Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

belle mort

Umar Timol

ce sera une belle mort, nos corps devenus lianes enfin noués, nos corps devenus les festins de tout désir sans les simulacres de la souffrance, nos corps ancrés dans un voile, plus bleu que les préludes de toute mer, nos corps ensauvagés par le commerce de nos sens, ce sera une belle mort, notre agonie qui déferle dans les veines de la terre, notre agonie qui s’incruste dans les éclipses de la parole, notre agonie qui est une célébration, la plus belle des célébrations, nos corps qui encensent leur annihilation, pas celle de la meurtrissure, pas celle qui dit la défaite, pas celle du remords, nos corps qui regorgent de sèves, sèves qui peuplent les coursives de nos révoltes, sèves qui abolissent le cérémonial des os, sèves qui fustigent les cadastres des pierres, nos corps qui regorgent de sèves, corps enfin prêts, corps enfin prêts, corps qui dévalent le long de fleuves qui assermentent le sang, corps devenus fleuves, corps désormais si limpides que la lumière fait sa mue, elle devient ombre, ombre de ces corps, corps enfin noués, corps qui s’élancent, corps qui se dépaillent en fragments d’étincelles, étincelles qui esquissent les arabesques de l’obscurité enfin vaincue, étincelles qui tracent les sentiers de tout pèlerinage, ce sera une belle mort mais la mort ne sera plus, corps qui ensemencent la matière de l’être, corps dont la substance est la genèse de l’être, de sa perpétuelle renaissance, ce sera une belle mort mais la mort ne sera plus, nos corps devenus souffle d'une apostasie, celle de l'amour au déni de la mort, nos corps devenus souffle d'une apostasie, celle de nos corps au déni de leurs ruines, ce sera une belle mort mais la mort ne sera plus, elle ne sera plus.

Umar Timol

boule

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