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Festithéâtrecréole où la culture créole
prend vie sur scène

Claudyne Hilaire

Publié le 21.11.2024 | Le National

Festithéâtrecréole

La 6e édition de Festithéâtrecréole a eu lieu du 31 octobre au 10 novembre à Montréal, sous le thème:

Créole c’est mon identité, mettant en lumière la richesse et la diversité de la culture créole à travers des performances théâtrales captivantes et innovantes.

Devenu un rendez-vous incontournable pour les amateurs de théâtre et les défenseurs de la culture créole suivant les dires de sa directrice Nerlande Gaetan, Festithéâtrecréole, cet événement unique offre une plateforme aux artistes créolophones pour présenter leurs œuvres, partager leurs histoires et célébrer leur héritage culturel.

On a assisté au programme de cette année des performances des troupes locales, on a découvert des pièces qui explorent des thèmes contemporains et traditionnels, interpré-tées par des artistes talentueux de la communauté créolophone.

Prestations:  plus de cinq prestations, une soirée de poésie, un après-midi de conte, une soirée de Slam et trois pièces de théâtre en présentielles et en ligne.

Pour le lancement de cette 6e édition, soit le 31 octobre à la cinquième salle de la place des arts, le public a eu l’occasion d’assister à un extrait de Bobomasouri du talentueux écrivain haïtien Frankétienne, dans une mise en scène de Ralph Civil, qui nous a fait découvrir une fois de plus sur scène les talents de, Coutechève Lavoie Aupont, dans le rôle de Zikap, Héctor Pierre Nazon, celui de Tilami et Miraclin André dit Cloche, dans Gongon.

Une mise en scène en création qui plonge la pièce dans l’absurde du réel de l’auteur du spiralisme, un mouvement littéraire qui a vu le jour vers les années 1960 avec René Philoctète et Jean-Claude Fignolé.

Bouillon poésie, une soirée de poésie qui s’impose depuis la première édition de Festithéâtrecréole, continue de drainer les amants des belles lettres en salle, pour voyager à travers les mots. Ce fut l’occasion le 2 novembre à la Bibliothèque de Saint-Léonard avec une pléiade de poètes.ses. de diseurs.ses. et de musiciens de faire montre de quoi la poésie est capable pour une quiétude d’esprit.

Cette année encore, pour la découverte de belle plume, de belle voix, l’équipe du festival n’en démordrait pas. Ils étaient nombreux à y prendre part: Mileva Roumer, Réginald Germain, Chantal Donestaire, Samuel Laguerre, Miraklin André, Coutechève Lavoie Aupont, Stephane Alix qui se faisait remarquer non seulement pour son talent de diseuse, mais aussi par son tenu typique qui faisait corps au thème du festival: Créole c’est mon identité/Kreyol se idantite m. Puis le fameux André Fouad, le poète aux pieds poudrés venant directement de la Floride pour charmer le public Montréalais avec son style propre de poète-diseur.

L’animateur de la soirée, Hector Pierre Nazon, qui est tout aussi poète-diseur faisait circuler la poésie avec son élégance et sa manière.

Le clou de la soirée était la découverte de Shanty groupe qui interprétait les chansons du terroir qui berçait l’enfance et la jeunesse de plus d’un haïtien qui était dans l’assistance.

Le grand public eu à assister en ligne le 5 novembre, la pièce de Josué Noël, dans une mise en scène de Stevenson Leveillé.

Une histoire fascinante qui dénonce la misère de nos frères haïtiens.

Causeries Debats: Deux causeries débats étaient de la partie, dont une en ligne sur l’impact de la domesticité.

(Restavèk), sur la génération d’aujourd’hui, avec Jacques Adler Jean-Pierre, poète, comédien, journaliste, et l’écrivain Gagriel Osson, dans une modération vraiment fluide de Winnie Jean, plus connue sous le nom de Winnie J.

Le 7 novembre à la salle St Pierre de la maison du loisir et du sport, ce fut l’occasion d’accueillir un panel multigénérationnel autour du thème: Comment les leaders culturels s’approprient leur identité créole dans l’expression de leur art.

Sur cette table animée par la porte-parole de la 6e édition de Festithéâtrecréole Madame Sabina Rony, on pouvait remarquer la présence du jeune peintre Haïtiano-Québécois Marven Clerveau, le comédien Fabrice Y. Sénat, la comédienne Elena Stoodley et le metteur en scène Gilbert Laumord.

Je vous conseille vivement d’aller visionner les débats sur les pages de la Compagnie Théâtre Créole.

Le Slam était de la partie aussi avec la maestria de David Mézy et ses invités musiciens le 8 novembre. Le studio Jean Valcourt du Collège Jean Eudes était en admiration devant le journaliste, poète slameur, qui a su délivrer la marchandise toujours à sa manière.

Vient le tour de Kavalye polka de Syto Cavé, joué par les deux complices, Réginald Germain et Joepitz Dorsainvil, dans une mise en scène de Ralph Civil.

Le duo Germain-Dorsainvil ,après Foukifoura de Frankétienne, montre une fois de plus leur élégance et leur professionnalisme à pouvoir combiner sans faille leur jeu d’ensemble comme de vrai complices de scène.

Exposition: Durant tout le long du festival, soit du 31 octobre au 10 novembre, l’exposition des pièces magistrales de Marven Clerveau, un jeune qui roule sa bosse depuis un bon bout de temps dans le paysage des peintres québécois, charmait la curiosité des amants de la peinture dans les locaux du CIDIHCA.

Six ans plus tard, le défit est encore de taille pour les dirigeants de Festithéâtrecréole à toucher la grande majorité des créolophones qui vivent sur le sol montréalais, malgré la qualité des spectacles qu’ils offrent, malgré cette année ils ont frappé très fort du côté promotionnel, avec des affiches dans les métros, dans les abribus et même sur les autobus un peu partout à Montréal.

Faudrait se questionner, si la communauté créolophone ne craint pas de s’afficher.

Témoignages: Si la question se pose d’une manière générale, le point de vue de madame Hilaire sur sa page Facebook est clair. «J’ai assisté ce soir à Créole c’est mon identite» de la Compagnie Théâtre Créole. Une pièce de théâtre remplie de subtilités qui m’ont fait réfléchir à l’absence de la langue de mes parents, de ma terre d’origine, dans mon quotidien. Ce n’est pourtant pas par manque de fierté; je la chante haut et fort depuis des décennies. C’est plutôt par souci du rire de mes compatriotes qui à l’époque se moquaient de mon accent et de mon créole beaucoup trop francisé...

Je me dois, pour mes enfants et la génération de demain qui nous observe, de passer outre ce passé révolu et intégrer le créole à mon quotidien... Je le ferai un peu chaque jour. Je me le promets.

Félicitations à vous!

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Viré monté