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À celle que le vent aimait, lettre 7

Thierry Caille

 

 

 

 

 

 

 

Bottex Seymour Etienne. © Galerie Nader

Bottex

Si tes yeux mystérieux croisés une nuit noire
ont fondu l’acier bleu de mon âme inhumaine,
espoirs au pilori, cloués à ma mémoire,
charognes de mon cœur, pourriture et gangrène,

de mes rêves d’azur, de grands vents et de flamme
de mes rêves d’amour utopiques jouets
qui avaient déserté les contours d’une femme
pour des îles à saisir au creux de mers cachées,

si tes yeux mystérieux, étranges sémaphores
appelaient aux brisants les navires fantômes
comme le pied léger des vierges canéphores
inclinaient le regard et le glaive des hommes,

si tes yeux mystérieux, ocelles sur la nuit,
constellée de pénombre et de gouffres de suie
ont accroché soudain l’infini du destin
qui appelait le vide à mon dernier festin,

si tes yeux mystérieux, cette écume de cils,
battant la grève nue de ma vie sans talent
ont fait naître des jeux et des rites dociles
dans une haine pure de tous les sentiments,

si tes yeux s’en allaient comme de bleus diamants
iriser le courant des fleuves capricieux
où roulent emportés les joies et les tourments
vers l’abysse inutile et l’oubli délicieux,

si tes yeux s’en venaient comme une vague morte
effacer la rancune à mon âme de pierre,
une nuit d’équinoxe, par une houle forte,
dans les embruns iodés d’une pensée austère,

alors j’accepterais l’assaut mélancolique
des grands rêves glacés de la vie boréale,
et toutes les folies des mythes romantiques
et les tristes issues des liaisons fatales.

 

Thierry Caille

 Viré monté