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Le séga réunionnais

par Sabine Vergoz-Thirel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Danseuse de Séga au Festival Créole de Menton, 2007. Photo F. Palli

Le séga réunionnais

Le séga fait partie intégrante du patrimoine réunionnais. Des familles entières se reconnaissent à travers cette musique variée et cette danse, endiablée parfois, qui sont apparues dès le début du peuplement de l’île et qui n’ont cessé d’évoluer au fil des siècles.

Lorsque les premiers habitants arrivent sur l’île de La Réunion, ils emmènent avec eux des instruments légers faciles à transporter comme le fifre, la flute, le violon ou le tambour. Les musiques que les marins en tirent rythment les journées sur les navires et les soirées à terre. Elles sont au départ des musiques militaires ou des chansons de marins. Elles ponctuent les activités maritimes pendant tout le trajet, chansons à hisser, chansons à virer, qui sont aussi des chansons à boire ou à manœuvrer.

Ces marins, pirates ou autres habitués des tavernes européennes s’installent dans l’île et continuent à chanter et à danser comme ils le faisaient avant. Ces hommes de Bretagne ou de Vendée rencontrent des Hollandais, Polonais ou encore Portugais. Se perpétuent alors la Polka, la valse ou le quadrille. Aux petits instruments s’ajoutent le banjo qui supplantera le violon. Dans les grandes maisons de "la bonne société créole" les jeunes filles apprennent le piano.

Au XVIIIe siècle, dans les soirées organisées par les riches colons, les musiciens jouent ces airs européens. Mais les musiciens sont recrutés parmi les Noirs libres ou esclaves. Ils apprennent à tirer des sons de l’instrument en y ajoutant ici ou là des rythmes liés à leurs origines ethniques, africaines, malgaches ou indiennes. En effet, ces "jouars" comme on les nomme alors, animent les bals.

Au début du XXe siècle se greffent d’autres instruments venus d’Europe, l’accordéon diatonique nommé aussi "ralé-poussé", puis l’harmonica, la guitare, la clarinette, et d’autres instruments à vent qui formeront l’orkès en cuivre.

Bien entendu, lorsqu’ils retournent chez eux, racontent leurs soirées, font écouter les airs et même parfois miment en se moquant des danses stéréotypées des Blancs. C’est ainsi que nait le quadrille créole.

Pendant que les Blancs s’amusent eux-aussi à imiter les Noirs dans les salons, les esclaves, puis les engagés pratiquent la "Danse des Noirs" dans les camps et dans des endroits assez éloignés des colons.

Ils chantent et dansent sur les rythmes africains et Malgaches au son des percussions du "roulèr", du "kaïambe" et de l’instrument à corde "bobre". Ces chants et danses qui se nomment le "tshéga", deviennent le "séga Typique" ou "séga Ravane" à Maurice, "séga Tambour" à Rodrigue et aux Seychelles "Séga Moutia", "Maloya" à Bourbon.

Le terme "séga" récupéré par la bourgeoisie locale, trouve sa place dans la société coloniale qui l’applique à des chansons et danses de salons créolisées. Cette musique populaire à l’humeur joyeuse prend aussi sa place dans le cœur des Réunionnais.

Le séga "piqué", séga traditionnel ou séga "dentelle" se danse en couple. Rouler est un séga dont les paroles sont en langue créole, la voie du peuple est reconnue, le temps d’une danse, dans les salons. Il faut noter que les créoles n’avaient pas de costumes traditionnels. Ceux que nous croyons connaître n’ont été inventés que pour le tourisme par des troupes comme par exemple le groupe folklorique de La Réunion créé par Bernadette Ladauge.

De nombreux musiciens ont assuré la pérennité du séga en le modifiant volontairement ou pas, le faisant passer du séga traditionnel au séga moderne. Luc Donat, Michel Admette, Michel Adélaïde, Pat’Jaune, la famille de Jules Joron avec Ousanousava ou Baster, Henri Madoré, Pierre Rosély, Jean-Pierre Boyer, Michou, Maxime Laope… Bien entendu, la liste n’est pas exhaustive.

Rattrapé par les musiques étrangères, le séga a du mal à garder son identité, il évolue chaque jour parfois en ségae, raggae, ou autre musique del sol…

Sources:

  • Musiques traditionnelles de La Réunion, Jean-Pierre La Selve - Institut de Linguistique et d’Anthropologie de La Réunion.
     
  • Christophe David et Bernadette Ladauge, Un siècle de musique réunionnaise, Association Lacaze.
     
  • Le grand livre de l’histoire de La Réunion / Daniel Vaxelaire. - Ste Clotilde (La Réunion): Orphie, 2003. - 2 vol.
     
  • Source de de l’article : http://www.zinfos974.com/

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