Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

Une Vie de m...

Christine E. Lara

 

 

 

Une Vie de m..., Christine Lara • Editions Orphie • ISBN 979-10-298-0075-7 •
2015 • 144 pages • 11 €.

Une Vie de m...

Une Vie de Merde retrace à la première personne, la vie d'un homme ordinaire semblable à tant d'autres.

 Il recherche comme chacun, le bonheur simple. Ce n'est qu'à la fin du roman que le but de sa vie lui semble évident. Entre amour passionnel et amour fraternel les pages suivent son développement psychologique, moral et émotionnel. A chaque période de sa vie, il est confronté à la perte, à la douleur, à l'abandon à tel point qu'il abandonne souvent avant de l'être. L'intérêt de ce roman, au-delà du récit, réside dans l'analyse faite par le personnage de la politique, de la société, de la religion, des hommes, des sentiments, de l'existence et de l'éducation : un regard réaliste de l'autre côté du miroir. Un roman pessimiste mais ouvrant sur une réflexion existentialiste moderne. Le héros n'en est pas un, du moins pas selon les critères antérieurs au XXesiècle. Il est trop ordinaire, sans envergure, trop humain, trop brisé. Il se redresse pourtant après chaque chute. Mais son destin est déjà tracé par et dès sa naissance.

L'auteure

Christine LARA appartient à une longue lignée d'écrivains et de journalistes guadeloupéens et vit entre la Polynésie et la métropole. Elle écrit depuis son plus jeune âge et a remporté le 1er Prix des Jeux Floraux de la Guadeloupe à dix-huit ans. Par la suite, d'autres prix littéraires ont marqué son parcours d'écrivain (divers prix littéraires pour ses poèmes, à Nice, à la Guadeloupe, aux USA et à Paris- Lauréate de la prestigieuse Académie de Lutèce à Paris...) Christine LARA est docteur en littérature, professeur de lettres, scénariste et dramaturge. Cette romancière a enseigné le théâtre et dirigé la troupe de danse Honey-Dance durant plusieurs années. Décrite dans la presse comme «entre rires et chagrins», elle est à la fois, l'artiste, la poétesse des nuées et le professeur de lettres. Ses ouvrages sont remplis d'une certaine tristesse qui en fait la beauté et ajoute au charme de son style particulier, entre romantisme et réalisme.

Je me suis amusée à écrire un roman totalement différent des autres. Un roman qui ne correspond pas à mon style et que je ne publierai certainement pas. Cependant, ce fut une expérience enrichissante. Il s'intitule Une Vie de m... et fait 122 pages de pur délire. En voici deux extraits pris au hasard:

boule

"Grandir entre les îles, les archipels et la métropole. Quelle culture conserver? Comment être à la fois ce que je suis, ce que l’on veut que je sois et ce que l’on m’interdit d’être? Je ne sais même pas quelle langue parler! Des mots qui font douter: multi-culturalité, antillanité, négritude comme autant d’injures à la réalité du moment. Si tu n’es personne ces mots seront autant de blessures que de douleurs. Enfant noir en métropole! Identité perturbée, refoulée, ignorée et sans cesse rappelée ! Métro rempli de ces relents sociaux, de ces rêves perdus, abandonnés sur les quais d’une vie meilleure."

"Nos souvenirs se construisent et s’ajoutent à la peur. Nous voulons croire que la vie n’est pas que ce lambeau douloureux qu’elle nous a montré. Nous voulons croire «qu’après le pain noir vient le pain blanc», mais cette maxime n’a aucun sens réel et ne s’applique pas à ceux que la vie veut briser. Petits corps fragiles cachant une âme blessée sans pouvoir la protéger.

Notre âme est à nu dans ces graviers aigus de l’existence. Etre, est une souffrance permanente.

Je ne me remets pas de cet amour détruit, contaminé par mes fantômes anciens. J’aime encore et encore, de cet amour vide qui se plaint de l’absence. Le temps doit effacer ces blessures qui saignent au fond de moi! Quel mensonge. Le rebut de mes joies!"

boule

Je referme cette ouverture que je répugne à nommer fenêtre. C’est plus une meurtrière me permettant de voir venir l’ennemi chômage, l’ombre qui ternit ma fierté, le virus me déshumanisant et de sentir les effluves de la misère subventionnée.

Je commence à percevoir des aides de l’Etat. Une goutte de plus dans cet océan de la honte. La colère gronde en moi. Je rejoins les centaines d’hommes et de femmes qui espèrent trouver un emploi dans cette jungle de sans-emploi. Petit à petit cette situation nous diminue. Que devenons-nous? Pourquoi nos entretiens se terminent-ils tous par «on vous rappellera» et que notre téléphone refuse les appels? Aide et déshumanisation. Mais comment refuser si l’on doit vivre encore? C’est un cercle vicieux qui fait de nous des parias de la société. De cette société à laquelle j’ai appartenu si longtemps et puis de manière épisodique et puis… plus du tout.

boule

 Viré monté