Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

Le deuxième grand chelem de Naomi Osaka

Hugues Saint-Fort

Ainsi donc, Naomi Osaka, la superbe joueuse de tennis haïtiano-japonaise, vient de confirmer que la victoire qu’elle a remportée sur la légendaire Américaine Serena Williams au dernier US Open (septembre 2018) n’était nullement due au hasard ou à une quelconque perte de contrôle de soi de la part de Serena Williams. En battant la Tchèque Petra Kvitova en trois sets âprement disputés (7-6, 5-7, 6-4) dans la finale du tournoi d’Australie, premier grand chelem de l’année 2019, Osaka  a prouvé qu’elle ne se contente pas de jouer dans la cour des grandes, mais qu’elle est bel et bien une grande du tennis mondial.

En fait, elle sera officiellement classée numéro un dès lundi prochain au nouveau classement de la Women’s Tennis Association (WTA). Si son parcours tout au long de ce tournoi n’a pas été de tout repos (elle a été forcée de gagner au moins trois des 6 matchs précédents en trois sets), elle a livré en finale face à Kvitova un match d’une intensité et d’un suspense implacables. J’ai rarement vu un match féminin aussi accroché. Osaka et Kvitova se sont livré un duel sans merci, frappant la balle dans tous les angles avec une rapidité, une force et une férocité sans pareille. Il n’y a pas beaucoup de joueurs masculins qui soient capables d’exhiber une pareille démonstration de force de frappe et de contrôle de soi. Ayant gagné le premier set au tie-break, et menant 5-3 et 40-0 sur le service de Kvitova, Osaka, étouffé peut-être par la grandeur de l’enjeu, a laissé filer trois balles de match, s’est fait rejoindre à 5 partout et perd le set 5-7. Pire, elle se fait mener 0-2 au début du troisième set, mais elle se ressaisit et aligne quatre jeux de suite pour mener 4-2. Elle conservera son service pour finalement gagner le set 6-4 et le match. Elle a gagné cette finale et le deuxième grand chelem de sa jeune carrière à la force de son poignet car, en face, la Tchèque Petra Kvitova a joué une partie extraordinaire. On savait que c’était une joueuse d’une force de caractère et d’un mental exceptionnels. Elle a déjà gagné deux tournois de Wimbledon en 2011 et en 2014, mais surtout elle a réussi l’exploit de se battre avec un intrus qui s’était introduit dans son appartement en décembre 2016.  Blessée au poignet, elle a longtemps été jugée perdue pour le tennis, mais a travaillé courageusement et a retrouvé sa forme et son moral. On n’oubliera pas de sitôt cette finale qui a mis aux prises deux superbes joueuses de tennis qui ont livré un match d’anthologie. Naomi Osaka a réussi l’exploit d’aligner deux victoires consécutives en grand chelem (US Open 2018 et tournoi d’Australie 2019), ce qui est loin d’être courant dans le monde du tennis féminin.

Ce qui est presque sûr, c’est que cette victoire de l’Haitiano-Japonaise Naomi Osaka sur la Tchèque Petra Kvitova risque d’initier le début d’une longue rivalité entre deux joueuses dotées de qualités tennistiques incomparables: sens du placement, force de frappe féroce, coup droit dévastateur, service destructeur, avec pour Kvitova, l’avantage d’être gauchère, ce qui rend son service particulièrement dangereux. Le prochain tournoi de grand chelem se déroulera à Paris à la Porte d’Auteuil (Roland –Garros) en mai prochain et on aura l’occasion de les retrouver, cette fois sur terre battue. Le tennis féminin a certainement de beaux jours devant lui avec ces deux talentueuses joueuses. L’une d’entre elles est à moitié haïtienne. C’est tant mieux et nous ne pouvons que nous en réjouir. Si vous avez raté la finale en direct (je me suis levé à 4 heures ce samedi matin pour la suivre), et que vous disposez de la chaine «Tennis Channel», ne ratez pas les reprises de cette finale qui seront disponibles, je suppose, durant toute la semaine. En attendant l’épique finale hommes de ce samedi soir: Novak Djokovic vs Rafael Nadal.

Hugues Saint-Fort
New York, 26 janvier 2019     

 boule

 Viré monté