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Reviens!

Les saintes

Les Saintes depuis le sentier de la Grande Pointe à Trois Rivières (Guadeloupe). Photo F.Palli

Mieux que France et mieux qu’une Inde, j’aime mon île en eau, son montage entre mer, montagne, mornes marrons et grands ravins, rappelant au petit cœur battant que la vie a ses plans plein la tête. Mon îlot tu me fais dériver loin du regard des vieux monuments d’un continent aux trop historiques héros écumeurs.

Tous ces braves, enfants qui ont franchi la mer pour l’illusion d’un vivre, copier, singer, gratter pour dépenser, courant après ce luxe, amour du différent sans déférence, théâtre enfermé, folie d’enfer qui t’écrase le premier cheveu blanc venu. Gars et filles envieillis dont l’âme a perdu le refrain, les repères d’alizés, le souffle fort des vagues d’écume douillette et clapotis pour s’en aller peiner aux cadences d’horloge à trains, poètes égarés ramassant hagards pelles de maux en non-lieu, filles mordant l’ordure.

J’aime mon île en eau, son vert ses bleus et ses rivières, son murmure enfantin, son ralentir naïf et reposant, le sourire anodin du paysan qui sème et arrache, chapeau au vent négligemment tenu, le soupir de la vieille qui peine à se lever matin d’arthrose pour envoyer maïs après ses poules. Pays d’enfants tous âges, tu me tiens dans ton creux, dans ta verte foison et ta case en pente. Mes promenades te sillonnent comme un courant balisé par les souvenirs de tendresse reçue et de retour en soi. Reviens, fille égarée, dont les rêves factices, la fuite, la méprise-jadis, ont fait marionnette, girouette au festival oppressant, l’excitation dorée de la terne finance. Reviens chez toi, fils ! Bercails et caramboles te rediront et te rendront la vie !

Jean S. Sahaï

11 novembre 2007

Viré monté