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Annou voyé kreyòl douvan douvan

De l’inutilité des médias d’informations martiniquais

Evariste Zéphyrin

27 février 2009

média

Magazin saccagé, février 2009, Martinique.

Nous sommes là, assistant à un épisode de l’histoire de la Martinique, nous voyons se dérouler devant nos yeux, même si nous ne sommes à franchement parler présents, mais nôtre esprit est taraudé par les évènements, car l’histoire de la Martinique est en marche, entre négociations, sitting devant la préfecture héritière du «gouvernorat»  des temps de la colonie, tout comme le béké n’ayant pas réellement rompu avec sa propre genèse, la foule fait masse.

Nous sommes dans l’attente, dans l’anxiété, nous sommes dans la complexité des sentiments, nous passons d’un état d’émotion à un autre en an ti ziguine de temps, de la fierté à se bomber le torse au découragement à nous plier le dos.

L’histoire est en marche - i ka kouwi - alors que d’honnêtes pères  et mères de famille font sissite devant la préfecture, faisant monter la pression sur le patronat et l‘Etat sarkoziste en défaille, car qui (salariés et fonctionnaires) ne voudrait pas de 354 euros en plus sur sa fiche de paye?

Je sais pour certains c’est juste le prix d’un repas au café Flore, quoique à côté de l’Ambassade américaine, près de la Cours des Comptes et le Ministère de la Justice, il y a un restaurant ou vous vous tétez le doigt tellement c’est bon, j’ai encore en bouche le goût du cochon de lait rôti sur lit… je digresse et m’égare, reprenons le fil de notre conversation.

Donc, pendant que la foule hurlante: la matinik sé ta nou, pas ta yo, sous le regard méchant de la maréchaussée, qui par  le passé tirait à coup de fusil ou de mitraillette sur les travailleurs de la canne demandant une augmentation dès que le béké leur en donnait l’ordre, une bande de casseurs fait ce que le champ sémantique du substantif indique, il casse, pille, vole, vandalise,  etc de toutes choses en rapport avec comment se procurer ce dont on n'a pas forcément besoin, mais pour être tendance, on a absolument besoin à moindre frais.

Les casseurs  issus de familles monoparentales et matrifocales, dans la misère et en manque d’ordinateur avec processeurs double cœur, d’écran plasma, de grosses cylindrées qui dans 2 ou 3 jours lors d’un contrôle routier les enverra  devant le tribunal  au mieux  au pire à la morgue, cassaient les magasins, vandalisaient, affrontaient les gendarmes, persuadés qu’ils sont dans un jeu vidéo, et s’ils perdaient la partie, ils n’auront qu’à reloader et recommencer une nouvelle partie,  ils brûlaient les pneus, enflammaient ici ou là, tout d’un coup la Martinique se mettait à ressembler à (je ne vais rien dire pour ne froisser personne).

On est pris par l’histoire, on s’inquiète, il faut rassurer  la bourgeoise qui habite au 7e étage d’une tour construite en défiscalisation immobilière, (saloperie de loi qui fait de nous des étrangers sur notre propre territoire),  qu’elle ne risque rien.

Déjà, il faudrait monter sur le morne, pas du tout évident à pied, tant la pente est raide, enjamber la grille au risque de se casser le cou, tant qu’elle est haute, puis fracturer la porte d’entrée digicodée, puis la seconde porte redigicodée, prendre l’ascenseur… impossible!  Sachant que tu ne sais pas sur qui tu va tomber, aucun casseur n’est aussi couillon, même s’il na pas fait beaucoup d’école et passe ses journées sur un nuage de fumée,  la bourgeoise peut dormir sur ses deux oreilles, je la rassure.

On cherche l’information, savoir ce qui se passe, RFO est en grève rien à espérer de ce côté, on me conseille RCI la radio qui donne des nouvelle d’Europe 1, je mets RCI, il passe du bon konpa, tu patientes pour avoir des nouvelles, en savourant ces bons morceaux de konpa, lorsque l’animateur prend la parole c’est pour débiter anlo pwol initil, quid de la situation, pas d’info tout se passe bien, pas un mot des casseurs qui affrontent les gendarmes, rien, la Martinique est tranquille, le CMT peut promotionner la destination.

Woye mi mwen an kolé, c’est par texto que je suis informé de la situation, quelques-un(e)s ayant les oreilles longues donnent des infos de premières sources fiables tout et tout, les textos arrivent,  je vais voir sur le net, pas mieux sauf  un webmaster téméraire qui alimente son site en essayant de faire vivre en live (c’est le mot à la mode) les évènements d’une Martinique vivant son histoire sous couvre-feu non formulé.

Où sont les journalistes pour informer la population de ce qui se passe, n’est-ce pas leur rôle?

Pani ayen, pani pon moun pour faire son travail c’est Gilles Degras qui n’a même pas sa carte de journaliste qui fait leur travail.

Franchement les bougs zot ka rigolé, ils nous prennent pour des imbéciles ces journalistes ou quoi?

Il faudrait que cette profession en Martinique se demande qu’elle est son utilité?

Entre ceux qui se font rémunérer par des médias hexagonaux au titre de correspondant qui désinforment au lieu d’informer, entre ceux qui se mettent en grève comme s’ils ne pouvaient pas le faire mais en assurant un service minimum d’information, entre ceux qui font l’autruche pour ne pas fâcher le béké, car ils auront besoin de son budget média, c’est une grande foutance de gueule.

Mwen pa la pwen, ÿ! Je vais fouiller mes bouquins de droit pour porter plainte contre cette profession d’inutiles pour défaut d’informations.

Ces médias  et ces inutiles ont manqué à tout leurs devoirs, ce que nous ne saurons accepter dans un pays qui se veut démocratique.

Evariste Zéphyrin

boule  boule  boule

PS: On me textote à l’instant que le Collectif du 5 février a revu ses prétentions à la baisse, il demande 250 €  et le MEDEF en propose 247 €, nous sommes partis encore pour quelques jours de négociation.

Arrestation

Fort-de-France, arrestation de pilleurs.

Viré monté