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Un rêve

José Le Moigne

Rêve

Photo Christine Le Moigne-Simonis

Il n’y a pas de décors, mais seulement des hommes. Des grands bourgeois proustiens ou des aristocrates  décadents ressemblant tous à Oscar Wilde. La plupart du temps je ne porte que l’habit noir et j’en possède deux. C’est la fin de mon rêve et j’ai détruit celui que je portais. Ai-je revêtu un jeans ou un costume? Impossible de le dire. Peut-être après tout vais-je nu. Ce que je sais, c’est que je suis occupé à remettre à ma mère l’habit qui reste avec mission de le garder comme une relique, car je ne reviendrai pas. Alors, je me réveille oppressé dans mon village breton en pleine rénovation. Le conseil municipal a voté l’embellissement du bourg et les travaux vont un tel train que l’on pourrait s’imaginer vivant dans une île entourée par la boue. On a relevé le calvaire de l’entrée. Il regarde les Monts d’Arrée et semble dire, comme au temps des invasions barbares, des grandes pestes, des brigands et des loups: Ici, c’est un village chrétien. On n’entre pas. Maintenant, je ne suis plus du tout dans l’espace du rêve. Sur la place on élève une fontaine et j’entends le roulement des tombereaux, en réalité des camions, qui amènent la terre des futurs parterres. Est-ce un musée à ciel ouvert, une réserve indienne que l’on construit? Qu’importe. La journée sera ce qu’elle sera, mais je dors en Bretagne ce soir.

© José Le Moigne

Plourarc’h
25 octobre 2012

boule

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