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Le gang des Antillais

Loïc Léry

 

 

 

 

 

 

 

Le gang des Antillais, Loïc Léry • Caraibeditions • ISBN 978-2-37311-198-9 •
2016 • 14,70 €.

Le gang des Antillais

Témoignage de Loïc Léry, un des membres du fameux Gang des Antillais qui braquait les postes de la région parisienne dans les années 70.

Grâce à sa rencontre avec un éducateur en milieu carcéral, Loïc Léry découvre en prison la littérature et plus particulièrement les piliers de la littérature nègre pour ensuite se muer en un talentueux écrivain; cet éducateur avait pour nom Patrick Chamoiseau...

L'ouvrage sort en librairie le 15 octobre 2016. Le film du même nom sort sur les écrans le 30 novembre 2016.

A noter que le roman est complémentaire du film; le polar relate essentiellement la vie carcérale de l'auteur alors que le film insiste sur la période des "braquages".

Extrait

CHAPITRE 1

Deux heures seulement que le surveillant nous avait poussés, mon paquetage et moi, dans cette minuscule cellule. Pourtant il me semblait y être depuis un siècle, oui, un siècle…

Elle était longue de trois mètres, et large de deux. Un lit de fer sur lequel reposait une vieille mousse bafouée d’écritures symboliques, une sorte de table et un modeste placard s’encastraient dans le mur. Une pancarte en contre-plaqué sur laquelle s’exhibaient quelques photos érotiques, était, elle aussi, accrochée au mur. seule une vieille chaise en bois, démunie de son vernis, paraissait en liberté dans cette cellule. À ma gauche se trouvaient un W.C et un lavabo débordant de crasse. Une crasse qui maquillait également le visage de ce jeune homme m’assassinant de ses yeux perçants.

Que faisais-je dans ce ghetto ? Étais-je en train de rêver? Pièce, pièce… (Pas du tout…).

Face à moi, des barreaux en forme de croix me faisaient obstacle. À travers eux se devinait un morceau de ciel couronné de corbeaux qui croassaient, comme pour me maudire. Sans m’occuper du jeune homme qui ne semblait point apprécier ma compagnie, je m’allongeai sur le lit afin de mettre du répit dans ma tête qui me donnait un paquet de gaz.

— Hé mec! qui t’a permis de coucher sur mon pieu? me demanda, d’une voix rauque, mon compagnon de cellule.

— C’est ton lit? fis-je hébété

Il me fit une grimace pour me faire comprendre qu’il n’appréciait pas ma question, puis il pointa son index vers le lit en maugréant:

— Mec, tu sais bien que c’est mon pieu, puisque tu m’as trouvé dans la cellule, tu te fous de ma gueule ou quoi? Si tu veux t’allonger, tu n’as qu’à mettre la mousse par terre!

Je me dis qu’il avait raison: je l’avais trouvé dans la cellule, donc le privilège de dormir sur le lit lui revenait. Et puis je n’avais pas la force de me disputer avec lui, j’étais trop fatigué. Alors, je mis la mousse par terre, la coinçai contre le placard, et m’allongeai dessus. Les mains sous la tête, les yeux rivés au plafond, je me forçai à revivre mon aventure… Je revis Politik, Jackson, Môlokoye et moi, braquant cette immense banque. Il y avait aussi les liasses de billets qui remplissaient le sac que tenait Politik de sa main gauche, sa main droite étant occupée par son révolver…

 

 Viré monté