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Les Indes - Lézenn

Édouard Glissant
(trad. Rodolf Etienne)

Les Indes - Lézenn
Les Indes - Lézenn

GLISSANT, Édouard. Les Indes - Lézenn. (Édition bilingue français/créole),
Traduction créole de Rodolf Etienne, Ed. Le Serpent à Plumes, 2005, Br. 19,90 € ISBN 226805523X

«Les Indes réunissent en six chants cette extraordinaire part de notre imaginaire commun qui prend base en plusieurs espaces du monde. Contraires ou contradictoires, ces espaces se sont néanmoins unis pour exploser, sous le soleil torride des Antilles, en un chapelet d'histoires.

Lorsqu'en 1996 je rencontrai pour la première fois Édouard Glissant, je lui fis immédiatement part de ma volonté de traduire Les Indes. La découverte de ce texte, deux années plus tôt, avait été pour moi un véritable choc littéraire et identitaire. Sa réponse fut très brève: «D'accord! Je vous demande seulement de respecter le texte. En dehors de cela, sentez vous totalement libre!»

Je ne réalisai pas immédiatement le sens profond de ces mots, mais je me sentis comme soulevé de terre, envahi par une joie immense, j'étais, bien sûr, ravi de cette réponse favorable, mais par-dessus tout, de cet espace de liberté qu'il m'accordait. Ces mots ont guidé le présent ouvrage et, depuis, n'ont jamais cessé de faire écho dans ma mémoire...»

Rodolf Etienne est journaliste. «Lézenn» est sa première traduction publiée. Écrit en 1955, éditée pour la première fois en 1956, Les Indes, long poème d'Édouard Glissant se vit dès sa parution décerner les plus chaleureux hommages.

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CHANT PREMIER

L'Appel

1492. Les Grands Découvreurs s'élancent sur l'Atlantique, à la recherche des Indes. Avec eux le poème commence. Tous ceux aussi, avant et après ce Jour Nouveau, qui ont connu leur rêve, en ont vécu ou en sont morts. L'imagination crée à l'homme des Indes toujours suscitées, que l'homme dispute au monde. Ceux qui partirent d'Espagne et du Portugal convoitant l'or et les épices; mais soldats et mystiques aussi. Le Chant nomme le père Labat, jacobin et corsaire; puis ce nègre prophète qu'il fit fouetter à sang, lequel avait vu grandir sur la mer, avant qu'ils eussent paru, les bateaux; et nomme Toussaint Louverture, esclave et libérateur d'Haïti... Mais il ne faut anticiper sur l'histoire: voici le port en fête, l'aventure qui se noue; le rêve s'épuise dans son projet: L'homme a peur de son désir, au moment de le satisfaire

PREMIER CHANTÉ

Apel-la !

Katoz-san-katrèven-douz. Gran dékouvrè ka défié Latlantik! Io ka chèché Lézenn. Epi io, Chanté-a ka lévé. Sa osi ki, avan ek apré jou-nouvo-tala, jwenn rev-io Ek ped-li oubien viv-li. Pawol pwofet sé pawol vivan! Sa ki pati Lespay ek Powtigal, adan sel lanvi lò ek zépis; men solda ek sowsié osi! Pawol-la di ki Laba té jakoben ek kowsè; Ek neg-la i fè io fwété jis tan'y sen-yen, Li ki té wè rivé pa lanmè tout vwel, avan menm io té paret; Ek di ki Tousen Louverti té esklav ek libératè Ayiti. Men fodé'w sa ba mo-a an sans-li: mi pow-la ka banboulé, pawol-la ka lévé, rev-la ka réyalizé. — Nonm-lan pè jes-la, menm si'y déklaré'y!

Sur Potomitan : «Rattacher le lecteur à un pouvoir oral» par Véronique LAROSE

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