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Fable: Les Deux Vampires*

Umar Timol

Il était une fois
Dans un beau et étrange pays
Deux vampires
Qui s’aimaient d’un
Amour tendre et calculateur
Ils se faisaient
Les yeux doux
Se bécotaient les dents et le cou
Se léchaient le sang
Élaboraient de
Langoureuses alliances
Qui leur permettaient de
Remporter les élections  –
Sachez qu’au royaume
Des vampires
On élisait tous les six mois
Un nouveau
Gouvernement vampire
Étant donné
La courte durée de vie
De l’admirable
Peuple des vampires –
Mais malheureusement
Ils se disputaient
Violemment ensuite
Et rompaient
Dans un grand fracas
De dents et de sang
Et n’en finissaient plus
De s’insulter
Tu es pire vampire que moi
Tu suces le sang des vampires pauvres
Non toi-même
C’est toi le plus horrible des vampires
Tu es égoïste
Méchant
Cruel
Et je te déteste
Non toi-même
Et ils se disaient d’autres
Choses que
La pudeur nous oblige à taire ici
On ne veut évidemment pas
Ensanglanter l’oreille
De nos petits amis les vampires
Mais à l’heure des élections
Nos deux vampires
Dotés on le sait
D’incontestables talents
Dont le goût du pouvoir, du sang
Et des langoureuses alliances
Trouvaient toujours moyen
De se réconcilier
Et là ils se faisaient les yeux doux
Les dents doux
Et même le sang doux
Et le premier disait au deuxième
Tu es le plus doux des vampires
Tu es le plus fidèle des vampires
Non toi-même
Non je te dis toi-même
Tu es le plus fort
Le plus gentil
Non toi-même
Non toi-même mon amour
Mon chéri
Vampire de ma vie
Et ce beau spectacle
Durait pendant de longues semaines
Sous le regard admirateur
De l’admirable peuple des vampires
Toujours prompts à comprendre
A se faire berner
Et à pardonner
Et à se faire sucer
Le cou et la cervelle
Toujours est-il que
Nos deux amis vampires
Parvenaient évidemment
A remporter haut la main
Pardon il faut dire
Haut les dents
Ou est-ce haut le sang
Mais peu importe
Les élections
Les deux vampires étaient
Heureux de même
Que le peuple admirable
Jusqu'à la prochaine dispute
Jusqu'à la prochaine rupture
Dans un grand fracas
De dents et de sang
Mais c’est l’amour
Que voulez vous c’est ainsi
On n’y peut rien
Au pays des vampires
Tout est possible
Même l’amour le plus
Tendre et le plus calculateur
 
Morale de l’histoire
Il faut se méfier
De ces vampires
Qui au nom de l’amour
Parviennent à se faire élire
Car rien ne
Les empêchera ensuite
De sucer votre sang
 
Et proverbe de l’histoire
Vampire tu es
Et vampire tu resteras

 

 

* Toute ressemblance avec des vampires existants ou ayant existé est purement fortuite et indépendante de la volonté du fabulateur, pardon, du fabuliste.

Viré monté