Candide et l'Ancien Puits

Libre considérations sur le passé lointain
des Îles Mascareignes et de l'Océan Indien

Roger Théodora

Candide et l'Ancien Puits
Candide et l'Ancien Puits

Candide et l'Ancien Puits • Roger Théodora • Azalée Édition, Réunion • 2006 •
ISBN 2-915923-36-1 • Vente en ligne: Livranoo.

Lorsqu’on réfléchit sur ce qui a été écrit de la place des Mascareignes dans l’histoire de l’Océan Indien avant 1670, on ne peut s’empêcher d’y voir une accumulation anormale de paradoxes dans les points de vue autorisés
largement diffusés par les médias.

Voilà en effet un océan dont la zone australe ferait partie des dernières aires maritimes à avoir été explorées alors que les peuples riverains ont été, pour certains, les premiers à disposer de navires performants et d’instruments de navigation leur permettant de s’aventurer sur l’océan.

Voilà des terres de l’Océan Indien qui ne sont habitées que depuis trois cent quarante ans, alors que l’exploration de cet océan a commencé il y a plus de cinq mille ans, bien avant la naissance des peuples marins de la Méditerranée.

Voilà, enfin, que l’installation définitive des hommes aux Mascareignes ne s’est faite à l’initiative d’aucun peuple riverain de l’Océan Indien, mais d’hommes venus des antipodes.

Après avoir, pendant longtemps, inlassablement fouiné dans les témoignages, recueilli des indices parfois surprenants, mais aussi analysé les stigmates de la colonisation dans la relation des intellectuels avec l’histoire, l’auteur s’est décidé à inviter le lecteur à partager une relecture originale du passé lointain de son île, des îles soeurs et de cette Mare obscurum des anciens qu’il nomme dans le livre «le Grand Océan».

L’auteur: Roger Théodora est né en 1941 à la Réunion. Il s’est toujours impliqué dans la vie culturelle et citoyenne de son île. Aujourd’hui retraité de l’Education nationale, il consacre son temps à une recherche active sur l’histoire et le devenir de l’identité créole.
 

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Roger théodora

Un ouvrage de Roger Théodora sur notre histoire lointaine

Candide et l'Ancien Puits

Article paru le 7 décembre en page 19 du Quotidien de la Réunion

Avec «Candide et l'Ancien Puits. Libres considérations sur le passé lointain des îles Mascareignes et de l'Océan Indien», publié aux éditions Azalées, Roger Théodora invite à la découverte d'une histoire méconnue et ouvre des perspectives pour de futures recherches.

S'il a occasionnellement enseigné l'histoire, le professeur des collèges retraité depuis 2000 et militant culturel, se passionne depuis toujours pour celle de son île. Roger Théodora a commencé son travail de recherche à partir d'une question: «comment se fait-il que les hommes qui ont peuplé l'île en voulant dès le départ lui donner leur culture, leur langue, leur culte, ont été influencés par ceux qui étaient socialement dominés?»

Travaillant «en pointillé» depuis 1978 sur ce livre sur l'histoire des Mascareignes avant le XVIIe siècle, Roger Théodora, confronté à l'absence de travaux historiques sur cette période, a puisé dans l'histoire de l'Afrique orientale et australe, des pays riverains de la zone Nord-est et Est de l'Océan Indien mais aussi du Sud-est entre java et la Papouasie-Nouvelle Guinée et du Nord et de l'Ouest de l'Australie. Il s'est également appuyé sur l'ethnologie, l'ethnobotanique et l'ethnolinguistique, l'histoire des climats... Et il déplore le manque de recherches archéologiques qui auraient pu étayer certaines de ses hypothèses.

Toujours est-il que dans cet ouvrage Roger Théodora apporte un certain nombre de réponses et ouvre de nombreuses pistes de réflexion. La Réunion apparaît pour la première fois sur une carte, sous le nom «ilhas masca remhas» (signifiant île couverte de forêt), au début du XVIe siècle. Au plus tard en 1509, c'est-à-dire trois ans avant la première venue de Pero Mascarenhas dans l'océan Indien. Quant à Juan de Lisboa, il ne s'agit pas d'une île mystérieuse mais de la signature de celui qui ébaucha la carte du sud-ouest de l'Océan Indien.

L'auteur précise également qu'après la reconnaissance des Mascareignes par l'expédition portugaise de 1511, les Portugais ne s'arrêtent pas dans l'archipel en allant à Cochin. Ils n'ont «jamais déposé de cabris à la Réunion ni de singes à Maurice», affirme Roger Théodora.

Il souligne au passage que «les historiens ont eu un comportement idéologique assis sur un a priori: la seule preuve consignée de la présence d'une population aux Mascareignes fait remonter ses débuts à l'installation des Hollandais à Maurice et des Français à la Réunion».

Idéologie qui donne «une cohérence à des arguments subjectifs» tels que «les Malgaches n'ont jamais affrontés l'océan, les Arabes ne pratiquaient qu'une navigation côtière...».

«Visitées par d'autres peuples»

Or, Roger Théodora trouve dans un commentaire de traduction de textes religieux malgaches «la clé de la signification de deux toponymes correspondant aux Mascareignes consignés dans des textes arabes du XVe siècle». Ses recherches l'amènent à penser que les Vezo, peuplant le sud-ouest de Madagascar, seraient venu en pirogue du golfe de Papouasie. «Les Mascareignes furent visitées par d'autres peuples. Il existe à Matrice des indices des groupes venus de l'Inde du Sud et à la Réunion de groupes venus d'Arabie ».

Le Puits Arabe en est un, les ossements découverts à Saint-Pierre en 1983 et en 2000 pourraient en être d'autres.

«Mon travail est imparfait», reconnaît l'auteur de cet ouvrage néanmoins passionnant de quelques 500 pages, c'est une ouverture». Et Roger Théodora espère susciter l'intérêt d'autres chercheurs. «Seule une recherche initiée sous forme de programme pluridisciplinaire allant jusqu'à une collaboration internationale avec les pays concernés de la zone pourrait faire bouger les choses», estime-t-il.

Et c'est en se penchant sur cette histoire lointaine qu'on apportera peut-être la réponse à la question identitaire. Réponse qui est peut-être, selon Roger Théodora, «dans le pépin de vangassay ou de citron galet ou encore le grain de café pointu qu'un voyageur laissa tomber ici il y a très longtemps, et dont les conséquences permirent à un descendant considéré comme quantité négligeable, dominé économiquement, socialement, d'être, plusieurs siècles plus tard, en bien des aspects de notre identité, en position de référence culturelle».

P.E.
 

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