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Ayibobo à toi Tenderness 2007. Source: Nader Haitian Art |
«Ô Seigneur que la nuit est lourde
au cœur des grandes villes
et que je tremble en pensant aux filles seules
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dehors dans les rues
Marie sans tes larmes,
Véronique sans tes regards
Port-au-Prince
ville des cent jardins
et de la colère des dieux.»- Frankétienne
Quel talent! Quel souffle!
Grâce à toi, j’ai appris à regarder les mots dans les yeux, à les mordre, à les tordre, à les foutre en l'air comme de vieux ballons sur le terrain de la création, de l'imaginaire. Avec toi, l'unique, l'incontournable, c'était l'art total (peinture, littérature, musique, théâtre, arts visuels...) Quel talent! Quel souffle! Mélange des genres et des styles pour le triomphe de la beauté, pour l'éclosion des fleurs de la savane désolée, de Ravine Sèche, la renaissance de ton ''Ayiti Toma'', vrai oiseau schizophrène qui baladait dans le ciel de ton quartier fétiche du Bel-Air.
Avec toi, le spiralisme rimait avec l'esthétique du chaos, du délabre ment, de la déraison, du vertige. En témoignent tes œuvres phares et intemporelles Ultra vocal, Dezafi, Bobomasouri, et surtout L’oiseau schizophrène, mon livre-ombre, mon livre-voyages qui m'accompagne toujours peu importe les couleurs de la météo et de l'actualité monstrueuse.
Écriture opaque, dense, hermétique, éclatante, éblouissante, je te considérais comme un monstre, un gourou littéraire ayant la capacité, l'habileté de chambarder, de transcender, de briser les signes, les codes du langage jusqu’au délire, jusqu’à la déraison même.
Une fois de plus, tu donnais raison à Jean-Paul Sartre qui disait dans «Qu’est-ce que la littérature», on est écrivain pour avoir dit les choses d'une autre manière.
Bon voyage cher Frank, toi, mon mentor et merci pour tes commentaires élogieux à propos de mon opus « Mélodie des mots » avec le chanteur-guitariste Wooly Saint-Louis Jean que tu as rédigés à l'hôtel Hilton (Connecticut, Stanford, le 12 octobre 2019).
Tant qu'il y aura des murs à crever ici-bas, je penserai toujours à toi dans mes songes et mes errances humaines.
André FOUAD
25.02.2025
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