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Quel pays voulons-nous?

Par le Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’Occupation d’Haïti
(REHMONCO)
 

Nous te voulons chère patrie,
Puissante et forte, à tous les yeux,
Nous te voulons terre bénie,
Digne à jamais de nos aïeux

Ce premier sonnet de l’hymne de la jeunesse, connu sous le nom Fière Haïti, continue de faire vibrer plus d’un. Pourtant, face à la réalité actuelle, cet hymne sonne comme une chanson nostalgique d’un passé lointain, à jamais révolu. Si plusieurs continuent à vouloir un pays «libre et prospère», le «laver» et le «défendre» de «toute injure», d’autres s’assurent que les sources de l’avilissement ne se tarissent pas.


Car nous devons une fois pour toute nous demander: quel pays voulons-nous? Dans quel genre de société nous voulons vivre? Que représente pour nous l’avenir de la nation? Y a-t-il un futur dans lequel on peut croire? Ces questions, on le sait, interpellent tous ceux et toutes celles qui ont un minimum de conscience patriotique. Mais, il faut se rendre à l’évidence, ce «nous», s’il n’est pas exclusif, rassemble seulement les compatriotes conscients de la nécessité d’une transformation radicale de notre société. Ce qualificatif «radical» peut faire peur, on le sait, pourtant il signifie tout simplement: «prendre les choses par la racine».

Et il nous semble que cette approche est de mise, car, nous assistons depuis 1986, aux échecs répétés de toutes les tentatives de réformes sociales, économiques, politiques de notre pays. Les forces réactionnaires ne lâchent pas prise. Elles contrôlent de plus en plus le gouvernement, devenu une instance fantoche.

L’oligarchie sous-traitante qui tire ses intérêts économiques uniquement à partir de l’étranger, ne pense, ne perçoit le peuple que comme une masse indifférenciée n’ayant droit à aucune vie décente ni de pouvoir décisionnel. L’exploitation violente va de pair avec l’aliénation politique.

Cette domination, on la voit à l’œuvre dans le refus systématique des patrons de la sous-traitance d’augmenter le salaire réel des ouvriers et ouvrières. Au-delà de la question économique, c’est la lutte politique qui se dessine entre une oligarchie qui se conçoit plutôt comme un colonat et une classe ouvrière qui, par le développement de sa conscience de classe, devient de plus en plus un acteur incontournable sur la scène politique.

Comme à l’époque du capitalisme sauvage, cette lutte s’annonce ardue et longue. On sait, historiquement, que les patrons ne font aucun compromis sauf si les rapports de force s’inversent. Et l’aveuglement dont fait preuve l’oligarchie et le mépris qu’elle affiche ouvertement à l’égard de la classe ouvrière ne font que renforcer la volonté de la nécessité de la lutte.

C’est par la lutte que la classe ouvrière prend conscience de sa force. L’injustice criante dont elle fait l’objet n’apparaisse dans toute sa laideur que par la lutte. C’est grâce à cette dernière que l’on «découvre» la légitimité de ses  revendications.

Il est essentiel de comprendre que cette lutte dépasse les intérêts immédiats de la classe ouvrière. Elle exprime la volonté de fonder une autre nation.

C’est pourquoi d’autres couches sociales appauvries et exclues, doivent prendre conscience que cette lutte les concerne également. Les étudiantes et étudiants abandonnés par un système d’éducation publique en décomposition, des centaines de milliers de personnes des quartiers populaires vivant dans des conditions infrahumaines, des paysannes et paysans dépossédés, des employés, des enseignantes et enseignants qui peinent à joindre les deux bouts; toutes ces populations abusées, exploitées, cette lutte les concerne toutes.

Elles doivent joindre les ouvriers pour exiger l’augmentation du salaire minimum, ajouter leurs voix à celles des travailleurs pour dire NON à cette injustice qui appauvrit les pauvres et continue d’enrichir les riches.

Par la lutte, une autre Haïti est possible!    

 Renel Exentus

Ricardo Gustave

rehmoncohaiti1915@gmail.com

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