«De toutes les plantes qui poussent dans les Isles il n’y en a aucune qui soit plus utile aux habitants que les patates» selon le père Breton (1647). Le père Labat (1696) de renchérir: «C’est le pain ordinaire et presque la seule chose que l’on donne à manger aux Nègres à Saint-Domingue et dans les iles anglaises».

La patate est originaire d’Amérique centrale. Les Mayas au Pérou la cultivaient déjà il y a 3 500 ans. Mais cette plante a beaucoup voyagé, au temps préhistorique elle est passée, sans qu’on sache comment, d’Amérique en Polynésie. Rien d’étonnant qu’elle soit arrivée dans la Caraïbe bien longtemps avant Christophe Colomb.

Il en existe de nombreuses variétés, selon la couleur, blanche, rouge, jaune, lie de vin; mais également selon la richesse en sucres, la teneur en provitamine A, ou encore selon le cycle de production qui peut aller 3 à 8 mois. Les tubercules peuvent peser de 500g à 2 kg.

C’est une plante rampante au feuillage plus ou moins découpé qui se reproduit par boutures de portion de tige de 25 à 30 cm, débarrassées de leurs feuilles, plantées tous les 30 cm sur des billons espacés de 75 cm. Un bon éclairement est indispensable à sa tubérisation, sans pour autant dépasser 12 heures.

Les patates peuvent se faire cuire à l’eau, au four, à la vapeur, en confiture, ou tout simplement sous la cendre chaude d’un feu de bois. Par ailleurs on peut consommer les bourgeons des jeunes tiges qui, toujours selon Labat, sont «comparables aux asperges».

Tout comme le ouicou, avec le manioc, les Amérindiens faisaient fermenter les patates râpées pour obtenir une boisson alcoolisée: le mabi.

De nos jours la culture de la patate s’est généralisée dans tous les pays tropicaux, sub-tropicaux, et même parfois en climat tempéré. Sa commercialisation sous forme de frites pré-congelées est en progression constante dans de nombreux restaurants.

Des recherches sont en cours afin de transformer les  parties aériennes, riche en protéines,  de la patate en complément alimentaire pour l’alimentation des porcs.

En Guadeloupe et en Martinique la consommation de la patate est devenue problématique depuis la pollution des sols par le chlordécone.

Des expressions créoles, encore vivaces, témoignent de la place qu’a occupé la patate dans l’histoire de nos pays:

• Blenm k’on patat sis simenm: (pâle  comme une patate de six semaines).
   
• Patat a-w pèd kòd: (tu n’as aucune chance de réussir dans ton entreprise).
   
• Patat sa !: (insulte).
   
• Radyo bwa patat: allusion à la vitesse de propagation d’une rumeur qui part dans toutes les directions comme le fait une liane de la même famille botanique des Ipomée appelée bwa patat mawon.
   
• Enfin le sexe féminin est désigné par la patate d’où les insultes relatives à  la mère: patat manman-w, ou encore toutes les expressions qui évoquent l’acte sexuel comme fouyé patat ou grajé patat.

Photos Francesca Palli

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 Viré monté