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Elle dit

Ernest Pépin

Basse-Terre

Côte sud de Basse-Terre vue du Fort Napoléon de Terre-de-Haut. Photo Francesca Palli.

Elle dit
Le courage d’un pays blessé
Qui comme un oiseau sans ailes
S’entête à voler
Elle chante la parole d’un peuple
Bâillonné
Par le mirage d’une liberté
Toujours en retard
D’une saison
D’une éclosion
Ma poésie
Debout sur les épaules
D’un songe à venir
Couleur mâle-papaye
Ma poésie
De crapaud à bretelles
De mal aux dents
De bâton de pluie
De boucan d’orages
Qu’elle advienne
Qu’elle devienne
Le drapeau têtu
D’un peuple sans drapeau
Qui remonte l’histoire
A contre-courant
J’aurais pour elle
Les ailes d’un zèle
La tendresse d’une rosée
Et qu’on ne vienne pas me dire
Qu’il est trop tard
Pour rêver mon rêve
Ma poésie
Dressée à l’assaut du ciel
Des opprimés
Brandit haut
La torche des lendemains
Exaltés d’étoiles neuves
Qui s’en vont boire
La sève des jours
Au ras d’un soleil rédempteur
L’île ouvrira sa main de pieuvre
Constellée de lait d’enfance
Ma poésie chantera
Sa chanson de claire audace
Accompagnée des tambours
Ivres de liberté
Tous les matins du monde
Habitent ma voix
Que soulève une révolte
Vieille de plusieurs siècles
Ma voix d’outre-mer
Et de champs de canne
De cases moribondes
Et de tours émergées des marées de tôles
Ma poésie née du jardin de l’histoire
Enfante les fleurs de nous-mêmes
A hauteur de flamboyant
Poésie de nous-mêmes
Pour nous-mêmes
En nous-mêmes
Nous
Les mal-marqués du monde
Nous
Enfin nous-mêmes

Ernest Pépin
Faugas
Le lundi 18 novembrel 2024

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 Viré monté