Mois de l'histoire des noirs

Le Québec à l’époque de l’esclavage :
L’héroïsme d’une esclave en à fait un centre d’attraction

Marie Flore DOMOND

Marie-Josèphe-Angélique Marie-Josèphe-Angélique

Et voilà qu'un auteur noir d'origine de la Nouvelle-Écosse (Canada) se démarque bel et bien du lot des préoccupations de la plupart de ses concitoyens résidant au Canada et au Québec. De ces immigrants reçus qui pratiquent la timide manœuvre littéraire de l'import et de l' export à partir de leur histoire de négroïde. En revanche, Lui, il émerge sur place l'histoire des personnages d'envergure de la même et pure race qui ont bouleversé le quotidien de leurs oppresseurs bien avant l'avènement, sans précédant, de L'INDÉPENDANCE D'HAÏTI ou par définition l'exploit patriotique d'une nation autrefois fière et orgueilleuse qui a su mettre fin à un règne inhumain d'exploitation, de servitude et de grossière humiliation par les Français sur le modeste territoire: une petite Île située géographiquement dans l'Archipel des Antilles.

Du premier regard posé sur l'ouvrage intitulé: MARIE JOSÈPHE-ANGÉLIQUE (Montréal, Québec 21 juin 1734), il est aisé de se faire une idée sur le sentiment qui animait l'historien Paul Féhmiu Brown. L'impression immédiate laisse croire à un excès de zèle de l'auteur. Mais le scrutement à la loupe prend forme d'un jet concentré de faits vécus, de vérités cachées, répandus au- dessus d'un immense comté, Montréal, au passé plutôt lourd, devenu cosmopolite. Vu les circonstances s'apprêtant aux festivités, il faut s'attendre à toutes les éventualités. Il ne serait pas étonnant que, soudain, un vent de propagation par contagion de ce récit y circule; une sorte de curiosité épidémique. Souhaitons que ce soit le fléau de la conscience collective, mais rien de nocif, de nuisible pour la population encore moins pour les communautés noires. Au contraire, ce geste ne pourrait être qu'un instant d'éveil, un point d'honneur. Il s'agit d'une aventure ponctuelle. La lecture complète de l'œuvre, MARIE JOSÈPHE-ANGÉLIQUE (Montréal, Québec 21 juin 1734), constitue un pont. Elle incite à faire le lien étroit entre deux époques différentes en un seul centre d'attraction. La fin atroce d'une esclave en l'an 1734, à l'issue de sa révolte personnelle, rejoint parfaitement le soulèvement des esclaves noirs résolus à rétablir leur liberté permanente en Haïti, plus tard durant la fatidique période de 1804.

Entendons-nous tout de suite. Recueillir ces données, unir les faits historiques, ne peuvent être considérés autrement que dans l'optique d'une action qui consiste à basculer les effets néfastes de l'ignorance, à déjouer la méconnaissance, à élargir l'horizon de la culture. Nous nous inscrivons en faux contre toutes formes d'apitoiement pathétique de notre existence bafouée, de notre impuissance face à nos semblables. Le revers de la médaille est tout aussi valable. Il est temps de réfléchir sur la dimension lacunaire de l'homme en général. Toute chose positive exige une part de sacrifice. Mission accomplie, l'écrivain Paul Brown a exécuté son devoir de citoyen. Il a éclaté au grand jour le secret de polichinelle de l'histoire du Québec qui a connu son règne de colonisateur en illustrant un fait marquant. L'exode d'une négresse du nom de Marie-Josèphe-Angélique.

A travers cent-vingt pages de propos déchirants, d'actions surprenantes, de chimères, de cruauté, rêves et espoirs insoutenables, l'auteur situe la mentalité des habitants d'une région, une localité, celle du Québec d'antan. Il nous fait pénétrer la profondeur de la personnalité d'une jeune métis de l'étoffe d'un chef de file hors du commun. Elle a su assumer courageusement sa courte existence au cœur d'un régime d'oppression encouragé par des êtres foncièrement malveillants et malhonnêtes. Plus que son écho, elle laisse sa trace gravée dans la mémoire de nos prédécesseurs autant qu'aux générations actuelles et futures comme une créature invincible au-delà de sa fin tragique. Une histoire de l'innocence dans l'âme, de la noblesse de l'être. Une leçon exemplaire qui peut porter à la méditation.

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