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En attendant la montée des eaux

Maryse CONDÉ

 

 

 

 

 

 

En attendant la montée des eaux, Maryse Condé • Éd. Lattès • ISBN 2709633213 • 2010 • 18,05 € 

En attendant la montée des eaux

C’est à une montée de larmes douloureuses parfois de joie en tout cas qui se veut salutaire, que nous convie la dernière production de Maryse Condé. Nous sommes ballottés un peu comme des boat people de la Guadeloupe jusqu’à Haïti à travers un long récit de quatre personnages.

Un médecin, Babakar Touré, est réveillé en pleine nuit pour un accouchement qui s’avère dramatique. À son arrivée la parturiente est décédée mais le bébé, une magnifique fille, est vivant. Qu’en adviendra t-il de cette petite Anaïs?

Autour de ces deux personnages, Maryse Condé nous livre quatre récits pour entrer dans un monde ayant pour décor l’Afrique, la Guadeloupe et Haïti pour découvrir le destin de ces divers personnages.

Le Récit de Movar,

Affirme: «depuis que je suis petit, je me lève et je me couche avec la misère. C’est une compagne la plus fidèle elle ne m’a jamais laissé un seul jour». C’est lui qui fera connaître la mère d’Anaïs à Babakar, ce médecin accoucheur.

Le Récit de Babakar,

Ce médecin dévoué qui va perdre sa mère trop tôt. Nommée Thécla elle a commis deux fautes majeures. «C’était d’être trop belle». La seconde: «c’était de se moquer des valeurs aux quelles les humains se raccrochent et qui servent de potomitan dans leurs vies». Babakar a fait la promesse de s’occuper de son bébé, la belle Anaïs. Il devra retourner en Haïti pour trouver ses parents.

Le Récit de Fouad,

Ce musulman qui a un prénom scandinave, Arvo. Il n’est pas libanais mais palestinien. «C’est une identité qui fait peur». Ce vocable-la recouvre trop de souffrances, de dépossessions et d’humiliations. Après moult péripéties, dont le remariage de sa mère, son beau père qui ne le porte pas dans son cœur l’envoie pour un cousin en Haïti tandis que son frère fait parti d’une organisation jugée «terroriste». Mais qu’est-ce qu’un terroriste?

Fouad avec la poésie et rêve même d’être l’égal de Mamoud Darwich. Il débarque à 23 ans et n’a jamais aimé ce pays où il découvre la brutalité des Tropiques, la chaleur impitoyable qui vous grille jusqu’à l’os. Les orages, les pluies interminables qui détrempent la terre. Il découvre la peau sombre des hommes et des femmes « quelle belle couleur que la couleur noire, l’envers obscures de nos rêves». Il découvre Azouz le frère de son beau père qui le traite comme le fils qu’il n’avait pas avoir en dépit de trois mariages. Elle découvre la dominicaine Cuca «premier amour qui fut une révélation sexuelle».Son corps contenait une bonne dose de sang non indien et sa peau était aussi foncées que celles des haïtiens. Cette pensionnaire de bordel, une fille à tout le monde. Pourtant «je rêvais de l’avoir pour moi seul» mais celle-ci avec violence lui signifia «je n’épouserai jamais un arabe». Ce sont des terroristes. Regarde ce qu’ils font à New-York, en Irak au Pakistan, partout.

Le Récit de Roro Meiji,

L’alcoolique «aristocratique» particulièrement fier des martiniquais pour leur rhum. Duquesne, Deppaz, Trois-Rivière, La Mauny, Clément, Saint-James. Il y touche selon lui «pour arriver à supporter la vie».

Le lecteur est convié à la rencontre de personnages haut en couleur extravagant, généreux, parfois extraordinaire finalement attachant dans cette vie chaotique. Tout au long des 363 pages à travers les divers récits le lecteur reste accroché parfois dans ce lavalas d’émotions entre violences amour et la vie par le truchement de plusieurs thèmes qui déroutent parfois. La vie dans ces pays extraordinaires que sont l’Afrique, la Guadeloupe et Haïti est-elle simple?

Dans son «exil» choisit, elle nous livre un magnifique roman montrant son attachement à son pays et ceux de ses personnages.

Jid

boule

Résumé de l'éditeur

Babakar est médecin. Il vit seul avec ses souvenirs d’une enfance africaine, d’une mère aux yeux bleus qui vient le visiter en songe, d’un ancien amour, Azelia, disparue elle aussi, et autres rêves de jeunesse d’avant son exil en Guadeloupe, berceau de sa famille. Mais le hasard ou la providence place une enfant sur sa route et l’oblige à renoncer à sa solitude, à ses fantômes.

La petite Anaïs n’a que lui. Sa mère, une réfugiée haïtienne, est morte en la mettant au monde, lui léguant sa fuite et sa misère. Babakar veut lui offrir un autre avenir. Ils s’envolent pour Haïti, cette île martyrisée par la violence, les gouvernements corrompus, les bandes rebelles, mais si belle, si envoûtante. Babakar recherche la famille d’Anaïs, une tante, un oncle, des grands-parents peut-être, qui pourraient lui raconter son histoire. Mais Babakar ne rencontre personne et ne peut compter que sur lui et sur ses deux amis Movar et Fouad. Des hommes qui lui ressemblent, exilés, solitaires, à la recherche d’eux-mêmes et qui trouvent à Haïti des réponses à leur quête, un lieu de paix au milieu des décombres.

boule

 Viré monté