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«Toxic Island»

Ernest Pépin

Superstition, sexe, oisiveté, drogues, alcool et fêtes à gogo: le quotidien d’un aréopage de jeunes, parmi les plus vulnérables laissés en marge de la société, dans cette île paradis où bouillonnent des flots de colère, d’espoir, de désespoir, d’amour, d’humour, mais surtout d’une totale amnésie collective sur le fondok du pays natal.

Ce roman, Toxic Island, œuvre de fiction de l’écrivain guadeloupéen Ernest Pépin, présente — mais pas seulement — la face la plus complexe du pays, qui serait entré dans la modernité en faisant table rase de son histoire et de son passé, et qui, lors d’explosions de violence, de façon sporadique, appelle au questionnement mais retombe aussitôt après dans l’oubli…

 

TOXIC ISLAND, Ernest Pépin • Éd. Desnel • Avril 2010 •
ISBN 978-2-915247-28-2 • 184 pages • 17,80 €.

TOXIC ISLAND

Incipit du roman d’Ernest Pépin Toxic Island :

Je me sentais léger en ces temps désolés où la modernité massacrait l’île. Un lot d’affiches publicitaires avaient poussé sans bruit, parasitant la verdure, rendant aveugles les arbres, soumettant les carrefours à la loi du marché pour vanter de manière incongrue tel ou tel produit des supermarchés, tel ou tel crédit dont l’offre se voulait alléchante, telle ou telle voiture avec laquelle on pouvait faire le tour du monde, le monde lui-même au bout des ailes d’avions. Je me sentais peinard dans ce maquis des débrouilles où chacun tirait son diable en croyant que la vie se résumait à acheter, à baiser la fourmilière des femmes, à coquer comme ils disent du matin au soir et du soir au matin, à paraître mannequin au lieu d’exister en plénitude.

C’était cela le temps que l’on m’avait légué et je faisais avec, du haut de ma jeunesse, et même parfois, je n’enviais aucun roi parce que mon royaume, à moi, relevait de l’invisible et des franges marginales où coulaient la drogue, le sexe et le rhum au gingembre. Petites arnaques à droite. Petites arnaques à gauche. Ma vie, à moi et celle de mes copains, se remplissait de rires, de risques majeurs, de cette vitesse sans frein que ne connaissent que les foutépamal. Autrement dit ceux qui s’en foutent.

boule

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