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à Yolaine, Maryse, Ghislaine, Carole, Esther
et Patricia
«femme de neige au sourire de lait»
(Jacques Brault)
«Femme nue femme noire vêtue de ta couleur
qui est nuit»
(Léopold Sédar Senghor)
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Libertinage d'Expression par Philippe Jourdan. |
dévasté mon cœur que celui des corps de femmes talismans au gypse de l’eau des matins femmes de neige / femmes des tropiques aux squelettes / aux fleurs hydropiques d’azote minuscules qui cherchent refuge sous le hamac de l’étranger
fabriquée la femme de l’orateur aux lèvres d’enfant / aux seins dans le large du passeur qui n’a pas eu le temps de mettre son doigt dans le lit des martyres / adolescentes nues attirées par les charmes des huttes de nègres
ramassés pour la conquête des hautes terres
ô filles des hauts bois cruches d’argile à l’idylle efficace ventres
fermés à toute interrogation sur l’amour des langues hermaphrodites pages closes de feuilles sans audience livre ouvert sur des corps épuisés à l’intime conviction de plaire à l’épousé
fatiguée la femme du poète sans histoires et sans rêves de débauche
contre le soir des folles paumes badigeonnées de l’eau de la fécondation
il y eut Michèle aux gants de sa race qui monte la garde aux privilèges de faire l’amour au bord de l’orage
il y eut Ghislaine cannibale sans gênes qui pose nue devant les ficelles
il y eut aussi Carole habitable aux mamelons de bonheur
aux fûts de seins gonflés et convoités par l’orateur allongé sur les plus
hautes tours de l’enfance canonisée hanches de colombes favorisées par les scaphandriers possédés au fond des mers cuisses vides des savanes
braquées sur la route du boudoir mamelles de sentinelles agrafées
aux comptoirs de la félicité
il y eut Esther aux pieds plats qui concocte les heures dans les vasques
sans saules
il y eut Yolaine aux yeux cernés qui vivra éternellement
il y eut Maryse aux rires d’enfant des cités et des enjambées de femme
et il y eut ma première fille baptisée dans les mots et dans l’hiver des sarcophages
dans ces corps scalpés au filin de mon anxiété qu’accueillent les oursins et les sarcelles aux cruches cassées aux mâts des molaires dans les ruelles
majuscules tentatives de partager les imprimés avec les foules que de grâces et de folie de joie dans la manne des filles habitées de mes mains
cuisses pleines de fémurs capables de s’attacher aux sureaux pots de gouache à la folie ordinaire touffes de billets doux à l’aimée interdite
transes de femmes agenouillées dans la fertilité des chandelles basiliques de chairs liées jusqu’à l’épiphanie gants du lendemain ridicule aux danseuses nues dans les forges
si tant est qu’il existe encore des femmes évasives des joues fuies et de la lame des pluies en gouttelettes sises au bord de l’arc-en-ciel des corps d’été visiteurs dans la chaleur du ventre à l’assaut des registres de la plus haute mémoire yeux horizontaux dans la nuque d’une truite sculptée en nacelles de l’infidèle je vous suis dans vos querelles et dans vos impossibles maternités plus chaudes que les larmes des fanaux ô bras de vierges ô chevilles téméraires ô nues des mauvais souvenirs
aux goûts des époux du golfe et des caps traités par le vent / le sel et les mirages d’enfant qui circulent au froid des villes allumées ou d’un marron inconnu / indésirable à l’ancêtre des veuves conditionnelles
et celle qu’on pensait la douce aux jambes écartées noyée dans une idylle en lettres capitales ô Patricia qui me fit l’ombre d’un caillou passionné dans un calendrier aux envols de feuilles domestiquées à souhait et quelle est celle aux hanches de fauve traquée dans l’amour et qui me rejoint à la course des amants parachuteurs de salives incendiées comme des Maures
Pierrefonds et Montréal,
automne 2003