Potomitan

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Contes créoles

LA PAIX
DIEU ET PATRIE
Quatorzième année N°1293 Samedi 11 septembre 1926
Paraissant les Mercredi et Samedi à Fort-De-France (Martinique)
" Bien faire et laisser dire "

Conte créole

Maison créole
Maison créole. Photo © Karim Sahai, all rights reserved.

Peine procurée par soi-même

 Té ni an temps Matinic, moin lé dit les autes fois (pas dans siècle ta a, où toutt moune trop déluré, même ti mamaille dans vente maman yo) gens ti commune té ka coupi dans ignorance, pèssonne pas té ka chèché apprenne li, pace pas té ni lécole dans toutt bouque sauf quéque ti commune qui té ni frè Prermel.

Donc, an vié famme longtemps qui té ka toujou grogné pace y pas té ça lit, jiré an jou, dans lorgaille li, fauque trois gason bon Dié té baille la, fè des savants. Mais comme pas té ni lécole an bouc Gros-Morne y té ka rèté, y voyé yo lécole Trinité.
Cé gamin a qui té prend labitude fanner, pas chèché chimin lécole, yo allé plitôt promené tout patout, ka couté toutt béké palé français. A foce yo drivé, an jou assous quai Trinité, yo retienne chaquin yon ti fraze, qui té pou yo, toutt la langue française. Prumier a té ka anni répété: «C’est nous- même.» Second a té ka fé lécho: «Pour la bourse pour la fortune.» Troisième la té ka rabaché: «C’est juste et mérité» Cé ti mot a bien enfoncé dans cervelle yo: «Nous cé des malins à présent dit l’ainé, annous retourné a case maman nous.» Et toutt long chimin yo ka répété chacun ti fraze li.

Voilà-t-il pas que queque jou apré, an bon matin, yo trouvé an pove diabe assaziné bo case yo. Cé trois zenfants a té seul, aussi gendame vini interrogé yo pace coupabe là té en fuite —  «Qui a assine ce malheureux, dit le brigadier — C’est nous-mêmes répond lainé en se rengorgeant — «Et pourquoi? poursuivit Pandore?» — «Pour la bourse et la fortune » cria le second.

— «Nous allons vous arrêter, dirent les gendarmes» — C’est juste et mérité» annona le troisième. — Et là- même, cé trois fanfaron a té obligé prend chimin la jole, malgré toutt la grimace pleuré yo.

Ça qui té ni chagrin cété pove ma man an. Y té ka anni répété: «Cé lorgaille moin qui pini, si cé yche la pas té apprende palé francais, yo pas sé mare corps yo; valait mieux gardé zéperon naturel là. Et à foce railé, à foce gémi, femme-là fini pas fè lagué yche li, mais y jiré contre lécole là qui bien inutile, pace si yche li pas té apprenne palé francais, yo pas sé fè gendame maré yo.

Par la suite, toutt génération fammi ta a, juce jodi, pas même connaite chimin lécole et yo ka trouvé que pani dans le monde yon ti langage plis doux, plis clair, plis attachant que ti langage créole-là.
Peine méritée par soi-même.

crabe

Viré monté