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Zenglen: our love is forever !

Chancy Victorin

Publié le 2019-07- 20| Le Nouvelliste

Zenglen nous a servi un véritable bal relayé sur différentes plateformes dont la page Facebook de Ticket ce dimanche 19 juillet. Une prestation qui a démarré avec des titres comme «Fidèl» et «BS Production», pour continuer avec les tubes «Our love is forever», «Rezilta» et «Grèv bèbè». Comme promis, Zenglen nous a fait remonter le temps, permettant du coup à toutes ses générations de fans de se retrouver.

On comprend la logique de Zenglen. Pas question pour lui de badiner sur l'échiquier quand on sait qu'il passe après des challengers connus ou inavoués. D'autant plus que la plupart de ceux qui sont passés avant ont laissé chacun leur empreinte. Pour s'assurer de «bien passer», la bande à Jean Brutus Dérissaint a concocté une très bonne recette.

D’abord, les musiciens jouent sur l'élégance vestimentaire. Ah oui, le visuel, ça compte de plus en plus dans les lives... Et Zenglen a bien fait d’avoir en première partie un look plutôt recherché. La bande se montre d'abord avec costard, nœud papillon pour les hommes, serre-tête à plume façon la «belle époque» pour les dames. Un clin d’œil à l’élégance d’autrefois qui semble signifier que le groupe n'est pas né de la dernière pluie et par conséquent n'a pas à s’embarrasser à la reprise des chansons des autres comme c'était le cas pour d’autres formations n'ayant pas encore un répertoire garni. Emmynix, une des dernières recrues du groupe, qui a eu ce dimanche tout le loisir d’étaler son savoir-faire sur le petit écran des quelques 18 000 internautes branchés sur Facebook notamment, ne s’est pas fait prier pour le rappeler à qui voulait bien l’entendre: «Zenglen, c’est un groupe avec des tubes. C’est en soi une bonne partie de l'histoire du Konpa.»

Cerise sur le gâteau, Richard Jean Herard dit Richie et Kenny Desmangles, deux anciens de l’université du compas, ont fait une apparition sur scène pour réaliser un numéro sur le titre «Happy 50». Les deux hommes, le temps de leur show, se reconnectent avec l'esprit du groupe, jouant de ce «compas direct» dont seul Zenglen, l'un des rares groupes de la période immédiate après 1986 encore actifs, semble détenir le secret. Ils parlent respectivement de leur ancien groupe comme l’avaient fait avant eux d’autres musiciens comme Nickenson Prudhomme, Jude Sévère et Drasso, le bassiste, dans des capsules vidéo diffusées au tout début du show. Richie fait des vannes ; Kenny danse et fait danser au fort de son numéro. Dommage qu’on n’ait pas pu aussi écouter ce dernier chanter un des nombreux hits qu’il avait enregistrés avec le groupe. Un « Love someone » ou encore un «Jere sexy a» aurait sans doute été bien appréciés.

Wid, l’autre chanteur de Zenglen, n’est pas en reste dans le show. Après avoir réussi son interprétation de «Our love is forever», poids lourd du répertoire de la formation 5 Etwal chanté par Gracia Delva, il entame «Swete li danse» assis sur un canapé pour la finir dans les bras d'une danseuse toute de rouge vêtue. Nicolina, la reine du saxophone, et le guitariste Jay B Wilson cassent l'ambiance trop bal de la soirée en faisant parler leur instrument fétiche sur la reprise d'une balade américaine.

Pendant tout le show, la scène n'est jamais trop éclairée. Les morceaux sont interprétés dans le registre d'un vrai bal. Fait qui est en train de changer pour certains groupes qui, à cause du live, s'efforcent de cultiver le cachet spectacle. Pour «5 Kontinan», par exemple, Emmynix fait traîner le morceau en l'agrémentant de cris de ralliement, d'invitation à lever les mains. Il demande par plus d'une fois aux internautes de mettre le feu en dessous du live. Il arrive que le lead, à défaut de public, invite ses collègues à répéter des slogans. Un vrai bal compas, quoi! D’ailleurs, à titre de clin d’œil à ce rythme dont ce 26 juillet ramène les 65 ans d’existence, une brève historique du compas, avec la voix du poète André Fouad mène la narration couvrant les images qui défilent, est diffusée à deux reprises.

Le show se termine avec «5 dwèt», morceau qui n’a rien perdu de sa fraîcheur. Le chanteur demande au public de l’aider avec la petite récitation: «Nou gen le pouce…nou gen l'index… nou gen le majeur…». Pour cette dernière partie, on dirait que le thème était cosplay. Et oui, tout le monde était en costume. De quoi relancer de la fétichisation de l'uniforme. Les choristes en blouse d'infirmière, la ligne de vent en tenue de chef de cuisine, deux autres en combinaison de pompier. Que ça soit les VIP montrés dans l'intimité de chez eux ou Madame, Monsieur Tout-le-Monde qui commentait en dessus du live, tout le monde paraissait emporté par cette belle surprise de Zenglen.

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Viré monté