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Max Freesney PIERRE, poète de fa fraternité humaine

Saint-John Kauss

Max Freesney Pierre, né le 1er Mars 1962 à Chantal, commune des environs des Cayes (Haïti). Il a terminé ses études secondaires au Lycée Alexandre Pétion de Port-au-Prince. Il est un ancien étudiant à l’ENARTS, une branche de l’Institut National Haïtien de la Culture et des Arts.

En 1987, il part pour Miami où il fit des études en langues, en anthropologie culturelle, et en éducation. Actuellement, il enseigne à l’université, s’occupe de ses trois enfants, et écrit.

Poète, journaliste et éducateur, Max Freesney Pierre a publié trois recueils de poésie : Tambours de la mêlée (1994), Fée Caraïbe (1999) et Soul Traveler (2005).  Le dernier recueil a été endossé par Maya Angelou, l’immense poétesse Afro-Américaine. Ses poèmes ont paru dans des revues comme Drumvoices Review, Asili The Journal of Multicultural Heartspeak, et ont fait l’objet d’articles publiés dans Le Nouvelliste, Le Matin, la French Review et le Sun-Sentinel.

 

AMOUR

Amour comme une rivière de claire image
une longue journée pour la pureté
du corps de cette femme à la chevelure
immergée comme la pierre dans l’étang

L’homme a le cœur de métal à fondre
dans la flamme qui sort de la compassion
Le crépuscule accouchera la lune en arc
naître pour bêler dans l’horreur et l’angoisse  

Arcs-en-ciel qui viennent de la musique  
mélodrame des sons forts-faibles troublés
du cœur allumé des battements d’aquarelles
au printemps de la sève des bougainvilliers

L’homme détruit sa raison dans l’univers
il refuse de déposer sa vie en lui-même
soleil sur la ville à la hauteur de la mémoire
de chacun dans la baie de soi-même

Les vagues ne disent rien aujourd’hui
de la peine du sable en crue dans la gorge 
de tous les maux qui donnent un goût de fiel
au bout de mes doigts brûlés d’amertume

Amour dans le cœur tel le soleil sur le port
d’un village en fièvre que je porte sur la tête
et qui m’écrase la carcasse et les rêves
de bâtir la cité notre part de bonheur

La brise calme pour un battement de cœur
la douleur qui marche vers le dégoût 
vers le violent mystère d’outre-tombe
une corde attachée à la ceinture de tous

 

Ile nouvelle 1

Le harpon de sa voix 
pour le phonème du chant
à bannir le sang brut
des chaînes serrées à ses pieds

Colonnes d’étoiles érigées
pour les cités éclatantes
de l’île illuminée
les yeux inondés de tendresse
 
De mes syllabes d’outre-mer
naît un long regard
des profondeurs de l’eau
où gît l’âme du totem

L’île a décodé le Paradis
qu’incarne « Langinen »
les mots rivière limpide
Eden de ses ruissellements

 

Son d’espérance

Ballade du passé
dispersée dans le corps
la corde des mots
pour l’espérance
qui claironne chaque matin
dans le vide de nos faux pas
Nous marchons rapidement
vers l’arc du défaitisme
vers l’inconnu cousu
La fatalité dans la peau
nous habite comme le sang
Nous sommes des muets
qui disent la souffrance
les mots impavides du néant
par les rapides de la flûte
que nous soufflons
pour l’abondance
de la sève nouvelle
et pour l’élan
du péan triomphal

 

Dans le cœur et la pensée

Tout est dans le cœur
et dans la pensée
le passage du corps et de l’esprit
dans l’art du toucher
et de la maîtrise de la flamme
Nous sommes notre propre source
de l’eau qui coule
du ruisseau intérieur
et qui apaise la hantise
de l’homme-Univers
dans un mouvement de révolte
Faudra-il relancer le cœur
vers l’espace infini
pour la recréation
du nouvel homme
qui saura changer d’orbite
mais qui gardera la solitude
intouchable
Dans le cœur et la pensée
une sonate sans bêlements
un verre de champagne
pour le rire l’éclatement
et le tambour hystérique
qui se casse les hanches
Nous avons le secret de l’immensité
la plénitude d’un geste de la main
Le cœur de l’homme
atteindra sa pleine lune

 

Rêverie de la nuit

L’immensité bleue
des stations balnéaires
soutient la vie dans l’univers
Les yachts somnambules rêvent
sur l’eau salvatrice
Tout renaîtra demain
avec le soleil en robe de mariée
qui éclairera l’amitié
l’affection commune
entre les humains dépareillés
au fond d’eux-mêmes
flèche muscles l’os l’eau
dans l’absence de la mémoire
Trois pas vers le sommeil
dans le coffre de la nuit
remplie de chauves-souris
des soulards aveugles
comme l’homme de la lampe
sans le feu sous les aisselles
Le rêve vêtu de blanc
entre dans la tête du cheval
qui soudain galope
il galope dans les montagnes
galope dans les ruisseaux
galope dans les plaines et les villes
Le soleil est un manteau
qui recouvre la tristesse
Le cauchemar se promène
partout dans la ville

 

La débauche de l’homme-univers

 L’Univers à double face
s’allume dans le miroir
visible et invisible
Il habite sous la peau
dans la rivière des artères
projette les jours heureux
des voyages d’extases humaines
De ses vagues d’écumes blanches
la mer fait le tour d’elle-même
de nos embrassades
avec les vagues
l’air les paysages verts
de la terre crue
L’océan flotte au fond des yeux
le soleil de l’Est sur le visage
La danse pour le feu
des draps blancs qui tournent là-haut
pour la gravitation
Scintillement bleu du cristal
au cœur de l’homme-globe
Nos faces d’ivoire boivent l’élixir
pour la débauche du café
la nudité des îles peuplées
de déesses ondulantes
Nous sommes le crépuscule
qui embrasse la ville

 

Viré monté