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La sainteté du monde

André Lucrèce

 

 

 

 

 

 

 

La sainteté du monde, André Lucrece • HC Editions • 2006 •
ISBN 978-2911207631 • 14.95 €

La sainteté du monde

Les choses enfouies de Monsieur Angalbert, l'ange des absences sacrées et de la dévotion à l'Afrique, la franchise brutale de Mamanjean, l'ange paysan de la jouissance, la sainte discrétion d'Elfe, le pérégrin, l'ange des rues cultivant la relation, les vérités fondamentales de Suffrin le visionnaire, l'ange du carnaval qui prône la polygamie et l'adultère librement consentis, les certitudes de Monsieur Fery-Certeau, l'architecte qui dénonce la construction de bâtiments polypeux et sans âme, le respect qu'impose Matutina qui, du haut de ses soixante-douze ans, pique des colères contre des jeunes femmes dodues et potelées qui cherchent les parcimonieuses faveurs d'un loto dont le sort se décide à la télévision dans une boite à boules chiffrées, tout ceci constitue la sainteté du monde exposée aux commentaires d'Alexandre Médard L., de Louis-le-Phénix et de Gatsby-le-Magnifique, acteurs et témoins de la Caraïbe du XXIe siècle soumise aux sollicitations d'une modernité qui propulsent les îles vers l'excitation générale.

Les personnages de ce roman, en proie à des projets et à des désirs formulés dans des langages savoureux et sans détours, confrontés à des montées de joies et de douleurs, à des levées de voluptés et d'afflictions, se côtoient sous une lumière dont l'éclat toise les Caraïbes, telle une grâce profane qui baigne l'existence des êtres.

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INTERVIEW ANTILLA

LA SAINTETE DU MONDE d’André LUCRECE
«Le roman donne à nous voir comme dans un spectacle»

Pourquoi avoir choisi le roman pour dire notre société actuelle?

André LUCRECE: Parce que le roman est la prose de la vie. Il donne à nous voir comme dans un spectacle. Le roman est une multiplicité de particules de spectacle. Ici, il s’agit du spectacle de nous-mêmes, avec nos grandeurs et nos petitesses, et dieu seul sait – avec les écrivains peut-être – si il y en a.

En quoi le roman permet-il cela?

En ce que le roman est avant tout la prose de la vie. Il l’éclaire de toute la lucidité de l’auteur. Je crois qu’un roman réussi est un roman qui réunit à la fois élégance et lucidité.

L’élégance c’est l’écriture, c’est l’intention musicale dans cette écriture. Il s’agit de creuser sans cesse les veines obscures de la langue. L’art de l’écrivain c’est de traduire en beauté les belles ou décevantes pépites de réalité qui échoient à l’humaine condition.

Pour ce qui concerne la lucidité, je dirai que le roman est la narration des contradictions de la société. Ce roman nous montre dans nos contradictions: s’agissant de notre identité, de notre rapport à la  terre, dans notre rapport à la religion, dans notre rapport aux autres, dans notre rapport à l’amour.

Pour exprimer dans le roman la réalité de ce pays, par exemple, la description qui y est faite de la vie brûlante de Fort-de-France, le pouvoir de l’écoute est souverain. Un auteur que j’aime bien, Philippe Roth, dit que «les écrivains se  divisent entre ceux qui écoutent et ceux qui n’écoutent pas». Un roman est le reflet de l’écoute, de la curiosité, de la réflexion sur l’énigme humaine.

Ce roman semble traversé par l’humour…

Oui, et on pourrait dire que l’objectif de ce roman est de transformer le rire sérieux des anges en une jubilation. Et si j’éveille la conscience des lecteurs, ce n’est pas par un jugement moral, mais par cet humour qui nous permet de prendre distance avec nous-mêmes et par cette conscience de l’œil qui devient narration, c’est-à-dire une histoire racontée qui n’est pas innocente.

Ce roman a été porté au théâtre…

En effet, par José Alpha. Et je dois dire que chaque fois que cette pièce a été jouée, elle a remporté du succès grâce au talent du metteur en scène et des acteurs  qui savent porter cet humour au niveau requis en l’inscrivant dans notre réalité. Mais il savent aussi changer de registre et montrer nos drames comme celui des ombres marchantes que sont devenus nos errants dans notre monde urbanisé. Car, il faut le souligner: le monde de ce roman est celui de la Martinique du XXI° siècle. C’est sans doute pour cela que cette pièce est de plus en plus demandée, en Martinique et hors du pays.

Vous n’avez pas pour autant laissé de côté la sociologie?

Non, non! C’est mon métier, et croyez-moi, j’y travaille tous les jours pour tenter de résoudre des problèmes de notre pays. Et également, en liaison avec des confrères de la Caraïbe qui nous sollicitent sans cesse, car nous sommes, en quelque sorte, un poste avancé des problèmes de la modernité que d’autres pays découvrent chaque jour davantage.

 

 Viré monté