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Silence Silence je tutoie encore la mer, André Fouad • Éditions Milot Paris • 2025 • ISBN 9782386170768 • 89 pages • 17 €. |
Préface
Ce livre est un trapèze. Du jeu pour faire sérieux. Faire du beau avec ce que donne à voir la mer. D’ailleurs, combien de mots noyés dans la mer nous ont créé des monstres littéraires. Monstres dans la mathématique de l’élégance de la main. Seule la poésie sait faire taire les dénotations. Note bien que celui qui écrit est maître du jeu. Le droit du sol gît ici brisé sur du papier pour faire habiter les plus belles saisons. Je pourrais dire la posture du diseur à chaque vers, tant il est chanson ce poème chapeauté à chaque fois par des titres par peur d’être compris isolément. On saute. On hurle. On aime par-dessus bord. L’entremêlement. Jeu pour ne pas jouer sur le sens des mots. Fouad André amasse ses appuis vocabulaires, pour nous soumettre un livrable, somme de ses lectures et de ses croisades, somme du monde.
Ce livre est un acte de foi. Miroir et contre-miroir. Un poète dans ses propres équivoques, dans le clair-obscur de ses mots devant l’extravagance d’un pays étrange, étranger du sens commun et de l’amour-propre. Semer le blues dans la neige pour réchauffer le bord de mer, offrir la vacillation de sa main en gage de béatitude, sont autant de blancs ouverts dans ce voyage à voix basse.
Ce livre est une danse. Des mots comme des pas, hésitant devant l’envoûtement de la mer, nous emmènent à Yaoundé, à Tel Aviv, jusqu’aux soleils des Arawak. Quel est ce poète sans manquement qui danse dans les couloirs de l’Oncle Sam, sans casser le petit orteil, à force de silence ? Silence, Fouad tutoie la mer, parce que la mer est la seule perspective à la toile des cheminots.
Ce livre, à force d’anticiper sur la mer, atténue le barouf des villes-marchés, sonde l’humanité des machines électriques, vibre des mots contre le dénuement des importés. Un énième recueil qui confirme le travail sans cesse renouvelé du poète qui marche, brise des scellés vocabulaires et tutoie la mer. Ce tutoiement à la limite d’un soft outrage marque un tournant dans ce voyage à vive allure d’un poète encore loin de son horizon.
Jean Emmanuel Jacquet
New-York, janvier 2025
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Silence ! Je tutoie encore la mer ou le tutoiement de la poésie.
Le poète de Valse des ombres nous revient, esquissant un autre voyage au fil de ces trente-sept fragments de vie. Pèlerin de la nuit, André Fouad se révèle tantôt musicien, tantôt peintre dans un décor peuplé de son amour sans nuances entre chaque vague. Arpentant le vent à l’envers, le poète poursuit une oeuvre fulgurante ancrée dans la modernité. Tutoyant encore la mer, Fouad nous apprend à travers son oeuvre comment il tisse sa toile poétique sans s’égarer sur les routes de l’intime. Avec parfois, des accents d’Éluard, Silence ! Je tutoie encore la mer, est une métaphore des encres et du vent à voix basse.
Frantz Benjamin
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Extraits
L’oiseau de Bashô
Va où tu veux paisiblement
et réjouis-toi avec tes pairs
fais de tous les territoires ton nouvel idylle
du Japon à Tel Aviv
de Yaoundé aux îles Seychelles
et ajoute à ton éternité des Haïkus
pour ta terre vagabonde et codée
* * *
A Bernard Pivot (1935-2024)
Chroniqueur littéraire français
A-voeux
Mon navire poème-fleuve
aussi ivre
que celui du bohémien Rimbaud
dans l’agenda des ports du monde
il m’arrive souvent de rêver
des ballons d’essais
des avenues inhabituelles
assez de miroirs
de l’autre cave apostrophée.
*
Ma-gritte aux eaux codées
Le soleil s’est effondré à la possession
des Albatros du grand Sud
loin des ouragans lointains
Il y a le nouvel itinéraire
des miroirs et mers
dans tes rendez-vous de fantasmagorie
Il y a toujours
les codes de mon poème-Rainbow
encore sous les béquilles de l’histoire
*