Va où tu veux, dit le proverbe, meurs où tu dois
Nul, ici-bas, n’échappe à cette commune loi.

Deux oursins
-l’un  tout hérissé de longs piquants noirs
l’autre tout blanc ne donnant à voir
que de courtes épines  épointées -
s’ennuyaient  
dans un trou  qu’ils n’avaient jamais quitté.
Eh  cousin ! dit l’oursin noir au blanc
Je te propose un plan
Partons en dérade.
Que dirais-tu d’une ballade
Tout autour du lagon ?
Tels deux bons compagnons
nous irions visiter  nos cousins
tous oursins assurément
bien qu’échinodermes autrement :
dollars des sables,  étoiles de mer,
ophiures et même ces ahuris
qu’on nomme communément
concombres de mer ou holothuries !
L’oursin blanc répondit sur un ton bien amer :
Quoi ! Tu te moques mon Compère !
As-tu vu de quelle longueur sont tes piquants ?
Tes aiguilles te servent d’échasses
Je ne serai à coté de toi qu’un pauvre hère
qui la démarche lasse
devra faire cent pas quand
tu n’en feras qu’un seul !
Et puis tu sais combien les Hommes
ces voraces ont néanmoins fines gueules
Ils  adorent
se régaler de mes gonades d’or
alors que je ne sais pourquoi
jamais ils ne se soucient de toi
sinon pour te fuir
jamais ils ne cherchent à te nuire.
Non mon cousin, je préfère encore
ce trou parmi les madrépores !
 Le Peccamineux qui ne voulait
sortir de son antre
avait  à peine fini de parler
qu’il se sent soulevé
et le temps d’un clin d’œil
se fait avaler :
Octopus sous son ventre
a subrepticement
glissé une de ses lanières
puis sans plus de manières
d’un seul coup
l’extirpe de son trou  
le retourne  brusquement
le décalotte
lui explose sa lanterne d’Aristote !
Battez tambour ! Sonnez trompette !
Le  gobe tout net !

Aussi, bougeons plutôt  d’où nous sommes
Courir vaut mieux que mourir comme la Reine des Pommes !

Capesterre 20.02.2016

Viré monté