Potomitan

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Toutes les femmes du monde

«Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté…
»
(Léopold Sédar Senghor)

Saint-John KAUSS

Ottawa-Gatineau, 26 juillet2022

Tour de Pise, 11 mai 2013. Photo Francesca Palli

Je renie la seule femme noire au monde                                digeste malgré tout pour épouser toutes les femmes du monde                              les consoler sans détours                               aux contours des hyperboles anonymes de leurs hanches                                    des paraboles de leurs sucettes                     des convoitises de chair pataugée dans la sueur

Je reviens à la guerre qui nous fournit filles et femmes à servir                                sans voyager dans le temps et dans l’espace des morts                                    des cathédrales en soutanes qui ne soutiennent qu’au loin le plaisir

Depuis Alexandre Rome et César                         il faut chevaucher pour occuper l’aire des vieux mapou(s) des fines divorcées des jeunes obsédées                               mais depuis la guerre de cent ans                  faut-il aussi naviguer et battre la crécelle aux mots mouvementés de la Tour de Pise

Je ne vois plus l’unique femme noire de mon quartier de ma ville de mon continent

Je vois aussi les métisses épicées de safran                 la mulâtresse aux dents blanches comme une tombe           l’empathie de ses yeux de chat alimentés au soleil

J’aperçois le parapet des filles du Cap africain le chameau aimé du Caire l’or noir des Émirats les grandes carpes du Tibet les fourrures racées d’un Khanat l’oléoduc de Katiopa les oligarques d‘un caciquat Madeleine nue à la cueillette de vivants

J’agrandis mes vues à l’olive des cœurs                             à l’ouverture des valves pour l’oxygénation des organites et organelles de mes supplications

Que sais-je de l’origine des espèces sinon la mer à boire

Et les femmes à célébrer dans la douleur d’un poème

*

 Viré monté