Potomitan

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À une jeune plume

Zéphirs. Image photo-graphique de J.S. Sahaï, ©2009.

La page blanche a horreur du détritus agonisant. Mais combien s'y rejettent, pour la faire patauger dans leur dédale.

La tendresse qui convient à l'être de plume attablé à son art ne devient feu et cri que si l'élan du corps prend appui sur la ressource de l'âme-être.

Bois vert en envolées ou prises de son musclé se dérobent alors des conciles de nuit où le rayon astral s'infiltre entre nos pensées pour ébruiter les mille secrets du large, du profond et de l'élevé. De dérobade en écriture l'auteur se met en devoir d'obtempérer et de tracer.

Mais le fin fil de l'écriture parfois ténu parfois tenace n'est loquace que tout nu. Et tout entretenu de propos dérisoires, il nous file entre doigts quand nous encrons ancres sur vélin nautiques.

Coriace est l'effort qui permet de s'abandonner au souple délire d'enfreindre freins et tanguer dru sur le flot inconnu d'un sobre papyrus.

Puisses-tu écrivaine devenir l'auteure sans atermoiements qui puise dans l'air de source le fin zéphyr incontenu. Verse ta prose en ridules dorées qui frétilleront sous nos yeux ébahis et scintilleront sur les pontons, au fronton des podiums, au sillage des caravanes, et jusques aux confins des caravansérails... Car, mansuétude, l'augure filaire n'importune que l'être attaché, attachante promesse de rêve consolé et de perlures glacées du candi de nos encontres. Presse le temps joli, bois son nectar pruné, force le diadème qui dort à se priver de lumière pour t'auréoler de soies.

Aux confins du bois d'un tendre vert fugace, se tient devant toi le portail muré d'un voile évanescent et translucide.

Ouvre ton souffle rafraîchi à cette parole mûre. Transgresse le faux silence et, porte-nous bon heur.

Jean S. Sahaï

Mars 2006

boule   boule   boule 

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