. Pour ce qui est de la générosité du grand public, est-ce un point satisfaisant?

Je dois préciser que ces deux bailleurs de fonds étaient des supporteurs au début. Leur aide a été plutôt provisoire. Pour le moment EPMANDOK ne dispose d’aucun budget substantiel. Les frais de douane et de transport sont dispendieux. Les soirées bénéfices, les campagnes de financement servent à renflouer les dettes accumulés en raison des chèques sans provision de certains partenaires qui ne respectent pas leur engagements. L’insécurité qui sévit en Haïti ne fait que renforcer la précarité de l’organisme.

Le soleil ne brille pas pour ces femmes et enfants démunis, il les brûle. Ils ne croquent pas dans la vie, au contraire, la vie les mords est-ce qu’ils ont recours à un minimum de ressources assurées ou sont-ils seulement à la merci des dons qui rentrent?

Jusqu’ici, tous les paliers gouvernementaux sont restés de glace face à la situation. Les demandes de subvention sont faites à répétition mais les réponses demeurent toujours négatives. Les responsables de ces programmes se renvoient la balle pendant que les femmes et des enfants qui sont dans le besoin mordent de la poussière.

Il y a-t-il une période qui favorise plus de dons autres que les catastrophes naturels?

Absolument pas. Parfois et surtout à l’occasion de catastrophes naturelles, on peu sentir une certaine générosité particulière de la part des gens. Je suis en attente de la main bienfaitrice. Depuis dix ans que je gère cet organisme humanitaire à but non lucratif, la constance du geste d’aider ne se manifeste pas vraiment. Aujourd’hui encore, je me débats comme le diable dans l’eau bénite pour maintenir le programme par le biais de projets qui sont, tant à mon avis que celui des autres membres du conseil, indispensables pour tous ces gens qui ne méritent pas un tel sort.

Quels sont les critères pour adhérer à votre organisme de bienfaisance comme membres? - Le conseil d’administration est formé de combien de membres?

Toute personne qui veut aider EPMANOK à aider les analphabètes et démunis dans la localité DOCAJOU en Haïti peut s’intégrer dans l’organisme. Le conseil d’administration est formé de 5 membres. Par ailleurs, il nous faudrait surtout l’assistance providentielle pour maintenir la flamme chez les bénévoles et pourvoir aux besoins économiques qui nous font terriblement défaut actuellement.  

Domaine de la santé : preuves à l’appui
Des images qui méritent des dons

Un chant écrit par Marie Claudette CIRIAQUE pour décrire la situation des femmes analphabètes et démunies dans la localité de DOCAJOU en Haïti.

Do kajou, Do kajou…Hum…Hum…Do kajou

Do kajou…Hum…Hum…Do kajou
Do kajou…Hum…Hum…Hum…Do kajou n a rive!

Mwen tande yon ti chante
Se yon tanbou k t ap roule
Se yon gita t ap graje
De twa fanm tap gronde

Mwen oblije rete sezi
Mwen mande kote m ye
Pèsonn pa t kab pale
Vant tout granmoun mare
Tout timoun t ap kriye

Mwen se moun bò isit, nou mèt pale av' m
Mwen ka ba nou lanmen, mwen ka ede nou plante
Tanpri di m kote m ye
Tanpri di m kote m ye

Do kajou, Do kajou…Hum…Hum…Do kajou
Do kajou…Hum…Hum…Do kajou
Do kajou…Hum…Hum…Hum…Do kajou narive!

Lan dòmi mwen te ye
Resi wè kote m ye
Zòn yo pa devlope
Tout dlo yo fin seche
Tè yo pa bay manje

Moun malad k ap soufri, yo preske fin mouri
Fanm gròs an difikilte, yo pa kab akouche
Fanm saj yo panike

Pa gen lopital pou yo, ni doktè ni enfimyè
Pa gen yon grenn aspirin, ni yon ti gout alkòl
Vi moun yo an danje, vi moun yo an danje

An nou kanpe, nou p ap antere bouch pe
Nou trò detèmine... N a rive!

Edisyon E. W. Vedrine Creole Project

Association EPMANDOK 401, rue des Carrières, Suite 2
Montréal (Québec) Canada, H2S 3P9
Téléphone (515) 270-2299
Courriel : epmandok@hotmail.com

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